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A QUOI SERT LA TECHNIQUE ?

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REMARQUES SUR LE SUJET

 

 

Nous suggérons de commencer par réfléchir sur les significations possibles du verbe « servir ». Il conviendrait aussi d'éviter le verbiage humaniste généralement de mise dès que l'on parle de technique. Par exemple on pourrait, à propos de ce sujet, affirmer en un premier temps que la technique est utile à l'homme dans la mesure où elle sert à développer son bien-être, puis, prendre dans un deuxième temps le contre-pied radical de cette position en déclarant que loin de servir l'homme, la technique tend plutôt aujourd'hui à l'asservir. Enfin, on pourrait conclure en disant que l'homme doit contrôler avec discernement le gigantesque développement de la technique. De semblables bavardages ne nous apprennent guère ce qu'est la technique. Or c'est précisément ce qu'il faut découvrir afin de ne pas parler pour ne rien dire. Il faut s'interroger sur l'essence même de la technique. Signalons qu'il en va de même lorsque le sujet rapproche directement la technique et l'homme (cf. « Est-ce l'homme qui fait la technique ou la technique qui fait l'homme? », Caen, séries C et D, session de remplacement de septembre 1976). Pour revenir à notre sujet, c'est seulement lorsque nous aurons précisé le sens du mot « technique » qu'il nous sera loisible de proposer, à l'aide de quelques exemples, une réponse à la question qui nous est posée. Nous dirons pour conclure que cette question est elle-même issue des modes de représentations et des façons de penser propres à la technique (notions d'efficacité, d'utilité, etc.).

 

DÉVELOPPEMENT

 

A première vue la question « A quoi sert la technique? » semble n'être qu'une banale invitation à dresser une liste des utilisations les plus marquantes de la technique. Devons-nous cependant, face à la question qui nous est posée, nous contenter d'une semblable énumération? Il nous apparaît au contraire qu'une telle façon de faire laisse immanquablement de côté l'essentiel en le submergeant sous un flot d'exemples. Mais alors comment procéder? Nous dirons qu'il ne faut pas vouloir se hâter de répondre à la question posée mais qu'il convient plutôt en un premier temps de chercher à la bien comprendre. Ainsi, seule une prudente marche d'approche nous permet d'atteindre le cœur de la question. C'est pourquoi, avant même de nous attacher à préciser le sens du mot « technique », nous nous demanderons ce que signifie au juste le verbe « servir ». Cette dernière interrogation peut paraître futile, mais l'on s'apercevra rapidement qu'il n'en est rien. Elle se révélera en effet fructueuse puisqu'elle nous donnera la possibilité de bien délimiter la question du sujet. Puis le gros de notre travail consistera à nous interroger sur les diverses significations du mot « technique ». Il est à noter que la réponse à la question de savoir à quoi sert la technique s'élaborera au cours de cette interrogation. Nous prendrons alors quelques exemples précis pour étayer nos dires et nous essaierons pour terminer de montrer en quoi la question « A quoi sert la technique? » relève d'une façon de penser qui provient du fond même de la technique.

 

« REMARQUES SUR LE SUJET Nous suggérons de commencer par réfléchir sur les significations possibles du verbe « servir ».

Il conviendrait aussi d'éviter le verbiage humaniste généralement de mise dès que l'on parle de technique.

Par exemple on pourrait, à propos de ce sujet, affirmer en un premier temps que la technique est utile à l'homme dans la mesure où elle sert à développer son bien-être, puis, prendre dans un deuxième temps le contre-pied radical de cette position en déclarant que loin de servir l'homme, la technique tend plutôt aujourd'hui à l'asservir.

Enfin, on pourrait conclure en disant que l'homme doit contrôler avec discernement le gigantesque développement de la technique.

De semblables bavardages ne nous apprennent guère ce qu'est la technique.

Or c'est précisément ce qu'il faut découvrir afin de ne pas parler pour ne rien dire.

Il faut s'interroger sur l'essence même de la technique.

Signalons qu'il en va de même lorsque le sujet rapproche directement la technique et l'homme (cf.

« Est-ce l'homme qui fait la technique ou la technique qui fait l'homme? », Caen, séries C et D, session de remplacement de septembre 1976).

Pour revenir à notre sujet, c'est seulement lorsque nous aurons précisé le sens du mot « technique » qu'il nous sera loisible de proposer, à l'aide de quelques exemples, une réponse à la question qui nous est posée.

Nous dirons pour conclure que cette question est elle-même issue des modes de représentations et des façons de penser propres à la technique (notions d'efficacité, d'utilité, etc.). DÉVELOPPEMENT A première vue la question « A quoi sert la technique? » semble n'être qu'une banale invitation à dresser une liste des utilisations les plus marquantes de la technique.

