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Calculer est-ce penser

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« Calculer, est-ce penser? AVERTISSEMENT La difficulté du sujet tient à la polysémie du verbe « penser».

Selon la signification qu'on lui accorde, la copie sera plus ou moins développée, et la réponse variable...

On a donc intérêt à prendre «penser» au sens le plus large (ou le plus philosophique) possible. INTRODUCTION S'il existe des règles pour calculer, celles pour (bien) penser semblent difficiles à penser, malgré l'élaboration de la logique, ou culturellement variables.

On conçoit que s'il était possible de ramener tout exercice du penser à un simple calcul, les errances pourraient être prévenues et évitées.

Mais trouve-t-on dans le fait de calculer la richesse que l'on accorde à celui de penser? I.

DIFFICULTÉS DE «PENSER» — La tradition classique (Descartes, Pascal) souligne combien la pensée singularise l'existence humaine.

On en retiendra la capacité à prendre ses distances par rapport au monde et, dès lors, à établir une supériorité (par la représentation et la connaissance) sur ce monde (le roseau pensant»). L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible des roseaux, mais c'est un roseau pensant.

(Pensées) On retrouve dans cette phrase le thème pascalien de la misère de l'homme, faible comme un roseau parce que mortel, et de la grandeur de l'homme parce qu'il dispose de la raison. — Par ailleurs, l'histoire de la philosophie comme exercice de la réflexion nous 'enseigne l'impossibilité, pour la pensée, d'aboutir à une solution définitive (rumeur traditionnelle: les philosophes se contredisent ou sont au moins en désaccord entre eux — et ce depuis l'opposition Platon-Aristote). — Pire: certains philosophes (Kant par exemple) considèrent que les errances de la pensée (en métaphysique) doivent trouver un terme et qu'il convient de donner à la pensée une rigueur dont elle était privée (pour «sauver» la métaphysique, on l'établit alors sur des «postulats », ceux de la raison pratique). II.

AVANTAGES DU CALCUL — Il a pour lui la force du développement logique. — C'est-à-dire qu'il commence par définir: • les règles auxquelles il obéira; • les symboles qu'il utilisera. — Son vocabulaire et sa syntaxe sont ainsi beaucoup plus stricts que ceux de la langue ordinaire, dont le penser est toujours obligé de se servir. — Etant ainsi défini a priori (au sens kantien), le calcul rompt avec l'intuition (le sens intuitif des mots).

Il ne vaut que par sa forme.

La raison s'y trouve pleinement «chez elle ». — D'où la tentation de ramener l'exercice de la pensée à un calcul.

De Descartes à Leibniz ou la logistique contemporaine et aux travaux de la philosophie analytique anglo-saxonne. III.

LA PENSÉE IRRÉDUCTIBLE AU CALCUL — Le calcul est tautologique (ex.

du syllogisme; il n'apporte rien de nouveau à la connaissance). — La pensée est au contraire capacité d'invention permanente. — De plus, la pensée prétend toujours évoquer le réel (le monde, l'homme, etc.).

Le contenu intuitif ne peut donc pas en être simplement évacué, sous prétexte de rigueur, sans qu'elle nie son ambition et sa portée. — Quels que puissent être ses « défauts » (cf.

les critiques de ce que la métaphysique implique d'illusion ontologique par des logiciens comme Louis Rougier), elle apparaît irréductible au calcul, et vient en réalité le compléter, en concevant ses applications. — Le caractère autoréférentiel du calcul oblige à en sortir — ne serait-ce que pour en faire valoir les qualités ! Même si l'on conçoit un méta-calcul pour parler du calcul, il faudra ensuite un méta-méta-calcul pour évoquer le méta-calcul, et ainsi de suite (comparer avec le théorème d'incomplétude de Gödel). CONCLUSION Si calculer recélait en soi la richesse du penser, il y a déjà longtemps que les ordinateurs réfléchiraient à notre place.

Ce qui fait la richesse apparemment irremplaçable de la pensée, c'est précisément son «flou» — c'est-à-dire sa liberté et son rapport, à sans cesse reconstruire, au réel.. »

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