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La ville dans les îles britanniques (1558-1688)

Publié le 16/10/2023

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« Gaëtan Martinod La ville dans les îles britanniques (1558-1688) HK Intro : La ville Milieu géographique et social formé par une réunion importante de constructions abritant des habitants qui travaillent, pour la plupart, à l'intérieur de l'agglomération.

(Dictionnaire Le Robert) Iles britanniques Les îles Britanniques forment un archipel de l'océan Atlantique situé au nord-ouest de l’Europe continentale comprenant principalement la Grande-Bretagne et l’Irlande ainsi que de nombreuses îles plus petites situées à proximité. Les villes britanniques se distinguaient des villages par l’importance de leur population mais aussi par une organisation politique complexe, établie par une charte royale ou seigneuriale, par une économie tournée vers l’artisanat, par un paysage particulier, puisqu’elles étaient le plus souvent entourées de murailles, surtout en Irlande et en Écosse, et, enfin, par une histoire célébrée par l’iconographie et la tradition érudite locale.

Ces différents éléments se mêlaient pour définir la ville à l’époque moderne et il est difficile d’en fixer un seuil minimal d’habitants. Les villes étaient nombreuses dans le sud de l’Angleterre et peu nombreuses dans le nord et dans le pays de Galles. Londres écrase littéralement la hiérarchie urbaine elle possède plus de 10 % de la population anglaise en 1700 2,5 % seulement des Écossais vivaient dans des villes de plus de 2 500 habitants dans les années 1560. L’Irlande se caractérisait par une relative absence de villes. Nous allons demander britanniques ? comment les villes s’organisent dans les îles Distribution des villes sur le territoire Hiérarchie citadine Londres, une métropole Hors Norme I) Distribution des villes sur le territoire A) Un réseau déséquilibré L’Angleterre connait aux XVIe et XVIIe siècles une indéniable urbanisation : environ 4 % de la population vivaient dans des villes de plus de 5 000 habitants dans les années 1520 et plus de 11 % dans les années 1650. Cependant, il faut garder à l’esprit que pour les contemporains la ville n’était pas définie par un seuil de 5 000 habitants : les petits bourgs ruraux de 400 habitants étaient bien souvent considérés comme des villes. 1 Gaëtan Martinod La ville dans les îles britanniques (1558-1688) HK À la fin du XVIIe siècle, plus de 90 % des 1 000 premières villes du royaume comptaient moins de 2 500 habitants. Londres écrase littéralement la hiérarchie urbaine anglaise.

Quelques capitales provinciales, dont Norwich, Bristol, Exeter, York et Newcastle, rayonnent sur les provinces anglaises les plus éloignées de Londres.

Elles sont de taille modeste à l’échelle européenne puisque si elles dépassent 10 000 habitants, elles atteignent rarement les 20 000. En Ecosse, la majeure partie des villes se concentre à l’est.

Vers 1700, Édimbourg qui, avec son port (Leith), abritait environ 35 000 habitants, et Glasgow avec 17 000 habitants étaient les plus grandes agglomérations du royaume.

Aberdeen et Dundee, les capitales du Nord, étaient les deux seules villes qui comptaient entre 5 000 et 10 000 habitants.

L’Irlande se caractérisait par une relative absence de villes.

Les plus grandes se trouvaient sur les côtes comme Dublin, Cork, Limerick et Waterford ; Kilkenny.

La colonisation anglaise au cours du XVII siècle a entraîné la création administrative de nombreuses villes mais leur population est demeurée très faible.

À la fin du XVII siècle, Cork ne comptait que 20 000 habitants et Limerick et Waterford ne dépassaient pas 5 000 habitants. 2 Gaëtan Martinod La ville dans les îles britanniques (1558-1688) HK B) Villes comtales (county towns) et villes-marchés (market towns) Une centaine de villes comtales oscillaient entre 1 500 et 10 000 habitants. Entourées de murailles qui les séparaient nettement du plat pays, elles hébergeaient une ou plusieurs administrations locales tels l’évêché, la commission des juges de paix ou la cour du sheriff, et accueillaient plusieurs marchés hebdomadaires et des foires annuelles.

À Winchester, un marché se tenait chaque semaine dans la grand-rue, et sur une place près de la cathédrale, une maison abritait les poids et les mesures de la ville ainsi que la cloche qui annonçait l’ouverture du marché et des deux foires annuelles.

Une structure économique et sociale complexe favorisait la domination de ces villes comtales sur les villes-marchés et les 3 Gaëtan Martinod La ville dans les îles britanniques (1558-1688) HK campagnes des alentours : les marchands de Worcester organisaient ainsi une partie de la production textile du West Country ; des villes comme Canterbury, Maidstone ou Faversham dans le Kent recrutaient leurs apprentis dans une zone rurale de 11 miles autour d’elles. Certaines villes se développent grâce à l’industrie du textile ou de la métallurgie. La base de la hiérarchie urbaine anglaise et galloise était constituée par un réseau, plus ou moins dense selon les comtés, de villes-marchés ; selon les estimations, leur nombre oscillait entre 600 et 800 aux XVIe et XVIIe siècles.

