A quoi bon penser ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
L'interrogation « à quoi bon » renferme couramment une nuance de désillusion, de déception : on fait des efforts
pour une chose qui nous semble finalement inutile et on se demande pourquoi l'on fait tant d'efforts pour si peu de
résultats.
Mais si on la prend au pied de la lettre, la nuance de désillusion disparaît, et l'interrogation porte alors sur
la destination d'une activité donnée.
L'activité ici en question, c'est celle de « penser ».
Penser, si on définit ce mot de manière générale, c'est concevoir des idées, des rapports entre les choses, par notre
faculté intellectuelle rationnelle, c'est élaborer mentalement des raisonnements.
Cela demande un effort, dont
l'utilité semble ici remise en cause.
Il faudra donc à la fois expliciter ce soupçon porté sur la pensée, et dégager ce
que l'exercice de la pensée peut avoir de singulier afin de voir en quoi le fait de penser demeure fondamental pour
l'homme, malgré toutes les déceptions que l'on peut connaître à son égard.
Proposition de plan
I.
Les raisons du soupçon sur l'utilité du fait de penser
On peut comprendre en premier lieu l'interrogation « à quoi bon » avec son sens de désillusion : d'où peut provenir
cette désillusion quant au fait de penser ? Est-ce parce que l'effort de la pensée n'est pas assez productif ? Parce
qu'on peut obtenir les mêmes résultats par d'autres moyens moins contraignants ? Ou bien parce que la puissance
de la pensée est défaite par d'autres puissances ? Que vaut la pensée, si la pensée est déconsidérée ? Que faire
également des mécanismes inconscients : si nous ne nous connaissons que dans une proportion réduite, peut-on
être sûrs de penser sans se tromper ?
Nietzsche, Le Gai savoir
« La méditation a perdu toute sa dignité extérieure ; on a tourné en ridicule le cérémonial et l'attitude solennelle de
celui qui réfléchit ; on ne pourrait plus supporter un sage de la vieille école.
Nous pensons trop vite, et en pleine
marche, en chemin, au milieu d'affaires de toutes sortes, même quand c'est aux choses les plus graves ; nous
n'avons besoin que de peu de préparation, et même de peu de silence ; tout se passe comme si nous avions dans la
tête une machine qui tournât incessamment et qui poursuivît son travail jusque dans les pires circonstances.
Autrefois, quand quelqu'un voulait se mettre penser c'était une chose exceptionnelle ! on s'en apercevait tout de
suite ; on remarquait qu'il voulait devenir plus sage et se préparait à une idée : son visage se composait comme il le
fait dans la prière ; l'homme s'arrêtait dans sa marche ; il demeurait même immobile pendant des heures dans la rue
sur une jambe ou sur les deux, quand l'idée venait.
La chose valait alors cette peine.
»
Il sera utile également pour cette partie de se référer au scepticisme (à Montaigne, par exemple).
II.
Les usages de la pensée
La désillusion à l'égard de la pensée a de multiples motifs, mais cela suffit-il pour préférer ne plus penser ? Malgré
toutes ses incertitudes, la pensée semble être un lien puissant de l'homme avec lui-même, dans la mesure où il la
possède individuellement et la maîtrise, même imparfaitement.
Malgré le risque d'erreur ou d'impuissance, il semble
donc important de ne pas renoncer à penser.
Descartes, Discours de la méthode.
»
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