Devons-nous cependant, face à la question qui nous est posée, nous contenter d'une semblable énumération? Il nous apparaît au contraire qu'une telle façon de faire laisse immanquablement de côté l'essentiel en le submergeant sous un flot d'exemples.

Mais alors comment procéder? Nous dirons qu'il ne faut pas vouloir se hâter de répondre à la question posée mais qu'il convient plutôt en un premier temps de chercher à la bien comprendre.

Ainsi, seule une prudente marche d'approche nous permet d'atteindre le cœur de la question.

C'est pourquoi, avant même de nous attacher à préciser le sens du mot « technique », nous nous demanderons ce que signifie au juste le verbe « servir ».

Cette dernière interrogation peut paraître futile, mais l'on s'apercevra rapidement qu'il n'en est rien.

Elle se révélera en effet fructueuse puisqu'elle nous donnera la possibilité de bien délimiter la question du sujet.

Puis le gros de notre travail consistera à nous interroger sur les diverses significations du mot « technique ».

Il est à noter que la réponse à la question de savoir à quoi sert la technique s'élaborera au cours de cette interrogation.

Nous prendrons alors quelques exemples précis pour étayer nos dires et nous essaierons pour terminer de montrer en quoi la question « A quoi sert la technique? » relève d'une façon de penser qui provient du fond même de la technique. La technique, au premier abord, semble servir à beaucoup de choses.

Parmi ces « choses », nous pouvons citer, au fur et à mesure que des exemples nous viennent à l'esprit, le bien-être et le confort de l'homme, dus aux appareils ménagers, aux avions, aux trains, aux automobiles, etc.

Mais nous savons aussi que la technique sert à mettre au point des armes redoutables.

Nous nous apercevons alors que nous risquons de nous enferrer dans nos propres exemples sans avancer d'un pas.

Il ne s'agit donc pas pour nous de multiplier les exemples en prétendant répondre ainsi à la question qui nous est posée.

Nous devons avant tout nous efforcer de bien comprendre celle-ci.

Pour ce faire, nous nous proposons en un premier temps d'analyser les différents sens possibles du verbe « servir ».

Dans le libellé de notre sujet, le verbe « servir » apparaît sous sa forme transitive indirecte : « servir à ».

Il signifie dans ce cas soit « être utilisé à ou être utilisé pour », soit « être utile à ».

Si nous considérons le premier sens, nous constatons que la question du sujet nous invite à réfléchir sur les utilisations de la technique.

Mais si nous considérons le second sens, nous voyons qu'il s'agit de s'interroger sur l'utilité de la technique.

Nous percevons d'emblée que cette dernière interrogation est à la fois plus vaste et plus dense que la première dont elle constitue en quelque sorte la toile de fond.

Retenons dès à présent ce point pour la suite de notre investigation.

Mais si nous remontons maintenant de la forme transitive indirecte (servir à) à la forme transitive directe (servir), nous obtenons encore d'autres précisions sur la question du sujet.

En effet, dire par exemple que la technique sert l'homme sousentend que celui-ci en est le maître.

En d'autres termes, la technique serait sous la dépendance de l'homme, elle serait même très exactement l'esclave de ce dernier.

Qu'est-ce qui nous permet d'affirmer cela? Tout simplement la provenance du verbe « servir ».

Le verbe français « servir » vient du verbe latin servire qui signifie originellement « être esclave, être soumis à, être sous la dépendance de » (cf.

le latin servus : esclave).

La question qui nous est posée se précise donc de plus en plus. Nous nous apercevons en effet que l'interrogation sur l'utilité de la technique recèle un présupposé que notre analyse succincte du verbe « servir » vient de mettre au jour.

Ce présupposé consiste à envisager la technique comme un moyen aux mains de l'homme.

L'homme maîtriserait la technique et pourrait par conséquent l'utiliser à sa guise.

Mais n'est-ce pas l'inverse qui se produit aujourd'hui? N'est-on pas en droit d'affirmer qu'à notre époque l'homme est devenu le jouet et l'esclave de la technique? On a souvent l'impression que la technique tend plus à asservir l'homme qu'à le servir.

Si de telles affirmations prennent assurément le contre-pied des précédentes, elles appartiennent toutefois au même horizon que celles-ci.

En effet, au lieu de souligner le caractère utile de la technique, elles insistent sur son caractère nuisible sans jamais cependant remettre en question le présupposé qui voit dans la technique un moyen dont disposerait l'homme.

Dans la première hypothèse, l'homme maîtrise ce moyen, tandis que dans la seconde il ne le maîtrise plus.

Mais dans une hypothèse comme dans l'autre, c'est toujours de l'interprétation globale de la technique en tant que moyen qu'il s'agit.

On peut, si l'on aime les compromis, émettre une troisième hypothèse et dire que la technique est utile à l'homme mais qu'elle risque de devenir nuisible s'il en use mal.

Une telle façon d'envisager les choses ne change rien.

En effet, même dans cette. »

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