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Alessandro Volta

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Au palais des Tuileries, le 6 novembre 1801, Napoléon, debout, reçoit Volta et lui offre le tribut de son admiration et de ses louanges. Les deux hommes se regardent en face, l'un avec le regard audacieux du dominateur prêt à toutes les entreprises ; l'autre avec le regard tranquille du savant, qui, étranger au monde, vit dans la méditation. A ce moment, tous les deux tendent également leur âme vers l'avenir pour deviner le destin réservé à leurs Oeuvres respectives. Et tandis que, peut-être, le Premier Consul entrevoyait déjà la fragilité des conquêtes moissonnées, l'illustre physicien se répétait tout bas et avec un orgueil contenu, les paroles d'Horace : Exegi monumentum aere perennius... Son monument, Volta l'avait édifié par une longue et nombreuse série d'inventions et de découvertes dont le point culminant avait été celle de la pile qui porte son nom. Il avait commencé avec "l'électrophore" qui, à trente ans, lui avait d'un seul coup assuré une célébrité mondiale. L'année suivante, pendant qu'il canotait le long des rives du lac Majeur, il avait recueilli les bulles gazeuses qui s'élèvent de la vase submergée et avait découvert que "l'air" dont elles sont formées différait de tous les autres que l'on connaissait jusqu'alors. Il l'appela "air natif des marais" ; c'est le "méthane". Ayant provoqué par une étincelle la combustion en vase clos des "airs" inflammables, il se trouva ainsi conduit, en 1777, à inventer le "pistolet", ultérieurement dit "de Volta" ; lequel, bientôt transformé en "eudiomètre", fut l'instrument que Gay-Lussac et Humboldt s'accordèrent à définir "le plus exact et le plus précieux" pour l'analyse chimique.

« Alessandro Volta Au palais des Tuileries, le 6 novembre 1801, Napoléon, debout, reçoit Volta et lui offre le tribut de son admiration et de ses louanges.

Les deux hommes se regardent en face, l'un avec le regard audacieux du dominateur prêt à toutes les entreprises ; l'autre avec le regard tranquille du savant, qui, étranger au monde, vit dans la méditation.

A ce moment, tous les deux tendent également leur âme vers l'avenir pour deviner le destin réservé à leurs Oeuvres respectives.

Et tandis que, peut-être, le Premier Consul entrevoyait déjà la fragilité des conquêtes moissonnées, l'illustre physicien se répétait tout bas et avec un orgueil contenu, les paroles d'Horace : Exegi monumentum aere perennius... Son monument, Volta l'avait édifié par une longue et nombreuse série d'inventions et de découvertes dont le point culminant avait été celle de la pile qui porte son nom.

Il avait commencé avec "l'électrophore" qui, à trente ans, lui avait d'un seul coup assuré une célébrité mondiale.

L'année suivante, pendant qu'il canotait le long des rives du lac Majeur, il avait recueilli les bulles gazeuses qui s'élèvent de la vase submergée et avait découvert que "l'air" dont elles sont formées différait de tous les autres que l'on connaissait jusqu'alors.

Il l'appela "air natif des marais" ; c'est le "méthane".

Ayant provoqué par une étincelle la combustion en vase clos des "airs" inflammables, il se trouva ainsi conduit, en 1777, à inventer le "pistolet", ultérieurement dit "de Volta" ; lequel, bientôt transformé en "eudiomètre", fut l'instrument que GayLussac et Humboldt s'accordèrent à définir "le plus exact et le plus précieux" pour l'analyse chimique. Aux alentours de 1780, il découvrit la relation quantitative qui relie la charge, la capacité et la tension électriques dans un conducteur isolé.

Simultanément, il se livre à l'étude de la métrologie électrique et propose la standardisation des électromètres, en indiquant la méthode pour les rendre comparables.

Il propose aussi l'institution internationale d'un "degré fixe et invariable de force électrique", c'est-à-dire de l'unité de différence de potentiel, et montre expérimentalement comment on peut y procéder en mesurant par une balance la force agissant entre deux disques métalliques chargés, ce qui constitue une remarquable anticipation de l'électromètre absolu.

Il parvient à conférer aux électromètres à feuilles une extraordinaire sensibilité et invente le "condensateur électrique", réussissant, au moyen de celui-ci, et à révéler et mesurer des quantités d'électricité minimes et à comparer les électromètres même dans le rapport de 1 à 2.000.

