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Alain et la politique

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Voter, ce n'est pas précisément un des droits de l'homme ; on vivrait très bien sans voter, si l'on avait la sûreté, l'égalité, la liberté. Le vote n'est qu'un moyen de conserver tous ces biens. L'expérience a fait voir cent fois qu'une élite gouvernante, qu'elle gouverne d'après l'hérédité, ou par la science acquise, arrive très vite à priver les citoyens de toute liberté, si le peuple n'exerce pas un pouvoir de contrôle, de blâme et enfin de renvoi. Quand je vote, je n'exerce pas un droit, je défends tous mes droits. Il ne s'agit donc pas de savoir si mon vote est perdu ou non, mais bien de savoir si le résultat cherché est atteint, c'est-à-dire si les pouvoirs sont contrôlés, blâmés et enfin détrônés dès qu'ils méconnaissent les droits des citoyens. On conçoit très bien un système politique, par exemple le plébiscite (1), où chaque citoyen votera une fois librement, sans que ses droits soient pour cela bien gardés. Aussi je ne tiens pas tant à choisir effectivement, et pour ma part, tel ou tel maître, qu'à être assuré que le maître n'est pas le maître, mais seulement le serviteur du peuple. C'est dire que je ne changerai pas mes droits réels pour un droit fictif.

« Voter, ce n'est pas précisément un des droits de l'homme ; on vivrait très bien sans voter, si l'on avait la sûreté, l'égalité, la liberté.

Le vote n'est qu'un moyen de conserver tous ces biens.

L'expérience a fait voir cent fois qu'une élite gouvernante, qu'elle gouverne d'après l'hérédité, ou par la science acquise, arrive très vite à priver les citoyens de toute liberté, si le peuple n'exerce pas un pouvoir de contrôle, de blâme et enfin de renvoi. Quand je vote, je n'exerce pas un droit, je défends tous mes droits.

Il ne s'agit donc pas de savoir si mon vote est perdu ou non, mais bien de savoir si le résultat cherché est atteint, c'est-à-dire si les pouvoirs sont contrôlés, blâmés et enfin détrônés dès qu'ils méconnaissent les droits des citoyens. On conçoit très bien un système politique, par exemple le plébiscite (1), où chaque citoyen votera une fois librement, sans que ses droits soient pour cela bien gardés.

Aussi je ne tiens pas tant à choisir effectivement, et pour ma part, tel ou tel maître, qu'à être assuré que le maître n'est pas le maître, mais seulement le serviteur du peuple.

C'est dire que je ne changerai pas mes droits réels pour un droit fictif. ALAIN (1) Vote par lequel un peuple abandonne le pouvoir à un homme. I - LES TERMES DU SUJET La sûreté à laquelle Alain fait allusion au début du texte désigne bien sûr la sécurité dont la révolution française a fait l'un des droits du citoyen, opposable à l'arbitraire policier. La notion de contrôle est quant à elle capitale dans la doctrine politique d'Alain : Pour l'intellectuel du parti radical, l'intervention du citoyen dans la vie politique consiste essentiellement à accorder ou refuser son quitus aux députés sortants. La définition proposée en note du plébiscite fait problème.

Il s'agit en fait d'un référendum sur le maintien au pouvoir du chef de l'Etat, éventuellement au travers d'un vote pour ou contre un projet de loi ou de traité. Rien ne permet de décréter a priori qu'on pourrait opposer la pratique référendaire à la souveraineté populaire, comme semblent suggérer ceux qui ont annoté ce texte d'Alain. II - ANALYSE DU PROBLEME Il s'agit d'évaluer le rôle et la portée du suffrage universel dans une démocratie.

Or pour Alain, le droit de vote a surtout une utilité négative : il permet au citoyen, sinon d'orienter la politique gouvernementale, tout au moins de ne pas reconduire une majorité sortante.

Ce qui devrait suffire, selon Alain, à garantir le peuple contre d'éventuels abus de pouvoir de l'exécutif. III - LES GRANDES LIGNES DE REFLEXION Dans un premier temps (qui couvre les deux premières phrases), Alain affirme que le droit de vote n'est pas l'un des droits fondamentaux de l'homme, mais le moyen pour le citoyen de s'assurer la sauvegarde de ces droits. Un second moment du texte (jusqu'à la fin du premier paragraphe) expose de manière plus détaillée le rôle du vote : contrôler, blâmer et éventuellement chasser la majorité sortante, rien de plus. Les trois dernières phrases soulignent que l'essentiel pour le citoyen est moins de pouvoir choisir le maître qui lui semble le meilleur, que de disposer du moyen légal de se débarrasser d'un mauvais maître.

Le contrôle régulier du parlement par le peuple étant à préférer à un plébiscite qui confierait une fois pour toutes le pouvoir à un seul. IV - UNE DÉMARCHE POSSIBLE A - LA FONCTION DU DROIT DE VOTE 1 - Le vote, un moyen de préserver les droits de l'homme Le premier moment du texte établit clairement que le vote n'a pas sa fin lui-même.

Il n'est qu'un moyen en vue de la préservation des autres droits de l'homme qui eux sont des biens en soi. Sécurité, égalité, liberté : il s'agit d'un droit de l'homme et de deux droits des citoyens, affirmés comme tels par la déclaration de 1789.

La sécurité garantit tout simplement le droit de l'homme à la vie, la liberté et l'égalité rendent possible dans le contexte de la cité la recherche de ce qu'Aristote appelait "la vie bonne".. »

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