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BEAU NATUREL ET ARTISTIQUE ?

Extrait du document

« A.Le problème du jugement de goût. Nous avons vu que la valeur que l'on accorde à l'art dépend de la conception de la beauté.

Si le beau est Idée, l'art en est bien loin ; si le beau est la présentation sensible d'une idée alors le beau est le domaine de l'art.

Reprenons le questionnement, cette fois en le centrant sur la beauté.

Qu'est-ce que le beau ? A première vue, l'expérience du beau procède de la rencontre du sujet et de l'objet.

L'objet est beau et lorsque je le regarde, s'il s'agit d'un paysage ou d'un tableau, je ressens un certain type de plaisir dit esthétique.

Le problème est le suivant: est-ce que des caractéristiques objectives sont la cause de ce sentiment et du jugement: « c'est beau », est-ce que ce sentiment est le retentissement dans la sensibilité de la beauté de l'objet ou est-ce que ce sentiment, loin d'être l'effet de la beauté de l'objet, est ce qui fonde l'appréciation: « c'est beau »? Le jugement de goût est-il seulement subjectif ou est-il fondé sur l'objet? Cette alternative est présente dans nos jugements spontanés.

Nous disons : « c'est beau », comme si la beauté était dans l'objet, et nous ajoutons souvent: « à chacun ses goûts », comme si la beauté n'était que dans le sujet individuel. Ce problème du jugement de goût s'est posé en ces termes au XVIIIe et c'est d'ailleurs à la fin du XVIle que le mot goût se met à signifier la faculté de juger le beau.

Auparavant ce terme ne désignait que l'un des cinq sens.

Ce glissement de sens par analogie (le goût esthétique ressemblerait au goût gustatif) révèle qu'au XVIle une nouvelle idée s'impose.

Dire : « c'est beau », c'est émettre un jugement de goût c'est à dire un jugement qui vient qualifier, non la beauté de l'objet, mais un certain type d'émotion.

Même remarque pour le mot esthétique inventé au XVIIIe par Baumgarten.

Ce terme est formé à partir du grec « aisthèsis » qui signifie, sensation. Il faudra examiner deux questions : Ø la beauté est-elle dans l'objet ? Ø si elle ne l'est pas, le jugement de goût peut-il être universel ? B.

Les critères objectifs du beau. Nos jugements de goût sont contradictoires puisque à la fois nous disons: « c'est beau », et renvoyons le jugement à la subjectivité de chacun.

Et, de fait les jugements sont divers et il semble impossible de les ramener à l'unité. Mais, considérons les choses de plus près.

Le consensus n'est-il pas étonnant ? Après tout n'y a-t-il pas moins de désaccord sur la grandeur de Sophocle, sur la beauté du ciel étoilé que sur la théorie du big-bang? Cet accord surprenant des esprits n'est-il pas l'indice de l'objectivité du beau ? Nous pouvons nous accorder donc que la beauté est quelque chose que nous saisissons dans l'objet. C'est à partir du XVIe sous l'impulsion de la redécouverte de la culture gréco-latine et de l'esthétique grecque imitée par les Romains et surtout au XVIIe que la question du beau fait l'objet d'un examen particulier, de la part des artistes et des philosophes.

Il revient donc à l'esthétique de la Renaissance et du XVIle, appelée classique, d'avoir dégagé les règles de production du bel objet.

L'inspiration en est platonicienne.

S'inspirant de la théorie platonicienne du beau ( attention: absolument pas de sa critique de l'art bien que celle-ci en raison de son ambiguïté ait permis la réconciliation de l'art et du beau opérée par l'esthétique classique), l'esthétique classique considère le beau comme une réalité qui existe par soi.

Le beau existe et une fleur ou une oeuvre d'art sont belles parce que la beauté est présente en elles.

Elles ne sont pas belles pour nous mais en elles-mêmes.

Elles ne sont pas belles parce que nous les trouvons belles; nous les trouvons belles parce qu'elles sont belles.

Quelles sont alors les propriétés de ce qui est beau? Là encore la conception platonicienne de la beauté inspire la réponse à cette question. 1) La perfection.

Ce qui est beau est ce à quoi il ne manque rien.

Rien de ce qui appartient à sa nature ne lui fait défaut.

De même qu'un cheval avec des oreilles d'âne n'est pas beau, de même une oeuvre inachevée n'est pas belle.

On n'aurait jamais exposé à l'époque des esquisses. 2) L'ordre et l'harmonie.

En effet qu'est-ce qu'un objet parfait ? C'est un objet, qui, étant complet, forme un tout.

Il est l'unité d'une diversité d'éléments.

Mais, pour que cette diversité ne soit pas une pure juxtaposition, il faut un principe d'ordre qui harmonise les éléments, substitue à la juxtaposition d'éléments sans lien ni rapport une interdépendance de ces mêmes éléments.

« Le beau ne consiste que dans l'ordre c'est à dire dans l'arrangement et la proportion », écrit Bossuet.

Tout ce qui est disloqué, désordonné, démesuré est laid.

Il s'agit alors de trouver la juste mesure, les rapports adéquats, les beaux rapports.

D'où les travaux mathématiques des artistes de la Renaissance recherchant la proportion idéale qu'ils ont cru trouver dans le nombre d'or, déjà utilisé par les grecs (Parthénon). 3) La simplicité.

Ce qui est parfait et l'harmonieux ne peut qu'être simple.

Tout ce qui a l'apparence de la complexité est laid.

La complexité ne doit pas se voir, rien ne doit voiler l'unité.

L'esthétique classique se caractérise par son rejet de l'ornementation, de la parure, des entrelacs, préférant la ligne droite. 4) L'immobilité et la sérénité.

Représenter le mouvement c'est introduire le désordre. 5) La clarté.

Est beau ce qui est clair, se voit bien, à l'oeil et à l'esprit.

Est laid tout ce qui empêche de voir.

Tout. »

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