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Baruch SPINOZA

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Par droit de nature, donc, j'entends les lois mêmes ou règles de la Nature suivant lesquelles tout arrive, c'est-à-dire la puissance même de la nature. Par suite le droit naturel de la Nature entière et conséquemment de chaque individu s'étend jusqu'où va sa puissance, et donc tout ce que fait un homme suivant les lois de sa propre nature, il le fait en vertu d'un droit de nature souverain, et il a sur la nature autant de droit qu'il a de puissance. Si donc la nature humaine était disposée de telle sorte que les hommes vécussent suivant les seules prescriptions de la raison, et si tout leur effort tendait à cela seulement, le droit de nature, aussi longtemps que l'on considérerait ce qui est propre au genre humain, serait déterminé par la seule puissance de la raison. Mais les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison, et par suite la puissance naturelle des hommes, c'est-à-dire leur droit naturel, doit être défini non par la raison mais par tout appétit qui les détermine à agir et par lequel ils s'efforcent de se conserver. Je l'avoue à la vérité, ces désirs qui ne tirent pas leur origine de la raison, sont non pas tant des actions que des passions humaines. Mais comme il s'agit ici de la puissance universelle de la nature, qui est la même chose que le droit de nature, nous ne pouvons reconnaître en ce moment aucune différence entre les désirs que la raison engendre en nous, et ceux qui ont une autre origine : les uns et les autres en effet sont des effets de la nature et manifestent la force naturelle par où l'homme s'efforce de persévérer dans son être. Qu'il soit sage ou insensé, l'homme est toujours une partie de la nature, et tout ce par quoi il est déterminé à agir doit être rapporté à la puissance de la nature en tant qu'elle peut être définie par la nature de tel ou tel homme. Qu'il soit conduit par la raison ou par le seul désir, l'homme en effet ne fait rien qui ne soit conforme aux lois et aux règles de la nature, c'est-à-dire en vertu du droit de nature. Baruch SPINOZA

« «Par droit de nature, donc, j'entends les lois mêmes ou règles de la Nature suivant lesquelles tout arrive, c'est-à-dire la puissance même de la nature.

Par suite le droit naturel de la Nature entière et conséquemment de chaque individu s'étend jusqu'où va sa puissance, et donc tout ce que fait un homme suivant les lois de sa propre nature, il le fait en vertu d'un droit de nature souverain, et il a sur la nature autant de droit qu'il a de puissance. Si donc la nature humaine était disposée de telle sorte que les hommes vécussent suivant les seules prescriptions de la raison, et si tout leur effort tendait à cela seulement, le droit de nature, aussi longtemps que l'on considérerait ce qui est propre au genre humain, serait déterminé par la seule puissance de la raison.

Mais les hommes sont conduits plutôt par le désir aveugle que par la raison, et par suite la puissance naturelle des hommes, c'est-à-dire leur droit naturel, doit être défini non par la raison mais par tout appétit qui les détermine à agir et par lequel ils s'efforcent de se conserver. Je l'avoue à la vérité, ces désirs qui ne tirent pas leur origine de la raison, sont non pas tant des actions que des passions humaines.

Mais comme il s'agit ici de la puissance universelle de la nature, qui est la même chose que le droit de nature, nous ne pouvons reconnaître en ce moment aucune différence entre les désirs que la raison engendre en nous, et ceux qui ont une autre origine : les uns et les autres en effet sont des effets de la nature et manifestent la force naturelle par où l'homme s'efforce de persévérer dans son être.

Qu'il soit sage ou insensé, l'homme est toujours une partie de la nature, et tout ce par quoi il est déterminé à agir doit être rapporté à la puissance de la nature en tant qu'elle peut être définie par la nature de tel ou tel homme.

Qu'il soit conduit par la raison ou par le seul désir, l'homme en effet ne fait rien qui ne soit conforme aux lois et aux règles de la nature, c'est-à-dire en vertu du droit de nature.» SPINOZA. VOCABULAIRE SPINOZISTE Passions: non pas l’affectivité en général, mais les affects passifs (inadéquats, dépendants).

