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A quels besoins l'art peut-il répondre ?

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« VOCABULAIRE: ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel).

2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive. Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté. BESOIN: Ce qui est nécessaire à l'existence, à la conservation ou au développement d'un être vivant. En dehors des besoins strictement vitaux (boire, manger, dormir), on peut identifier chez l'homme des besoins spirituels et moraux (aimer, être aimé, être reconnu, etc.) dont semble dépendre son épanouissement. • Premier exemple de plan (en deux parties) : Il convient de prendre ici besoin en un sens très large, qui englobe les désirs aussi bien que les besoins au sens restreint.

Les besoins auxquels l'art peut répondre sont aussi nombreux que les fonctions de l'art.

De plus, le sujet laisse ouverte la différence entre le créateur et l'amateur d'art : celui-ci ne trouve pas dans l'art la même chose que celui-là. I.

Les fonctions traditionnelles de l'art Ce que nous 1) Fonctions 2) Fonctions 3) Fonctions 4) Fonctions appelons oeuvre d'art a été autrefois revêtu de fonctions multiples. magiques (le besoin de se rassurer, de dominer, etc.) ; exemple : les peintures préhistoriques. religieuses (croire, vénérer, aimer, etc.) ; exemples : les Vierges romanes, les cantates de J.-S.

Bach. politiques (commander et obéir, vénérer, etc.) ; exemple : les effigies du roi. techniques (se servir de, utiliser, etc.) ; exemple : un vase, une serrure, une maison. II.

L'art réduit à sa seule fonction esthétique À quel besoin peut-il répondre aujourd'hui ? Nous ne croyons plus au fantôme du mammouth, ni à la Vierge Marie, nous n'obéissons plus au roi, et un objet technique est devenu une oeuvre d'art dans la mesure où il ne nous sert plus à rien d'autre qu'à être une oeuvre d'art. 1) Besoin d'expression.

S'exprimer, c'est sortir au dehors de soi-même.

Le premier de tous les enfermements — le plus terrible aussi (c'est celui du fou) — est de ne plus pouvoir sortir de soi-même.

Une oeuvre d'art est à la fois le témoignage du génie de l'homme et une invitation au voyage. 2) Besoin de s'assurer un sens contre la mort et le néant.

L'art est la preuve qu'il y a quelque chose d'autre que l'absurdité de la matière — la présence de l'esprit et la première forme de l'immortalité. Pour autant de raisons, l'art ne mourra pas. • Deuxième exemple de plan (en deux parties) : De l'universalité et de la permanence de l'art, on peut déduire qu'il répond à des besoins.

Baudelaire disait que l'homme avait plus (ou autant) besoin de poésie que de pain.

Certes, ce point de vue pourrait sembler idéaliste.

Un besoin se définit par sa nécessité, il est ce dont on ne peut se passer.

La question revient donc à se demander les raisons de la nécessité de l'art. On essaiera de conjuguer le point de vue de l'artiste (à quelle nécessité répond-il en créant ?) et celui de l'esthète (quel besoin l'art satisfait-il chez lui ?).

On distinguera les besoins d'ordre psychologique et les besoins d'ordre socio-historique. I.

Les besoins d'ordre psychologique 1) Imprimer au monde sa trace : toute expression est une impression : il s'agit de montrer, de prouver même au monde, aux autres, à soi, qu'on existe.

Tout enfant aime marcher dans la neige fraîche, cueillir des fleurs, lancer des pierres dans l'eau, brûler des branches ; face au monde des choses, il se pose comme sujet agissant, conscient et volontaire. 2) La trace laissée derrière soi, si elle a quelque chance de rester après la mort, est une sorte de gage symbolique contre l'angoisse et le destin, le signe d'un désir d'immortalité qui existe même chez les non-croyants.

Platon disait qu'il y a deux manières de gagner l'immortalité dès cette vie : en ayant des enfants et en produisant des oeuvres. 3) Il y a un besoin d'évasion, de transcendance, de dépassement, d'idéal.

Beethoven disait : celui qui aura compris ma musique sera à jamais délivré des misères où les autres hommes se traînent.

Jusqu'à la Renaissance, la majeure partie de l'art était au service du religieux, puis l'art remplaça le religieux, du caractère sacré duquel il hérita (l'oeuvre d'art est aujourd'hui celle qui reçoit le plus de marques de respect). 4) On peut parler d'une dialectique de l'affirmation de soi et du dépassement de soi à propos de l'art.

Sortir de soi pour échapper à la tyrannie de la médiocrité ou de la folie. 5) L'art sublime les pulsions et les désirs.

D'une pierre deux coups : il y a satisfaction réelle, mais au service de la civilisation.

Ce qui nous conduit au deuxième groupe de besoins. II.

Les besoins d'ordre socio-historique 1) Marx écrivait : dans la société future, il n'y aura plus de Raphaël, mais des gens qui, entre autres, feront de la peinture.

L'art est un effet, un produit et un signe de la division du travail.

Le monde ne peut pas être saisi directement : au même titre que les mots, les sons et les images sont des médiations nécessaires pour capturer et apprivoiser la sauvagerie des éléments et des êtres.

C'est ainsi que l'art a commencé (peintures des cavernes), et il n'est pas sûr, malgré la science et la technique, que cette dimension ait entièrement disparu. 2) L'art donne au monde du sens.

II est la réponse qu'une culture lance au défi de l'univers. 3) Ce sens est particulier à chaque culture.

L'identité culturelle d'un peuple est forgée autant par son art (son style) que par sa langue. Une manière de dessiner, de jouer de la musique, est une affirmation forte de soi. 4) L'homme a autant besoin de jeu que de travail, et l'art lui offre l'occasion de construire une synthèse idéale.

Grâce à l'art, le travail et le loisir, la liberté et la nécessité de respecter les règles sont réunis.

L'artiste crée ses règles même lorsqu'il croit les respecter — et c'est cette infidèle fidélité qui est la marque du travail créateur.

Quand un musicien commence à composer ou à jouer, nulle part au monde son oeuvre n'est encore inscrite : l'art est un enrichissement de monde. Conclusion : parce que les déterminations sont nombreuses, l'art semble assuré de son éternité future.

Cependant, les besoins que nous avons identifiés sont autant, sinon plus, des désirs que des besoins à proprement parler.

Cependant, il convient de relativiser contre l'idéalisme esthétique : en amont comme en aval, l'art n'a jamais concerné qu'un petit nombre d'individus.. »

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