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Autrui: Le radicalement autre

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« VOCABULAIRE: AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Levinas, philosophe contemporain, voit dans cette idée de l'infini l'expérience d'une relation avec l'Autre.

Car autrui, c'est celui qui me sépare de moi-même, qui me fait découvrir qu'il y a d'autres mondes que le mien, d'autres expériences que les miennes.

Par son visage, il se présente directement à moi, mais aussi, par là même, radicalement extérieur à moi.

L'infini de cet être se manifeste dans la résistance absolue qu'il oppose non seulement à tout savoir que je pourrais détenir sur lui, mais aussi à tous mes pouvoirs.

Certes autrui peut succomber à mes ruses, mes crimes.

Il peut aussi s'opposer à moi de toute sa force.

Mais là n'est pas l'essentiel.

Si autrui s'oppose à moi, « par-delà toute mesure », c'est par la nudité de son visage, « par le découvert total et la totale nudité de ses yeux sans défense, par la droiture, par la franchise absolue de son regard ».

Le visage d'autrui est tout entier langage.

Il me commande de l'aimer ou tout au moins de ne pas être indifférent à son égard, son premier mot est : « tu ne tueras point ».

C'est cette « résistance éthique » qui est absolument Autre, autrement dit, « présence de l'infini ». « Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.

C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.

La meilleure manière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observe la couleur des yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.

La relation avec le visage peut certes être dominée par la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas. Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.

La peau du visage est celle qui reste la plus nue, la plus dénuée.

La plus nue, bien que d'une nudité décente.

La plus dénuée aussi: il y a dans le visage une pauvreté essentielle.

La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant des poses, une contenance.

Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.

En même temps le visage est ce qui nous interdit de tuer.

» Lévinas, « Ethique et infini ». Lévinas commence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.

Quand je pose l'autre comme objet, je le projette sur une surface d'objectivité : il m'apparaît comme un tableau à décrire, une surface à observer et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments du visage sont euxmêmes réductibles à des unités plus petites.

Ce rapport est un rapport théorique qui ne me donne pas véritablement autrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôt qu'elle ne s'ouvre à l'altérité du donné.

En posant autrui comme objet, je reste seul. La saisie véritable d'autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible aux simples données de l'expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente une pauvreté. L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, la possibilité physique de tuer autrui se donne en même temps que l'impossibilité morale d'accomplir cet acte.

Autrui nous est livré dans une dimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer.. »

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