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Baruch SPINOZA

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Les hommes ont le plus grand intérêt à vivre suivant les lois et les critères certains de leur raison, car ceux-ci servent l'intérêt véritable des hommes. En outre, il n'est personne qui ne souhaite vivre en sécurité, à l'abri de la crainte, autant que possible. Mais ce voeu est tout à fait irréalisable aussi longtemps que chacun peut accomplir tout ce qui lui plaît, et que la raison en lui ne dispose pas d'un droit supérieur à celui de la haine et de la colère. En effet, personne ne vit sans angoisse entre les inimitiés, les haines, la colère et les ruses ; il n'est donc personne qui ne tâche d'y échapper, dans la mesure de l'effort qui lui est propre. On réfléchira encore que, faute de s'entraider, les hommes vivraient très misérablement et ne parviendraient jamais à développer en eux la raison. Dès lors, on verra très clairement que, pour vivre en sécurité et de la meilleure vie possible, les hommes ont dû nécessairement s'entendre. Et voici quel fut le résultat de leur union : le droit, dont chaque individu jouissait naturellement sur tout ce qui l'entourait, est devenu collectif. Il n'a plus été déterminé par la force et la convoitise de chacun, mais par la puissance et la volonté conjuguée de tous. Baruch SPINOZA

« SPINOZA : LE DROIT, RÉSULTAT D'UN CONTRAT SOCIAL VOCABULAIRE SPINOZISTE Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain). L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles. Droit: possibilité légitime d’accomplir une action.

La puissance de fait des individus définit et légitime leur droit de nature (ou droit naturel), tandis que leur puissance délimitée réciproquement, par les individus contractant un Pacte social, définit le droit civil. PRESENTATION DU "TRAITE THEOLOGICO-POLITIQUE" DE SPINOZA Dans la deuxième moitié du xviie siècle, le durcissement des sectes religieuses fait planer l'ombre de l'intolérance sur la ville d'Amsterdam, jusqu'alors réputée pour sa libéralité.

La situation réveille les consciences philosophiques : Spinoza (1632-1677) abandonne provisoirement l'Éthique pour défendre la liberté de pensée.

Il montre que foi et raison sont dissociées, « l'une et l'autre ont leur royaume propre » (XV).

Pour examiner les exigences de la foi et les discerner d'une superstition dangereuse, il propose une méthode originale d'interprétation des textes sacrés : fondée sur la critique historique, elle exclut une lecture littérale aussi bien qu'une réduction rationnelle telle que l'a proposée Maïmonide.

Si la culture de l'auteur se concentre sur la Bible, la portée de l'analyse vise tout le champ religieux.

On peut voir dans cette recherche, qui suscita les critiques les plus violentes, l'origine d'une approche philologique des Écritures, doublée d'un plaidoyer en faveur de la liberté de pensée. Selon Hobbes, le droit positif est le résultat d'un « contrat social » librement passé entre les hommes pour fonder un État susceptible (en mettant fin à cette guerre de tous contre tous que constitue l'état de nature, où chaque individu jouit d'une liberté sans limite) d'assurer à chacun la sécurité.

Cette théorie est reprise ici par Spinoza. « Les hommes ont le plus grand intérêt à vivre suivant les lois et les critères certains de leur raison, car ceux-ci servent l'intérêt véritable des hommes.

En outre, il n'est personne qui ne souhaite vivre en sécurité, à l'abri de la crainte, autant que possible.

Mais ce voeu est tout à fait irréalisable aussi longtemps que chacun peut accomplir tout ce qui lui plaît, et que la raison en lui ne dispose pas d'un droit supérieur à celui de la haine et de la colère.

En effet, personne ne vit sans angoisse entre les inimitiés, les haines, la colère et les ruses ; il n'est donc personne qui ne tâche d'y échapper, dans la mesure de l'effort qui lui est propre.

On réfléchira encore que, faute de s'entraider, les hommes vivraient très misérablement et ne parviendraient jamais à développer en eux la raison. Dès lors, on verra très clairement que, pour vivre en sécurité et de la meilleure vie possible, les hommes ont dû nécessairement s'entendre.

Et voici quel fut le résultat de leur union : le droit, dont chaque individu jouissait naturellement sur tout ce qui l'entourait, est devenu collectif.

Il n'a plus été déterminé par la force et la convoitise de chacun, mais par la puissance et la volonté conjuguée de tous.

» SPINOZA, Traité théologicopolitique, XVI. QUESTIONNAIRE INDICATIF • A quelle(s) condition(s), selon Spinoza, peut-on « vivre en sécurité »? — Comment comprenez-vous : « la raison en lui ne dispose pas d'un droit supérieur à celui de la haine et de la colère »? • Quel est le sens de « très misérablement »? (très pauvrement ou autre chose) ? • Pourquoi, « faute de s'entraider » « les hommes (...) ne parviendraient jamais à développer en eux la raison »? • Pourquoi, selon Spinoza, « les hommes ont dû nécessairement s'entendre »? • Résultat(s) de cette entente? • Qu'est-ce que Spinoza veut faire apparaître ici ? • En quoi ce texte présente-t-il un intérêt philosophique ? Ordre des idées 1) Un constat : l'intérêt des hommes est de : — vivre selon la raison ; — en sécurité, sans crainte ; — dans les conditions matérielles les meilleures possible.. »

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