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À quoi reconnaît-on qu'un événement est historique ?

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« Introduction.

— L'histoire, dit-on, a pour objet le passé des sociétés humaines.

Cette définition implique les conditions que doit remplir un événement pour être déclaré historique. I — Il doit s'être réellement passé et ensuite appartenir au passé, non au présent ou, moins encore, à l'avenir. « Historique » suggère avant tout : qui a réellement eu lieu, dont la réalité, au besoin, a été établie scientifiquement.

« Historique » s'oppose à « légendaire », à « romanesque » ou « romancé », à « imaginaire » et termes analogues. Cet adjectif évoque moins l'idée d'appartenance au passé.

il n'en est pas moins vrai qu'il faut un recul notable pour juger de l'historicité au sens du mot dans le contexte actuel.

Parfois, sans doute, il nous semble assister ou même nous attendre à un événement historique : c'est que, dans ce cas, nous transportant par la pensée dans l'avenir, nous apprécions l'événement, tel que, à notre sens, il sera alors jugé.

Prévision bien audacieuse, étant donnée la complexité de l'histoire. II.

— N'est historique, en effet, que l'événement qui intéresse une société humaine, et la modifie d'une façon notable. Si dramatique soit-il, on ne considère pas comme un événement historique le meurtre d'un individu, à moins qu'il ne s'agisse d'un souverain ou d'un grand homme d'État dont la disparition criminelle risque d'entraîner de graves troubles dans le domaine national ou international. Mais dès que l'existence d'un important groupe humain se trouve notablement modifiée, l'événement qui est à l'origine de cette modification prend, quel qu'il soit, une dimension historique : il peut être d'ordre physique, comme un tremblement de terre, un vaste incendie, une sécheresse entraînant la famine...; ce furent, plus souvent, provoquées par l'ambition de conquérants ou d'hommes politiques, des guerres ou des révolutions intestines, principal objet de l'histoire d'autrefois ; il a même suffi, venant d'une haute instance politique, d'un discours de quelques minutes, d'une communication par la voie diplomatique, voire d'un document altéré intentionnellement — telle la fameuse dépêche d'Ems —, pour que soit retournée la situation de tout un peuple.

Ce furent là des événements historiques. Conclusion.

— On le voit : la notion d'événement historique est relative.

De nos jours, on tend même à déprécier, par le néologisme d' « événementielle », l'histoire qui attribue la première place aux faits qui paraissent marquer une rupture brusque : tels sont le renversement d'une dynastie ou la révocation d'un grand ministre.

On estime plus important l'état social qui résulte d'un ensemble de faits individuels.

Néanmoins, il faudra bien qu'il se produise dans cet état un changement de caractère quelque peu explosif pour qu'on parle d'événement historique. .../...

Seconde correction .../... « La science sociale a presque horreur de l'événement.

Non sans raison : le temps court est la plus capricieuse, la plus trompeuse des durées.

» Braudel, Écrits sur l'histoire, 1969. « Qu'est-ce qu'un événement? Est-ce un fait quelconque? Non pas.

C'est un fait notable.

Or comment l'historien juge-t-il qu'un fait est notable ou non ? Il en juge arbitrairement, [...] car les faits ne se divisent pas, de leur propre nature, en faits historiques et en faits non historiques.

» Anatole France, Le Jardin d'Épicure, 1894. « C'est la multiplicité et la durée des effets produits, c'est l'intensité de la répercussion dans l'espace et dans le temps qui caractérisent l'événement.

[...] De même qu'il y a des hasards indifférents et des événements, il y a des individualités négligeables et des personnages.

» Henri Berr, La Synthèse en histoire, 1911.. »

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