La passion est donc, chez Spinoza, la forme passive du Désir.

Une action, au contraire, en est la forme active (affect actif).

Une joie passive est une passion, mais il existe une joie active, adéquate réfléchie, qui est une action.

Les passions expriment une servitude mais non un péché coupable ou un «vice de la nature». Sagesse: attitude sereine de l’homme libre, atteinte par la connaissance philosophique.

Elle est caractérisée par le sentiment d’être, et d’être éternel, cette conscience d’être étant permanente et active.

Elle est donc joie. Vérité: ce n’est pas seulement l’accord de l’idée et de son objet extérieur: c’est aussi et surtout l’accord de cette idée avec elle-même, et l’évidence intérieure et immédiate d’une idée adéquate (index sui).

Les concepts «Dieu» et « vérité» sont identiques. Vertu: non pas la pureté, ni l’austérité, mais l’action libre, fondée sur le Désir et sur la réflexion.

Cette action, qui est une sagesse, consiste à être dans la joie et à se lier d’amitié avec d’autres hommes libres. Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain).

L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles. Droit: possibilité légitime d’accomplir une action.

La puissance de fait des individus définit et légitime leur droit de nature (ou droit naturel), tandis que leur puissance délimitée réciproquement, par les individus contractant un Pacte social, définit le droit civil. Conatus: l'effort par lequel chaque chose tend à persévérer dans son être.

Il est donc la puissance d’exister (vim existendi) et l’essence même du Désir. Désir: mouvement concret fondé sur le conatus et par lequel l’individu poursuit des biens qui accroîtront sa puissance d’exister, c’est-à-dire sa perfection et son être.

Un tel accroissement produit la Joie (et ses dérivés) ; sa réduction produit au contraire la Tristesse (et ses dérivés).

Le Désir est l’essence de l’homme. Appétit (appetitus): identique au Désir (cupiditas) et donc à l’effort pour exister (conatus).

Une intention, chez celui qui parle, fait préférer Appétit (s’il songe au corps) ou Désir (s’il songe au corps et à l’esprit). Action adéquate: action découlant de l’essence de l’individu, c’est-à-dire de son Désir et de sa causalité interne.

Elle exprime l’autonomie et par conséquent la liberté véritable de cet individu. Qu'il soit engendré par la raison, c'est-à-dire par notre propre nature, ou par les causes extérieures, le désir est toujours le mouvement par lequel nous nous efforçons d'exercer et de déployer notre puissance d'agir, ce qui définit le droit naturel, et que l'instauration du droit dans la société ne saurait abolir. Le « droit de nature » ou « droit naturel », c'est-à-dire ce que l'individu est en droit de faire dans le cadre des règles de la nature pour agir et se conserver, est identifié à la sphère d'exercice de sa « puissance » naturelle, autrement dit : tout ce qu'il est capable de faire. Qu'il soit raisonnable ou insensé, l'individu a le droit naturel d'exercer au maximum sa puissance pour persévérer dans son être, et cela par l'entremise du désir qui, nous faisant nous « efforcer » vers une chose, nous la fait juger bonne. Certains désirs sont engendrés par la raison tandis que d'autres sont « aveugles » : les premiers sont des actions, car ils découlent adéquatement de notre nature propre ; les seconds sont des passions car ils dépendent en définitive de l'action des causes extérieures sur nous.

L'homme étant une partie de la nature, il est sujet à l'influence d'autres puissances dont il ne saisit pas toujours ni la force ni le sens. Aussi la condition naturelle des hommes est-elle la servitude passionnelle.

Par le développement de la raison, le désir se comprend comme essence de l'homme et comme désir de connaissance afin de déployer sa propre nature.

La société n'abolit pas le droit naturel, elle n'en est que la continuation, mais elle concourt à rendre le désir conforme à la raison, donc à l'amener à sa vérité de principe d'action et non de servitude.. »

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