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Autrui est-il une condition ou un obstacle à ma liberté ?

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« Difficile coexistence des libertés "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui" est-il écrit dans la "Déclaration universelle des droits de l'homme" de 1789.

Ce qui signifie que seule la liberté doit arrêter la liberté.

Ce n'est qu'au nom de la liberté qu'il est admissible, légitime et nécessaire de poser des limites à la liberté.

Cette limitation mutuelle des libertés se base sur un principe de tolérance réciproque. Pourtant cette conception se fonde sur des présupposés clairement pessimistes puisque ici les libertés paraissent potentiellement liberticides et s'excluant l'une l'autre.

Trop de liberté tue la liberté.

Il est possible d'être trop libre et de ce fait d'user et d'abuser de sa liberté contre et envers autrui. Il existe donc un mauvais usage de la liberté qu'il convient de contenir dans et par la loi. De plus, si la liberté des uns est arrêtée par celle des autres, on risque de tomber dans un rapport de force de maîtrise et de servitude (Cf.

la dialectique du maître et de l'esclave chez Hegel).

Ainsi ma liberté sera d'autant plus menacée et limitée que l'autre parviendra à faire prévaloir la sienne.

La liberté risque alors d'être réduite à être l'expression d'un certain rapport de force. L'enfer c'est les autres 1.

« L'enfer c'est les autres » Cette célèbre formule de Huis clos est présentée de façon plus théorique dans L'Être et le Néant.

Les autres existent autour de moi et viennent remettre en cause la liberté de ma conscience.

Et si autrui est un objet pour moi, je suis moi-même un objet pour autrui : autrui me chosifie par son regard, il me « vole le monde », ce monde dont je croyais être jusqu'à présent le centre.

Le conflit est ainsi le mode premier du rapport à autrui, mais également l'essence des relations entre les consciences : dans l'amour, par exemple, une conscience demande à l'autre sa liberté. 2.

La remise en question du sens Cependant, la notion de groupe permet de penser des formes d'actions collectives dans l'histoire.

Sartre oppose l'unité apparente de la « série » (une file d'attente, par exemple, qui rassemble des individus qui sont tous là pour des besoins différents) à celle du groupe, unité réelle d'individus participant à une action commune.

Cette nouvelle relation à autrui permet de comprendre l'histoire comme action de la liberté humaine. Ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre... Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoir montré que, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doive opposer mon être pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, ditil, un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

» Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.

» Il reste donc à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapports concrets d'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autre différence, c'est que si, pour Hegel, le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de la relation à autrui.

On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème est développé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre...

» J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par mes choix et par mes actes.

Je deviens « ceci ou cela ».

Mais cette définition reste toujours ouverte.

Je suis donc fondamentalement libre « projet », invention perpétuelle de mon avenir.

Et je suis celui qui ne peut pas être objet pour moi-même, celui qui ne peut même pas concevoir pour soi l'existence sous forme d'objet : « Ceci non à cause d'un manque de recul ou d'une prévention intellectuelle ou d'une limite imposée à ma connaissance, mais parce que l'objectivité réclame une négation explicite : l'objet, c'est ce que je me fais ne pas être...

» Or je suis, moi, celui que je me fais être.

Et c'est précisément parce que je ne suis que pure subjectivité et liberté, que le simple surgissement d'autrui est une violence fondamentale.

Peu importe qu'il m'aime, me haïsse ou soit indifférent à mon égard.

Il est là, je le vois et je découvre que je ne suis plus centre du monde, sujet absolu.

Il me voit, et avec son regard s'opère une métamorphose dans mon être profond : je me vois parce qu'il me voit, je m'appréhende comme objet devant une transcendance et une liberté. Si chaque conscience est une liberté qui rêve d'être absolu, elle ne peut que chercher à transformer la liberté de. »

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