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Baruch SPINOZA

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Ce n'est pas seulement parce qu'elle protège contre les ennemis que la Société est très utile et même nécessaire au plus haut point, c'est aussi parce qu'elle permet de réunir un grand nombre de commodités, car, si les hommes ne voulaient pas s'entraider, l'habileté technique et le temps leur feraient également défaut pour entretenir leur vie et la conserver autant qu'il est possible. Nul n'aurait, dis-je, le temps ni les forces s'il lui fallait labourer, semer, moissonner, moudre, cuire, tisser, coudre et effectuer bien d'autres travaux utiles à l'entretien de la vie; pour rien dire des arts ni des sciences, qui sont aussi suprêmement nécessaires à la perfection de la nature humaine et à sa béatitude. Nous voyons en effet ceux qui vient en barbares, sans civilisation, mener une vie misérable et presque animale, et cependant le peu qu'ils ont, tout misérable et grossier, ils ne se le procurent pas sans se prêter mutuellement une assistance quelle qu'elle soit. Baruch SPINOZA

« Ce n'est pas seulement parce qu'elle protège contre les ennemis que la Société est très utile et même nécessaire au plus haut point, c'est aussi parce qu'elle permet de réunir un grand nombre de commodités, car, si les hommes ne voulaient pas s'entraider, l'habileté technique et le temps leur feraient également défaut pour entretenir leur vie et la conserver autant qu'il est possible.

Nul n'aurait, dis-je, le temps ni les forces s'il lui fallait labourer, semer, moissonner, moudre, cuire, tisser, coudre et effectuer bien d'autres travaux utiles à l'entretien de la vie; pour rien dire des arts ni des sciences, qui sont aussi suprêmement nécessaires à la perfection de la nature humaine et à sa béatitude.

Nous voyons en effet ceux qui vient en barbares, sans civilisation, mener une vie misérable et presque animale, et cependant le peu qu'ils ont, tout misérable et grossier, ils ne se le procurent pas sans se prêter mutuellement une assistance quelle qu'elle soit. VOCABULAIRE SPINOZISTE Perfection: elle n’est pas un idéal inaccessible mais la plénitude réalisée d’une essence.

La vertu, et donc la perfection, consiste donc à réaliser pleinement et effectivement sa propre essence. Utile (propre): objet du Désir correspondant réellement à ce Désir, et donc à l’essence de l’individu qui le poursuit.

Il est donc spécifique et produit un réel accroissement d’être, cohérent et permanent. Béatitude : état suprême de la joie.

Parfaite, elle n’est plus susceptible d’accroissement.

Elle est, comme joie souveraine, le «bien» que recherchait le philosophe au début de sa méditation.

Elle n’est pas la «récompense» de la vertu, mais la vertu elle-même.

Elle est à la fois liberté, salut et satisfaction intérieure. Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain). L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles. Ce texte de Spinoza porte sur l'essence de la politique, au sens premier et complet du terme.

En effet, l'objet de cet extrait est de comprendre quels sont les motifs qui poussent les hommes à se constituer en société.

Mais l'auteur ne se contente pas d'une description et de l'explication d'un phénomène social.

C'est en effet par ce moyen qu'il veut justifier la nécessité d'une organisation civile.

Pour ce faire il nous expose quels sont les avantages que toute société procure à ses membres, puis il tente de nous en donner la preuve grâce à un exemple. Spinoza commence donc par nous montrer les avantages d'une organisation sociale.

Il nous en cite un, tout en affirmant qu'il n'est pas le seul (ce n'est pas seulement...).

Cependant, nous apprenons qu'il est « très utile et même nécessaire au plus haut point ».

C'est le fait que la société protège ses membres contre les ennemis.

Mais quels sont donc ces ennemis? Il est possible d'en distinguer deux sortes : les ennemis extérieurs, à savoir les autres sociétés ou ce que Spinoza appelle les barbares.

C'est le côté diplomatique et militaire du rôle de la société.

Puis les ennemis intérieurs qu'il est aussi possible de classer dans deux catégories : ceux que l'on appellerait aujourd'hui criminels de droit commun, qui sont les individus qui enfreignent les lois ou attentent à la liberté, la sécurité ou les biens d'autrui. Le rôle de la société s'exprime alors aussi bien par le code de la route que par la Cour d'Assises.

C'est la Police et la Justice.

La deuxième catégorie d'ennemis intérieurs groupe les ennemis de l'organisation sociale toute entière, les individus qui désirent jeter à bas la société : les ennemis politiques.

En effet, tout corps social constitué secrète des opposants à la constitution de ce corps.

Donc, et cela quelle que soit la société, elle est conduite à produire certaines forces de répression pour assurer sa survie.

Cela va du « Berufsverbote » en R.F.A.

à l'internement psychiatrique en U.R.S.S.

Voici donc exposée la tâche de la société en ce qui concerne la protection contre les ennemis.

Cette tâche est « nécessaire au plus haut point » car, négative par définition (contre les ennemis), elle seule permet la survie d'une société.

Ce sont des attributions qui sont dans la quasi-totalité des cas exercées par l'État et souvent au nom de la raison du même nom.

La justification de la société, pour Spinoza, n'est en fait dans ce cas là que la justification de l'État. Mais, comme l'auteur nous l'a déjà indiqué, ce n'est pas l'unique source d'utilité de la société.

Et nous entrons alors vraiment dans le vif du sujet : à savoir les autres fonctions de l'organisation sociale qui « permet de réunir un grand nombre de commodités ».

Qu'entend donc Spinoza par cette définition? Comme il l'explique par la suite, la vie en communauté permet aux hommes de s'entraider.

Ce type d'existence est en même temps la conséquence et la cause de la solidarité.

Les hommes vivant isolés et en « barbares » ont parfois l'occasion de se rencontrer et donc de s'aider mutuellement.

Comprenant l'intérêt d'une telle vie à plusieurs, ils se constituent en société.

Ce type d'organisation est aussi la cause du développement des solidarités : les hommes vivant ensemble s'organisent et donc se spécialisent.

En effet, les premiers rassemblements d'hommes ont surtout un rôle quantitatif : la réunion des individus permet de. »

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