Ces villes étaient organisées autour d’un marché hebdomadaire qui se tenait, par exemple, tous les jeudis à Dorking (Sussex) avec, en plus, une foire annuelle le jour de l’Ascension.

Elles se différenciaient des villages des environs à la fois par une topographie spécifiquement urbaine ainsi que par la présence de boutiques permanentes et d’une assez grande variété d’artisans.

À la fin du XVIe siècle, les plus importantes d’entre elles commencèrent à se spécialiser autour d’un ou plusieurs produits agricoles qu’elles diffusaient à l’échelle régionale, voire nationale : Farnham (Surrey), qui comptait seulement 1 400 habitants en 1664, fut ainsi un des principaux marchés céréaliers où s’approvisionnaient les marchands londoniens. À la fin de la période, les villes-marchés et les villes comtales réunirent la majorité de la population urbaine (54 % en 1700) suite à la décélération de la croissance urbaine londonienne après 1650. II) Hiérarchie citadine A) Statuts et discours Les contemporains avaient bien des difficultés à apprécier la diversité des sociétés urbaines et à reconnaître la particularité de ses élites urbaines. Ainsi William Harrison dans The Description of England (1577) élaborait de subtiles nuances au sein des élites foncières (county, parish gentry, esquire), mais regroupait 90 % des individus restants sous l’expression de commoners.

Mais parallèlement à ces traités qui insistent sur l’importance des statuts, des rangs et des honneurs hérités de la période médiévale, les contemporains utilisent des expressions plus directement liées à la position économique et professionnelle des individus.

Ainsi, on assiste à partir de la période élisabéthaine, à l’émergence d’une distinction tripartite mal définie entre les lower sort, middling sort, richer sort.

Cette nouvelle taxinomie se renforça pendant la première révolution et témoignent des nouvelles dynamiques sociales générées par l’inflation, les migrations et l’essor des villes. Le langage autour des sorts s’inscrit dans une perspective morale et géographique.

Les lower sort étaient aussi associés aux qualificatifs 4 Gaëtan Martinod La ville dans les îles britanniques (1558-1688) HK d’ordinaire, de vulgaire d’ignorant.

Suspectés de circuler d’une paroisse à une autre en quête de charité, ils étaient suspectés de duplicité et de rouerie.

Inversement, les middle sort étaient liées à une communauté bien définie, dans le cadre d’une ville ou d’un comté.

Ainsi lors des affrontements militaires des années 1640, dans le Gloucestershire, les élites urbaines favorables au Parlement étaient qualifiées de middle sort pour leur défense héroïque de leur liberté contre une foule de soldats royalistes décrits comme des pillards gyrovagues.

Au sein des villes, la distinction entre les lower, middle et upper sort reposait sur le classement des professions jugées « honorables » (docteurs, juristes, grands marchands), « propre » (boutiquiers, aubergistes) et « dégradantes » (bouchers, tanneurs). De fait, la structure professionnelle des villes comtales était bien plus complexe que celles des villages ou des villes-marchés et le nombre des métiers représentés y était beaucoup plus important : plus d’une vingtaine dans la plupart des villes comtales et jusqu’à cent dans les grandes capitales provinciales comme York ou Bristol.

Artisans et commerçants se confondaient parfois dans une même catégorie, et il est donc assez difficile de connaître leur effectif exact.

Les artisans du textile (clothworker) et des métaux (metalworker) pouvaient d’ailleurs s’enrichir et s’impliquer dans le commerce.

Ainsi à Manchester, bien des artisans textiles spécialisés (cloth et linen) disposaient de leur propre réseau de distribution.

En revanche, la proportion d’artisans ayant développé des activités commerciales est bien plus faible pour le travail de la poterie ou des draps.

Il est aussi difficile de comptabiliser les divers marchands qui résidaient dans les villes-marchés et dans les petits ports, les nombreux intermédiaires et courtiers impliqués dans le petit commerce maritime. De même les pauvres suscitaient des discours contradictoires et faisaient l’objet de multiples typologies.

Leur nombre variait considérablement selon les lieux, l’époque et surtout la définition retenue de la pauvreté ; généralement ils formaient entre 20 % et 30 % de la population d’une ville.

Comme dans les communautés rurales, les inégalités sociales se sont creusées au cours des XVIe et XVIIe siècles avec d’une part les élites marchandes, et d’autre part la masse des petits artisans, compagnons ou manouvriers.

La richesse en ville était très inégalement répartie. B) Le monde des métiers L’activité économique dominante différait d’une ville à l’autre mais généralement entre un tiers et la moitié.... »

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