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Autrui est-il mon semblable ?

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« POUR DÉMARRER Le moi qui n'est pas moi et que je ne suis pas est-il similaire à moi, mon prochain, identique à moi-même et le même que moi ? Il y a en autrui un mixte de distance et de proximité, d'altérité et d'identité, qui nous conduit à traiter ce sujet, portant sur la manière dont l'Autre surgit dans ma propre conscience. CONSEILS PRATIQUES Réfléchissez sur la distance infinie qui s'introduit quand autrui surgit, à mille lieues de ma conscience, énigmatique, opaque et néanmoins identique à moi.

La rencontre suppose étrangeté et identité.

D'où l'affirmation d'une humanité possible, universelle à travers le particulier. BIBLIOGRAPHIE SARTRE, L'Être et le Néant, 3e partie, chapitre 1, Tel-Gallimard. Max SCHELER, Nature et formes de la sympathie, Payot. Qu'est-ce que je sous-entends quand je parle d'autrui comme de mon semblable ? Le problème n'est pas seulement de savoir si autrui est ou non mon semblable, mais de déterminer ce qui est signifié, ce que cela implique, quand je dis de lui qu'il est mon semblable.

Semblable, cela indique une ressemblance ; si je dis d'autrui qu'il est mon semblable, je sous-entends que je définis autrui par une ressemblance.

Par exemple, dans la Bible : on dit de Dieu qu'il a fait l'homme "à son image" ; les hommes sont alors définis comme les "semblables", parce qu'ils sont définis par une commune ressemblance, extérieure (physique).

Mais peut-on définir autrui par cette idée de ressemblance ? Parler d'autrui comme mon "semblable" sous-entend que, comme moi, il a une conscience, une raison et qu'il est mon égal en droit.

Mais quand je parle d'autrui comme d'un semblable, n'ai-je pas également une compréhension réductrice d'autrui ? Ne puis-je parler d'autrui que dans ce qu'il a de commun avec moi ? N'y a-t-il pas une connotation d'intolérance dans ces paroles, puisque j'enlève toute idée de différence en autrui ? Autrui ne devrait-il pas être dit "semblable" à moi, en tant qu'il est libre, en tant qu'il ne me ressemble pas nécessairement ? Semblable peut-il relever à la fois de caractéristiques physiologiques et psychologiques ? Références utiles : Kant, Métaphysique des moeurs (en quoi faut-il respecter autrui, en quoi peut-il à bon droit être dit "mon semblable" ?) ; Levinas, Le temps et l'autre (la relation à autrui ne peut pas être symétrique ou une relation de ressemblance, sauf à le dénaturer). Un clip d'une chaîne de télévision musicale américaine montre une succession de visages différents.

A chaque visage est substituée progressivement son image radiographique.

L'idée est la suivante: par delà les différences de couleur, de sexe, de coutume esthétique, nous avons tous le même crâne.

Mais n'est-ce pas là interpréter le message du clip? En effet, nous savons qu'il ne s'agit pas du même crâne.

Nous partageons seulement une ressemblance: nos crânes sont ressemblants.

Pourquoi alors cette lecture spontanément infidèle à la lettre même du message? Parce que nous apercevons la difficulté qu'il y a à fonder la reconnaissance de l'autre comme objet de mon respect, ce qu'on appelle "mon semblable".

est-ce celui qui m'est identique, ou est-ce celui qui me ressemble? Spontanément, nous avons opté pour la première solution.

Le travail du philosophe consiste à dépasser l'opinion spontanée, simple préjugé, pour atteindre le jugement fondé.

Aussi nous faut-il examiner cette question: la reconnaissance du lien moral avec autrui peut-elle naître d'un constat de ressemblance ou d'identité? Mais qu'est-ce qui les différencie? Plus précisément, qu'est-ce que "ressembler"? Examinons ce concept de "ressemblance", et voyons comment il peut fonder une relation morale avec autrui. Si A ressemble à B, cela signifie que A n'est pas identique à B.

Comprenons bien cet aspect de la signification du concept: je ressemble à mon père, je ne suis pas mon père.

La ressemblance vient après la différence qui est première ou fondamentale.

Ainsi, le concept pose des individus singuliers: il y a moi, il y a l'autre, il y a une irréductible différence (je suis fondamentalement moi différent de l'autre, et réciproquement) et des points communs (il y a moins de différences entre nos deux crânes, qu'entre nos crânes et ceux du chimpanzés).

Ce qui ressemble peut éventuellement s'assembler, mais est d'abord distinct.

Posant au départ la différence, la ressemblance exclut de conclure à l'identité. Construire un lien moral avec autrui sur le critère de ressemblance implique donc cette hypothèse implicite qu'autrui est fondamentalement distinct de moi.

Il est, nous sommes des êtres fondamentalement singuliers, des individus. Mais par-delà cette singularité qui nous distingue, nous pourrions reconnaître des convergences.

Sur ces "ressemblances", pouvons-nous fonder un rapport de respect, c'est-à-dire de reconnaissance de la valeur de l'autre? Là de nouveau, il va nous falloir envisager une hypothèse.

La reconnaissance des ressemblances n'est que le résultat d'une opération de jugement empirique: mon expérience de moi-même et des autres êtres me permet d'en reconnaître un certain nombre qui me (se) ressemblent.

Passer du constat empirique au jugement de valeur impose de considérer que la valeur se reconnaîtrait par un tel constat.

Ce qui vaut se reconnaîtrait ici-bas dans le monde, par un jugement fondé sur l'expérience humaine.

Nous reconnaissons l'hypothèse spinoziste qui considère le bien,. »

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