Baruch SPINOZA
Extrait du document
«
« Et ce n'est certes qu'une sauvage et triste superstition qui interdit de
prendre du plaisir.
Car, en quoi convient-il mieux d'apaiser la faim et la
soif que de chasser la mélancolie ? Tels sont mon argument et ma
conviction.
Aucune divinité, ni personne d'autre que l'envieux ne prend plaisir à mon
impuissance et à ma peine et ne nous tient pour vertu les larmes, les
sanglots, la crainte, etc., qui sont signes d'une âme impuissante.
Au
contraire, plus nous sommes affectés d'une plus grande joie, plus nous
passons à une perfection plus grande, c'est-à-dire qu'il est d'autant plus
nécessaire que nous participions de la nature divine.
C'est pourquoi, user
des choses et y prendre plaisir autant qu'il se peut (non certes jusqu'au
dégoût, car ce n'est plus y prendre plaisir) est d'un homme sage.
C'est
d'un homme sage, dis-je, de se réconforter et de réparer ses forces grâce
à une nourriture et des boissons agréables prises avec modération, et
aussi grâce aux parfums, au charme des plantes verdoyantes, de la
parure de la musique, des jeux de gymnase, des spectacles, etc., dont
chacun peut user sans faire tort à autrui.
Le corps humain, en effet est
composé d'un très grand nombre de parties de nature différente, qui ont
continuellement besoin d'une alimentation nouvelle et variée, afin que le
corps dans sa totalité soit également apte à tout ce qui peut suivre de sa
nature [...].
C'est pourquoi cette ordonnance de la vie est parfaitement d'accord et avec nos principes et
avec la pratique commune.» SPINOZA.
VOCABULAIRE SPINOZISTE
Perfection: elle n’est pas un idéal inaccessible mais la plénitude réalisée d’une essence.
La vertu, et donc la
perfection, consiste donc à réaliser pleinement et effectivement sa propre essence.
Nature: ensemble de la réalité.
Elle est soumise à des lois déterminées, elle ne comporte aucune finalité et elle est
infinie.
Totalement autonome et unique, elle comporte une infinité d’aspects différents dont deux nous sont connus
parce qu’ils nous constituent directement ce sont la Pensée et l’Étendue, Attributs de la substance, qui est Dieu,
c’est-à-dire cette Nature même.
Sagesse: attitude sereine de l’homme libre, atteinte par la connaissance philosophique.
Elle est caractérisée par le
sentiment d’être, et d’être éternel, cette conscience d’être étant permanente et active.
Elle est donc joie.
Tristesse: état conscient de réduction, de diminution de la puissance existentielle du Désir et du conatus.
Toutes
les passions, passives, sont des formes dérivées de cette Tristesse.
Vertu: non pas la pureté, ni l’austérité, mais l’action libre, fondée sur le Désir et sur la réflexion.
Cette action, qui
est une sagesse, consiste à être dans la joie et à se lier d’amitié avec d’autres hommes libres.
Joie: c’est l’idée, la conscience, d’un accroissement de la puissance d’exister (le conatus).
Elle est, selon Spinoza,
l’un des trois affects fondamentaux (avec le Désir et la Tristesse) qui permettent de comprendre et de définir tous les
affects.
Ceux-ci (tels l’amour ou la haine, l’orgueil ou l’humilité) ne sont que des formes dérivées, actives ou passives,
de la Joie ou de la Tristesse.
Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain).
L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles.
Corps: mode fini de l’Attribut Étendue.
Il est composé de parties dont les actions internes et réciproques sont
constantes, formant ainsi un Individu stable.
Le corps humain est l’objet de l’idée constituant l’esprit humain.
Âme (anima): chez Descartes, principe substantiel lié au corps et formé de l’entendement et de la volonté; elle est
indépendante du corps et immortelle.
Spinoza n’emploie pas ce terme pour désigner l’individu humain singulier : il utilise
le terme Mens (esprit).
Affect: l'affect (affectus, qu'on traduit parfois par «sentiment») est une idée confuse par laquelle l'âme affirme une
force d'exister de son corps, ou d'une de ses parties, plus ou moins grande qu'auparavant.
Il est à rapprocher et à
distinguer de l'affection (affectio), qui n'est qu'une modification de la substance, ou de tel de ses modes.
En pratique,
l'affection se dit plutôt du corps; et l'affect, de l'âme.
Les trois affects fondamentaux sont le désir, la joie et la
tristesse.
Il est permis de prendre du plaisir
Il est licite de prendre du plaisir : telle est la position de Spinoza.
Il l'avance par le biais de la critique qu'il entreprend
de la thèse dominante : celle du christianisme ascétique, et plus particulièrement du calvinisme, fortement marqué par.
»
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