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Baruch SPINOZA

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Proposition XLIX : Il n'y a dans l'esprit aucune volition, c'est à dire aucune affirmation et aucune négation en dehors de celle que l'idée, en tant qu'elle est idée, enveloppe. Démonstration : Dans l'esprit (d'après la proposition précédente), il n'y a aucune faculté absolue de vouloir et de refuser, mais seulement des volitions singulières, par exemple telle et telle affirmation et telle et telle négation. Concevons donc quelque volition singulière, par exemple le mode du penser par lequel l'esprit affirme que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux droits. Cette affirmation enveloppe le concept ou l'idée du triangle C'est à dire ne peut être conçue sans l'idée du triangle... De plus, cette idée du triangle doit envelopper cette même affirmation, à savoir que ses trois angles égalent deux droits. C'est pourquoi, réciproquement, cette idée de triangle ne peut sans cette affirmation ni être, ni être conçue et par conséquent (d'après la définition 2) cette affirmation appartient à l'essence de l'idée de triangle et n'est pas autre chose que cette idée elle même. Et ce que nous avons dit de cette volition (puisque nous l'avons pris comme exemple à notre gré) il faudra le dire même de n'importe quelle volition à savoir qu'elle n'est rien d'autre que l'idée. Scolie : Par ces considérations nous avons rejeté la cause communément admise de l'erreur. Nous avons fait voir plus haut, d'ailleurs que la fausseté consiste dans la seule privation qu'enveloppent les idées mutilées et confuses. C'est pourquoi une idée fausse n'enveloppe pas la certitude... Baruch SPINOZA

« Proposition XLIX : Il n'y a dans l'esprit aucune volition, c'est à dire aucune affirmation et aucune négation en dehors de celle que l'idée, en tant qu'elle est idée, enveloppe. Démonstration : Dans l'esprit (d'après la proposition précédente), il n'y a aucune faculté absolue de vouloir et de refuser, mais seulement des volitions singulières, par exemple telle et telle affirmation et telle et telle négation. Concevons donc quelque volition singulière, par exemple le mode du penser par lequel l'esprit affirme que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux droits.

Cette affirmation enveloppe le concept ou l'idée du triangle C'est à dire ne peut être conçue sans l'idée du triangle...

De plus, cette idée du triangle doit envelopper cette même affirmation, à savoir que ses trois angles égalent deux droits.

C'est pourquoi, réciproquement, cette idée de triangle ne peut sans cette affirmation ni être, ni être conçue et par conséquent (d'après la définition 2) cette affirmation appartient à l'essence de l'idée de triangle et n'est pas autre chose que cette idée elle même.

Et ce que nous avons dit de cette volition (puisque nous l'avons pris comme exemple à notre gré) il faudra le dire même de n'importe quelle volition à savoir qu'elle n'est rien d'autre que l'idée. Scolie : Par ces considérations nous avons rejeté la cause communément admise de l'erreur.

Nous avons fait voir plus haut, d'ailleurs que la fausseté consiste dans la seule privation qu'enveloppent les idées mutilées et confuses.

C'est pourquoi une idée fausse n'enveloppe pas la certitude... VOCABULAIRE: DÉMONSTRATION : C’est un raisonnement conduisant à une conclusion certaine car nécessaire (aucune autre n’étant possible).

La démonstration est une preuve ne reposant que sur la raison.

Le sceptique demande généralement alors ce qui prouve la raison… Utile (propre): objet du Désir correspondant réellement à ce Désir, et donc à l’essence de l’individu qui le poursuit.

Il est donc spécifique et produit un réel accroissement d’être, cohérent et permanent. Idée: concept conscient, activement formé par l’esprit (et non pas «image muette sur un tableau»).

Les idées n’agissent que sur les idées. Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain). L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles. Esprit: idée du corps constituant « l’esprit humain ».

C’est donc un mode fini de l’Attribut Pensée («Âme»). Droit: possibilité légitime d’accomplir une action.

La puissance de fait des individus définit et légitime leur droit de nature (ou droit naturel), tandis que leur puissance délimitée réciproquement, par les individus contractant un Pacte social, définit le droit civil. Cause: tout événement produit un effet et est donc une cause, en même temps qu'il a une cause.

Mais les séries causales n’agissent que dans le cadre de l'Attribut auquel elles appartiennent : les idées produisent des idées et agissent sur des idées (Attribut Pensée), les corps et leurs modifications produisent des modifications et agissent sur les corps (Attribut Étendue). La proposition XLIX du livre Il de l'Ethique définit la « volition » à la manière cartésienne comme affirmation ou négation.

Déjà dans le Court Traité (Il` partie, chap.

XVI, § 2) Spinoza écrivait : « Le désir est l'inclination de l'âme pour quelque chose qu'elle élit comme bon ; d'où suit qu'avant que notre désir ne tende vers quelque objet extérieur, il nous a fallu une décision intérieure affirmant que cet objet était bon, cette affirmation ou en général le pouvoir d'affirmer ou de nier on l'appelle volonté.

» Mais si l'auteur de l'Éthique définit la volonté comme Descartes, sa doctrine de la volonté est anticartésienne.

Pour Descartes la volonté est une faculté distincte.

L'entendement est passif, il propose une idée et c'est la volonté qui en dispose, qui prend la responsabilité d'affirmer comme vérité le contenu de l'idée.

La théorie cartésienne du jugement est donc en ce sens volontariste.

Pour Spinoza, tout au contraire c'est l'idée qui elle-même enveloppe sa propre affirmation.

La théorie spinoziste du jugement est donc intellectualiste, l'idée est pourvue, par elle-même, d'un certain dynamisme.

Elle s'affirme activement d'elle-même et ne requiert pas le coup de force d'une volonté, puissance extérieure à l'idée qui transformerait l'idée-représentation en idée-affirmation.

Au début du livre II de l'Éthique, après avoir défini l'idée (Déf.

III, « Par idée j'entends un concept de l'esprit que l'esprit forme parce qu'il est une chose pensante »), Spinoza explique sa définition en ces termes : « Je dis concept plutôt que perception parce que le mot perception semble indiquer que l'esprit est passif à l'égard de l'objet tandis que le concept exprime plutôt une action de l'esprit.

» Nous allons préciser les implications de l'intellectualisme de Spinoza en suivant pas à pas la démonstration de sa proposition.. »

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