Dix-neuf ans plus tard, il perfectionnera encore ces travaux, en construisant "l'électromètre-condensateur", précieuse synthèse des deux instruments électriques. En 1793, il découvre que la dilatation isobare de l'air sec est constante à tous les degrés Réaumur du thermomètre à mercure, entre la température de la glace fondante et celle d'ébullition de l'eau.

A la même époque, il obtient une représentation analytique suggestive de la manière dont la pression et la densité de la vapeur d'eau sont fonction de la température et découvre que tension et densité sont indépendantes de la présence de l'air qui peut se trouver mêlé à la vapeur. En 1791, le monde scientifique fut mis en rumeur par la découverte de Galvani.

Celui-ci avait constaté que dans les grenouilles réséquées transversalement, dépouillées, et dont les nerfs cruraux sont mis à nu, les membres postérieurs se contractent lorsqu'un objet métallique est mis en contact avec les nerfs et que des étincelles électriques se produisent en sa présence ; ou, encore, lorsque les nerfs ayant été attachés à un crochet métallique, on touche ce dernier et le muscle de la cuisse avec un objet métallique ; et enfin que, si "l'arc" métallique, ainsi inséré entre le nerf et le muscle, est constitué d'un seul et même métal, les contractions sont faibles, tandis qu'elles sont très prononcées quand cet "arc" est constitué de deux métaux différents.

Galvani fut porté à conjecturer que ces phénomènes étaient dus à une forme particulière d'électricité, à laquelle il conféra la dénomination "d'animale".

Au prime abord, Volta ne refusa pas l'hypothèse de Galvani ; mais, déjà au cours du printemps de 1792, à la suite de ses nombreuses recherches sur les contractions musculaires, sur la saveur perçue par la langue, et sur les lueurs provoquées dans le globe oculaire, soit par suite de contacts métalliques, soit par l'effet de petites décharges électriques directes, il devait reconnaître qu'aucune électricité particulière n'agissait dans les phénomènes étudiés, mais qu'on s'y trouvait en présence de celle connue des physiciens : pour Volta, le mécanisme moteur dérive des contacts entre les conducteurs métalliques hétérogènes et la grenouille ne joue qu'un rôle de révélateur, tandis que, pour Galvani, la grenouille est à la fois moteur et révélateur.

De là, une longue polémique entre les deux savants.

Et, pendant que Volta établit une "échelle" des métaux selon leurs réciproques facultés électromotrices et découvre que, dans une chaîne fermée de conducteurs en contact, le déséquilibre moteur total est égal à la somme algébrique des déséquilibres produits à chaque contact, Eusèbe Valli et Galvani réussissaient à exciter les contractions musculaires de la grenouille sans intervention de métal, mais en mettant le nerf et le muscle directement en contact.

Volta répliqua que, dans ce contact hétérogène, un déséquilibre moteur se trouvait également provoqué et, ayant écarté tout élément biologique, il réussit à démontrer, par l'emploi d'électromètres et de multiplicateurs, que dans les contacts de conducteurs hétérogènes, particulièrement entre métaux différents, il se produit effectivement un déséquilibre électrique.

La divergence de vue entre les deux savants atteignit ainsi son maximum.

Volta se pose alors le problème d'additionner les déséquilibres de contact entre métaux différents, mais la question s'avéra pour lui très pénible parce qu'il découvrit que l'action motrice totale d'une chaîne de trois métaux ou davantage, est égale à l'action du couple constitué par le premier et le dernier de la chaîne directement en contact.

Ce dernier point, atteint en 1796, immobilisa Volta pendant trois ans, sans qu'il parvînt à découvrir la solution du problème.

Finalement, ayant constaté que les extrémités d'une chaîne de deux couples métalliques égaux et similairement disposes provoquent, lorsqu'ils sont séparés par un conducteur humide, un déséquilibre électrique double de celui provoqué par chacun des couples, il généralisa cette constatation et, ayant disposé en chaîne et dans le même sens de nombreux couples métalliques alternés avec des conducteurs humides, il parvint, en décembre 1799, à l'invention de la pile.

Le monumentum aere perennius était désormais achevé et une nouvelle époque s'ouvrait pour la science humaine et pour l'humanité tout entière.. »

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