"Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or."
Publié le 26/10/2023
Extrait du document
«
"Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or."
🕒 4 heures ⌨ 20 points
Intérêt du sujet • Le sujet vous permet d'approfondir votre lecture des Fleurs du mal et de la
mettre directement en relation avec la problématique annoncée par le titre du parcours.
► Baudelaire, dans l'appendice aux Fleurs du mal, écrit : « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de
l'or.
» En quoi ce vers éclaire-t-il votre lecture du recueil de Baudelaire ?
Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté, en vous appuyant sur
votre lecture du recueil Les Fleurs du mal de Baudelaire et sur les autres textes étudiés dans le
cadre du parcours « Alchimie poétique : la boue et l'or ».
LES CLÉS DU SUJET
Analyser le sujet
Formuler la problématique
Comment cette formule provocante permet-elle de mieux comprendre l'esthétique de
Baudelaire et sa conception du rôle du poète ?
Construire le plan
Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie.
Introduction
La publication des Fleurs du mal de Baudelaire cause un
scandale qui aboutira à un procès pour "outrage à la
morale publique et aux bonnes mœurs".
[Citation] Quand Baudelaire, dans l'appendice aux Fleurs du mal, écrit « Tu m'as donné ta boue
et j'en ai fait de l'or.
», il développe le sens de l'oxymore du titre qu'il a choisi pour son recueil et
nous ouvre son laboratoire.
[Problématique] Nous verrons comment cette formule provocante permet de mieux
comprendre l'esthétique baudelairienne.
[Annonce du plan] Nous commencerons par étudier la présence du mal dans le recueil [I], puis
nous nous demanderons ce qui fait la beauté du mal et provoque à la fois fascination et
répulsion [II] ; enfin, nous verrons que cette transmutation presque alchimique que suppose la
formule baudelairienne est le propre de toute poésie [III].
I.
La présence du mal
1.
Un titre explicite ?
Le titre d'une des six sections du recueil, devient le titre de l'ensemble et caractérise donc tous
les poèmes aussi bien ceux du Spleen que ceux de l'Idéal.
■ Baudelaire « dédie ces fleurs maladives », à Théophile Gautier ; chaque poème serait alors
une « fleur maladive » où s'exprime la souffrance du poète.
à noter
« Des poètes illustres s'étaient partagés depuis longtemps les provinces les plus fleuries du
domaine poétique.
Il m'a paru plaisant, et d'autant plus agréable que la tâche était plus difficile,
d'extraire la Beauté du mal.
» (Baudelaire, projet de préface, 1857)
■ Mais le titre Les Fleurs du mal dépasse l'expérience personnelle du poète pour extraire les
fleurs hors du mal (sens local de la préposition « du ») : le mal devient susceptible de produire la
beauté.
■ La relation entre les fleurs et le mal peut aussi être une relation de possession : les fleurs
appartiennent au mal dont le poète deviendrait le porte-parole.
2.
La thématique du mal
La thématique du mal est présente sous différents aspects dans le recueil.
■ Elle se glisse dans la section « Spleen et Idéal » sous la forme du spleen, ce mal qui ronge le
poète et qui empêche toute action et toute élévation (voir les quatre poèmes intitulés
« Spleen »).
■ Le mal trouve sa personnification dans les appels à la figure de Satan : le Diable est associé à
l'Ennui (« Au lecteur »), et de nombreux poèmes décrivent à plaisir des lieux infernaux et les
supplices qui s'y pratiquent.
■ Le mal présente la double figure de la Débauche et de la Mort offrant « de terribles plaisirs et
d'affreuses douceurs » (« Les deux bonnes sœurs »).
[Transition] Comment cette omniprésence de la mort, de la débauche, de figures infernales
peut-elle être, paradoxalement, source de beauté ?
II.
La beauté du mal
1.
Une beauté sinistre et froide
à noter
« Ce livre, dont le titre Fleurs du mal dit tout, est revêtu, vous le verrez, d'une beauté
sinistre et froide ; il a été fait avec fureur et patience.
» (Lettre de Baudelaire à sa
mère, le 9 juillet 1857)
Comment dire la beauté du mal ? Quelles seraient les caractéristiques d'une esthétique du mal ?
■ Baudelaire refuse le sentimentalisme, comme il l'écrit dans L'Art romantique : « La sensibilité
du cœur n'est absolument pas favorable au travail poétique.
»
■ Il recherche au contraire la violence du tragique : « Ce qu'il faut à ce cœur profond comme un
abîme,....
»
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