Baruch SPINOZA
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Sujet 2118
La superstition est-elle déraisonnable ?
PRESENTATION DU "TRAITE THEOLOGICO-POLITIQUE" DE SPINOZA
Dans la deuxième moitié du xviie siècle, le durcissement des sectes religieuses
fait planer l'ombre de l'intolérance sur la ville d'Amsterdam, jusqu'alors réputée
pour sa libéralité.
La situation réveille les consciences philosophiques : Spinoza
(1632-1677) abandonne provisoirement l'Éthique pour défendre la liberté de
pensée.
Il montre que foi et raison sont dissociées, « l'une et l'autre ont leur
royaume propre » (XV).
Pour examiner les exigences de la foi et les discerner
d'une superstition dangereuse, il propose une méthode originale d'interprétation
des textes sacrés : fondée sur la critique historique, elle exclut une lecture
littérale aussi bien qu'une réduction rationnelle telle que l'a proposée Maïmonide.
Si la culture de l'auteur se concentre sur la Bible, la portée de l'analyse vise tout
le champ religieux.
On peut voir dans cette recherche, qui suscita les critiques
les plus violentes, l'origine d'une approche philologique des Écritures, doublée
d'un plaidoyer en faveur de la liberté de pensée.
"Si les hommes avaient le pouvoir d'organiser les circonstances de leur
vie au gré de leurs intentions, ou si le hasard leur était toujours favorable,
ils ne seraient pas en proie à la superstition.
Mais on les voit souvent
accules à une situation si difficile, qu'ils ne savent plus quelle résolution
prendre; en outre, comme leur désir immodéré des faveurs capricieuses du sort les ballotte misérablement
entre l'espoir et la crainte, ils sont en général très enclins à la crédulité [...).
Si, par exemple, pendant que la
frayeur les domine, un incident quelconque leur rappelle un bon ou mauvais souvenir, ils y voient le signe
d'une issue heureuse ou malheureuse; pour cette raison et bien que l'expérience leur en ait donné cent fois
le démenti, ils parlent..
d'un présage soit heureux, soit funeste.
Enfin, si un spectacle insolite les frappe
d'étonnement, ils croient être témoins d'un prodige manifestant la colère ou des Dieux, ou de la souveraine
Déité ; dès lors, à leurs yeux d'hommes superstitieux et irréligieux, ils seraient perdus s'ils ne conjuraient le
destin par des sacrifices et des voeux solennels.
Ayant forgé ainsi d'innombrables fictions, ils interprètent la
nature en termes extravagants, comme si elle délirait avec eux."
Baruch Spinoza, Traité théologico-politique (1670)
VOCABULAIRE SPINOZISTE
Nature: ensemble de la réalité.
Elle est soumise à des lois déterminées, elle ne comporte aucune finalité et elle est
infinie.
Totalement autonome et unique, elle comporte une infinité d’aspects différents dont deux nous sont connus
parce qu’ils nous constituent directement ce sont la Pensée et l’Étendue, Attributs de la substance, qui est Dieu,
c’est-à-dire cette Nature même.
Sagesse: attitude sereine de l’homme libre, atteinte par la connaissance philosophique.
Elle est caractérisée par le
sentiment d’être, et d’être éternel, cette conscience d’être étant permanente et active.
Elle est donc joie.
Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain).
L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles.
Dieu: nom donné par Spinoza à la substance infinie (Être) en tant qu’elle est constituée par un nombre infini
d’attributs infinis.
Dieu est donc la Nature elle-même.
Ce terme (Dieu) est équivalent au terme vérité.
Conatus: l'effort par lequel chaque chose tend à persévérer dans son être.
Il est donc la puissance d’exister (vim
existendi) et l’essence même du Désir.
Désir: mouvement concret fondé sur le conatus et par lequel l’individu poursuit des biens qui accroîtront sa
puissance d’exister, c’est-à-dire sa perfection et son être.
Un tel accroissement produit la Joie (et ses dérivés) ; sa
réduction produit au contraire la Tristesse (et ses dérivés).
Le Désir est l’essence de l’homme.
Ce que défend ce texte:
Spinoza cherche à déterminer dans ce texte quels sont les mécanismes qui sont à l'origine du phénomène de la
superstition.
Celle-ci est définie comme la croyance en l'existence de signes ou présages d'un événement heureux ou malheureux.
Ces signes sont des événements auxquels on accorde la propriété d'annoncer l'issue d'une situation.
Ils peuvent être
«quelconques», c'est-à-dire ordinaires, ou présenter un caractère extraordinaire.
À quoi pense ici Spinoza? On remarquera que le genre de superstition auquel il s'attaque diffère de celui qui nous est
aujourd'hui plus familier lorsque nous entendons dire autour de nous que le chiffre treize ou un chat noir «portent.
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