A quoi bon réfléchir à nos désirs ?
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«
INTRODUCTION
Le peut être communément défini comme une tendance consciente d'elle-même ;une tendance accompagnée d'une
certaine conscience de celle-ci.
Le désir n'est donc ni sentiment ni sensation, ni pulsion : en ce sens nous est-il
alors possible de réfléchir sur nos désirs ? A quoi bon réfléchi à nos désirs ? Réfléchir signifie mener un acte de
raisonnement, de rationalisation peut-être en vue de comprendre et de tenir nos désirs ? A quoi bon réfléchir à nos
désirs ?
PROPOSITION DE PLAN
I.
Une réflexion sur nos désirs est-elle possible ? Est-elle souhaitable ?
1.
Comment penser le désir ?
TEXTE THOMAS D'AQUIN (texte intégral de l'article sur la bibliothèque Tradere).
"Toute passion est-elle mauvaise moralement ? (...) Sur cette question, stoïciens et péripatéticiens ont pensé
différemment.
Les premiers disent que toutes les passions sont mauvaises ; les seconds, que les passions bien
réglées sont bonnes.
Cette divergence d'opinion, si grande qu'elle paraisse dans les termes, est nulle au fond, ou du
moins légère, si l'on veut bien considérer ce qu'entendent les uns et les autres.
Les stoïciens ne distinguaient pas
entre le sens et l'intelligence ni, par suite, entre l'appétit intellectuel et l'appétit sensible.
Ils ne pouvaient donc
distinguer les passions de l'âme des mouvements de la volonté, selon que les passions se trouvent dans l'appétit
sensible, et les mouvements simples de la volonté dans l'appétit intellectuel.
Tout mouvement rationnel de la partie
affective, ils l'appelaient alors volonté ; et passion, tout mouvement qui sortait des limites de la raison.
C'est ainsi
que Cicéron, à leur suite, appelle toutes les passions des maladies de l'âme.
(...) Quant aux Péripatéticiens, ils
appellent passions tous les mouvements de l'appétit sensitif.
Ils les estiment bonnes quand elles sont réglées par la
raison, et mauvaises quand elles ne le sont pas.
(...) En effet les passions ne sont maladies ou troubles de l'âme que
lorsqu'elles échappent à la raison".
2.
De la raison ou de la passion, que faut-il opposer à la passion ?
TEXTE Jean-Jacques ROUSSEAU, La Nouvelle Héloise, VIII in Oeuvres
complètes, t.
II, Paris,
"Comment réprimer la passion même la plus faible, quand elle est sans
contrepoids ? Voilà l'inconvénient des caractères froids et tranquilles : tout
va bien tant que leur froideur les garantit des tentations ; mais s'il en survient
une qui les atteigne, ils sont aussitôt vaincus qu'attaqués ; et la raison, qui
gouverne tandis qu'elle est seule, n'a jamais de force pour résister au moindre
effort.
Je n'ai été tenté qu'une fois, et j'ai succombé.
Si l'ivresse de quelque
autre passion m'eût fait vaciller encore, j'aurais fait autant de chutes que de
faux pas.
Il n'y a que les âmes de feu qui sachent combattre et vaincre ; tous les
grands efforts, toutes les actions sublimes sont leur ouvrage : la froide raison
n'a jamais rien fait d'illustre, et l'on ne triomphe des passions qu'en les
opposant l'une à l'autre.
Quand celle de la vertu vient à s'élever, elle domine
seule et tient tout en équilibre.
Voilà comment se forme le vrai sage, qui n'est
pas plus qu'un autre à l'abri des passions, mais qui seul sait les vaincre par
elles-mêmes, comme un pilote fait route par les mauvais vents".
Gallimard,
Bibl.
de la Pléiade, p.
493.
Ce que défend ce texte:
Dans son sens étymologique, le mot «passion» désigne la souffrance (grec
pathos) que subit l'âme, sous l'impulsion de sentiments ou d'émotions qui dominent l'emprise que celle-ci peut avoir
sur elle-même et qui altèrent la lucidité de ses jugements.
La jalousie, la colère, le désespoir, sont quelques-unes de ces souffrances que le théâtre classique du 17 siècle a su
si bien illustrer, en mettant en scène des «types» de passion-nés, comme Alceste (dans Le Misanthrope, de
Molière), soumis à sa passion mélancolique.
La philosophie grecque avait opposé à l'inquiétude des passions le
pouvoir de maîtrise que notre raison est capable d'instaurer en nous-mêmes.
Rousseau revient dans ce texte sur le
prétendu combat entre la raison et les passions.
Comment les hommes pourraient-ils réprimer par l'obéissance à la raison une passion, demande-t-il, même la plus
faible, alors qu'elle est «sans contrepoids» ? La raison ne peut être un contrepoids aux passions car elle n'est pas de
même nature qu'elles.
La raison est une faculté, la «lumière naturelle» selon l'image de Descartes, dont use notre
esprit pour atteindre des vérités.
Or les passions sont des forces qui trouvent leur énergie dans le dynamisme de nos instincts et de nos appétits.
II
n'y a donc pas à opposer la raison et les passions, car seule une passion peut s'opposer à une autre, et la raison ne
peut avoir aucun effet sur elles.
Aussi les raisonneurs, ces «caractères froids et tranquilles», ont beau jeu de préconiser une lutte acharnée contre
elles.
Ils ne parlent ainsi que le temps où aucune tentation ne les domine, mais «s'il en survient une qui les atteigne,.
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