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Baruch SPINOZA

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Il est incontestable que l'homme partage avec tous les autres types réels (en la nature) la tendance à conserver son être dans la mesure de l'effort qui lui est propre. La seule différence, en effet, qui pourrait le distinguer des autres résulterait de la liberté de la volonté humaine. Mais, plus nous concevons l'homme comme libre, plus nous sommes contraints d'affirmer qu'il doit nécessairement se conserver soi-même et rester maître de son esprit. (Pour me concéder ce point, il suffit de ne pas confondre la liberté avec la contingence). Or la liberté est une valeur ou une perfection; par conséquent, tout ce qui en l'homme est un indice de faiblesse ne saurait être rapporté à sa liberté. Ainsi on n'ira pas soutenir que l'homme est libre, parce qu'il peut ne pas exister ou ne pas raisonner. On dira au contraire que l'homme est libre, dans la mesure précise où il a la puissance d'exister et d'exercer une action conformément aux lois de la nature humaine. En d'autres termes, plus nous considérons l'homme comme libre, moins nous sommes fondés à dire qu'il peut s'abstenir de raisonner et choisir le pire au lieu du meilleur. Baruch SPINOZA

« Il est incontestable que l'homme partage avec tous les autres types réels (en la nature) la tendance à conserver son être dans la mesure de l'effort qui lui est propre.

La seule différence, en effet, qui pourrait le distinguer des autres résulterait de la liberté de la volonté humaine.

Mais, plus nous concevons l'homme comme libre, plus nous sommes contraints d'affirmer qu'il doit nécessairement se conserver soi-même et rester maître de son esprit.

(Pour me concéder ce point, il suffit de ne pas confondre la liberté avec la contingence).

Or la liberté est une valeur ou une perfection; par conséquent, tout ce qui en l'homme est un indice de faiblesse ne saurait être rapporté à sa liberté.

Ainsi on n'ira pas soutenir que l'homme est libre, parce qu'il peut ne pas exister ou ne pas raisonner.

On dira au contraire que l'homme est libre, dans la mesure précise où il a la puissance d'exister et d'exercer une action conformément aux lois de la nature humaine.

En d'autres termes, plus nous considérons l'homme comme libre, moins nous sommes fondés à dire qu'il peut s'abstenir de raisonner et choisir le pire au lieu du meilleur. VOCABULAIRE SPINOZISTE Nature: ensemble de la réalité.

Elle est soumise à des lois déterminées, elle ne comporte aucune finalité et elle est infinie.

Totalement autonome et unique, elle comporte une infinité d’aspects différents dont deux nous sont connus parce qu’ils nous constituent directement ce sont la Pensée et l’Étendue, Attributs de la substance, qui est Dieu, c’est-à-dire cette Nature même. Perfection: elle n’est pas un idéal inaccessible mais la plénitude réalisée d’une essence.

La vertu, et donc la perfection, consiste donc à réaliser pleinement et effectivement sa propre essence. Liberté: elle n’est pas un acte de la volonté qui n’est qu’une faculté (entité abstraite, en fait inexistante).

La liberté concrète est l’autonomie d’un individu, atteinte lorsque ses actions ne résultent que de causes internes (celles qui résultent de l’essence même de cet individu, c’est-à-dire de son Désir). Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain). L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles. Esprit: idée du corps constituant « l’esprit humain ».

C’est donc un mode fini de l’Attribut Pensée («Âme»). Contingence: caractère de ce qui pourrait, sans contradiction, exister ou ne pas exister. Action adéquate: action découlant de l’essence de l’individu, c’est-à-dire de son Désir et de sa causalité interne. Elle exprime l’autonomie et par conséquent la liberté véritable de cet individu. La liberté ne nous place pas au-dessus de la nature.

Pour tout être, la liberté consiste à exister et à accroître sa puissance propre.

La liberté humaine consistera alors non pas à s'affranchir de la nécessité, par la volonté, mais à la comprendre, par l'exercice de notre puissance propre, c'est-à-dire la raison. Être libre, ce n'est pas renoncer au désir ou conatus, c'est-à-dire à la tendance « à conserver son être dans la mesure de l'effort qui nous est propre », mais bien plutôt à l'affirmer.

La liberté n'est pas négation de soi, elle est au contraire affirmation de soi.

Spinoza rejette ici une conception de la liberté qui, voulant faire de l'homme un être supérieur, le condamne en fait par avance à l'échec et à l'aveu de son impuissance.

C'est pourquoi, contre les Stoïciens, mais aussi contre ceux qui, comme Descartes, affirment le libre-arbitre, y compris à l'égard des vérités qu'impose la raison ellemême, Spinoza écrit que l'homme n'est pas libre « parce qu'il peut ne pas exister ou parce qu'il peut ne pas user de la raison ». La liberté est une perfection, parce qu'elle est l'accomplissement de notre puissance propre, qui est, pour l'homme, celle de penser, et qui serait, pour le cheval, celle de courir, par exemple.

En tant que « type réel de la nature », ou encore en tant qu'individu, l'homme n'est pas un être différent des autres êtres naturels.

Pour eux, comme pour lui, la liberté est d'exister et d'agir par la nécessité de sa nature.

La liberté ne saurait donc être confondue avec la contingence.

Mais pour eux, comme pour lui, en tant qu'êtres déterminés et finis, cette liberté ne peut être totale. Seul Dieu peut être dit libre de façon absolue, parce que lui seul existe et agit par la seule nécessité de sa nature.. »

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