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autrui est-il responsable de mon imagination ?

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« Sujet: autrui est-il responsable de mon imagination? Analyse du sujet: Ce sujet pose un certain nombre de difficulté de compréhension.

Pour l'éclaircir, il s'avère indispensable d'éclaircir le sens que peut avoir les termes employés. Tout d'abord « autrui ».

« Autrui » désigne en philosophie un autre être humain quelconque dont je fait inévitablement la rencontre. L'expérience d'autrui est reconnue comme étant une expérience constructive pour l'identité d'un sujet.

Autrui est un alter ego, c'est-àdire à la fois autre (il n'est pas moi) et même. Etre responsable de quelque chose, c'est en partie être la cause mais plus encore être reconnu par moi-même ou autrui comme responsable.

On trouve dans le terme « responsabilité » la même racine que celle de répondre.

Etre responsable de quelque chose, c'est devoir répondre de cette chose en tant qu'auteur. L'imagination ne désigne pas la capacité ou la faculté d'imaginer qui est innée mais ce qui est imaginé, plus précisément tout ce qui peut être imaginé. Problématisation: Désigner autrui comme responsable de mon imagination, c'est, dans un premier temps, remettre en question ma liberté d'imaginer. Mon imagination est suscitée par autrui.

Mais la notion de responsabilité implique qu'autrui n'est pas seulement celui qui suscite mais aussi celui qui est auteur de mon imagination, ce qui implique qu'autrui soit conscient de ce qu'il suscite.

Si autrui est indéniablement moteur de mon imagination peut-on le désigner comme responsable ? Et dans quel sens entendre le mot « responsable » ? 1.

Nul ne peut être responsable de mon imagination. a) L'imagination est une faculté cognitive de l'homme.

Sans imagination, l'homme ne serait pas capable d'envisager l'avenir autrement que dans la répétition.

Mais précisément, pour que l'imagination ne soit pas tout à fait déconnectée du réel, elle se fonde à partir de données de l'expérience.

Hume écrit dans son Enquête sur l'entendement humain :« Rien n'est plus libre que l'imagination humaine; bien qu'elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fournies par les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de mêler, composer, séparer et diviser ces idées dans toutes les variétés de la fiction et de la rêverie».

Les idées qui sont la matière de l'imagination viennent de l'expérience, mais l'imagination dans son processus n'est pas déterminée par l'extérieur. b) Je ne suis donc le seul auteur de ce que j'imagine.

Néanmoins, l'imagination est à ce point libre d'associer et de composer des idées que je ne suis pas moi-même pleinement auteur et donc pleinement responsable de ce que j'imagine.

Cela est d'autant plus important que l'imagination se permet souvent de me placer à la frontière de l'interdit.

Par exemple dans le rêve, je peux braver ce que ma morale peut réprouver.

Elle est une voie d'échappatoire de mes propres pulsions.

On peut donc reconduire ce qu'écrit Platon dans la République à propos de la partie bestiale de l'homme :« il n'est point de folie, point d'impudence dont elle ne soit capable».

De sorte que l'imagination n'est pas à mon service, lorsque j'imagine je ne suis pas toujours responsable surtout dans des moments où je ne suis pas éveillé, ou dans des états de fièvre où je délire. c) Mais si je ne suis pas moi-même responsable de mon imagination, parce que je n'ai pas choisi son matériau mais aussi parce que je ne suis pas maître de mon imaginaire, faut-il postuler une liberté absolue de l'imagination dans la manière de composer des images, d'enchaîner des scènes ? 2.

La responsabilité d'autrui sur mon imagination puis sur mes actions. a) Lorsque j'imagine, je ne me contente pas de composer des idées mais aussi des scènes dont j'ai pu faire l'expérience dans ma vie quotidienne.

Or, je fais l'expérience d'autrui qui lui aussi a une faculté d'imagination.

En faisant l'expérience d'autrui, je fais aussi l'expérience de son imaginaire.

Par exemple, le conte dans l'enfance stimule mais aussi cadre l'imaginaire en lui donnant des représentations normales et partagées par une communauté.

Les contes mettant en scène une princesse qu'il s'agit de libérer participe de l'imaginaire. b) Néanmoins, cette rencontre de l'imagination de l'autre qui a lieu au cinéma, par la lecture, le théâtre etc...

sont autant de cadre dans lequel mon imaginaire me transporte.

Mon imagination ne me transporte plus dans le monde réel mais dans un monde virtuel à la place d'un héros, voire d'un super héros, qui incarne un style particulier. c) Ainsi, autrui peut être responsable de mon imagination au sens où il a influencé les grands cadres de mon imagination.

Or, ma propre imagination peut me pousser à l'action.

Je peux consacrer ma vie à chercher à atteindre quelque chose que j'avais imaginé au préalable.

Mais, si je ne suis pas responsable de mon imagination, c'est alors autrui qui suscite en moi le désir de choisir tel « projet de vie ».

Un exemple peut être fournit par la publicité. d) On ne peut pas suivre entièrement Bachelard quand il écrit : « On veut toujours que l'imagination soit la faculté de former des images.

Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer les images».

L'imagination est aussi une façon de s'installer dans l'imaginaire des autres et notamment dans l'imaginaire dominant.

Bien qu'il faille accorder la possibilité pour l'imaginaire de dépasser ces cadres, de les tordre. e) Enfin, autrui quand il a un rôle social lié au travail de l'imaginaire a une responsabilité indéniable sur l'imagination des autres.

Cela n'est pas anodin, il peut mettre son talent et ses moyens au service de l'imaginaire social dominant, par exemple en renforçant l'image que la femme doit avoir dans la société, ou au contraire placer le spectateur dans un monde irréel sans limite et sans morale.

La responsabilité est réelle sans doute sur ce que j'imagine et conséquemment sur ce que je fais. Conclusion : Autrui est responsable de mon imagination comme je suis moi-même responsable de l'imagination des autres.

Cela implique une certaine déontologie de la démarche de « l'artiste ».

L'imagination est par ailleurs le lieu du pouvoir par excellence mais aussi le lieu de sa limite, l'art possède cette même fonction ambivalente.

L'imagination peut être mise au service d'un ordre politique comme cela est le cas dans les régimes totalitaires mais aussi à moindre mesure dans toute société.

Un imaginaire collectif est par ailleurs nécessaire à toute communication.

La responsabilité sur ma propre imagination interroge ma responsabilité sur mes propres actions et la coresponsabilité de la société toute entière.. »

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