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Corrigé de l’analyse du prologue de la pièce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce.

Publié le 08/02/2023

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« Corrigé de l’analyse du prologue de la pièce Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce. Attention : les références aux versets renvoient à la numérotation présente dans le livre et non à celle du document photocopié Situation du passage exclusivement (une introduction consacrée à l’auteur et à la pièce sera donnée ultérieurement) : Le prologue est une forme héritée de l’Antiquité, sa fonction est dévolue à l’exposition.

Mais ici, nous constatons une tension due à la modernité de la langue qui s’oppose aux traditions tragiques anciennes.

Louis se présente comme le coryphée du chœur antique et s’adresse au public /lecteur dans une seule longue phrase d’une quarantaine de versets.

Il entretient ainsi cette ambigüité entre tradition et modernité.

On notera aussi une mise en abyme, celle du théâtre dans le théâtre. En gras : idées directrices du mouvement.

A noter que la forme particulière de ce texte demande de « jongler » entre une analyse tantôt linéaire, tantôt permettant de développer une analyse thématique regroupant plusieurs versets.

Je vous conseille vivement de bien maîtriser le plan du texte, mouvement par mouvement et idée directrice par idée directrice. Attention (bis) : vous devrez maîtriser le sens des quatre procédés rhétoriques dont le nom est un peu compliqué (aphérèse, aposiopèse, épanorthose et polyptotes).

Pour leurs définitions, je vous renvoie à la fiche (et son corrigé) donnée le mardi 6 avril (cf.

lettres-premières). 1er mouvement : la mort à venir (de 1 à 20). Verset 1 : Le prologue s’ouvre sur deux compléments circonstanciels de temps « Plus tard, l’année d’après », ce sont des repères temporels qui malgré leur précision affichée demeurent confus puisqu’ils ne sont attachés à aucun moment précis, ne s’inscrivent pas vraiment dans une temporalité.

Refus d’inscrire cette pièce dans une temporalité réaliste (cf.

la didascalie initiale, après la distribution des personnages.

« Cela se passe dans la maison de la Mère et de Suzanne, un dimanche, évidemment, ou bien encore près d’une année entière.

»).

Le champ lexical du temps sera omniprésent dans cet extrait : temps dévorateur. V.2 : Prolepse : Louis prend une posture de prophète pour annoncer la tragédie à venir (coryphée) et cela perturbe le lecteur car il annonce sa propre mort à venir.

Cette annonce semble décrochée du reste de la tirade grâce aux tirets qui l’encadrent.

Quel est le sens ? cette annonce est-elle minimisée par cette sorte de parenthèse qui l’encadre ou au contraire mise en relief ? Louis semble à la fois mort et vivant, actif et passif.

Ce type d’annonce est propre à la tragédie, c’est un élément traditionnel. V.3 et 4 : Le prologue retrouve ici sa fonction d’exposition puisque Louis, qui connaît bien évidemment son âge, le donne néanmoins : double énonciation, s’adresse au lecteur / public.

Mais, une fois de plus les repères sont brouillés à cause de l’adverbe « maintenant ».

L’échéance se rapproche et augmente la tension dramatique (« maintenant » / « mourrai » au futur : c’est inéluctable, sorte de compte à rebours fatal qui fait de Louis un personnage tragique). V.5 : Leitmotiv, sorte de refrain qui rythme le prologue et lui confère une dimension incantatoire.

C’est à la fois tellement loin, et tellement près.

Repris 5 fois. V.6 à 8 : Construit sur un parallélisme de construction qui souligne à la fois le déni (tricher, ne plus savoir) et la résignation (« à ne rien faire ») + le verbe « attendre ».

Tournure elliptique de « de nombreux mois » (cf monologue de Suzanne sur les lettres elliptiques) s’inscrit dans la durée. Louis semble très passif face à son destin, c’est un personnage tragique s’il en est, qui attend sa mort comme le montre l’euphémisme « d’en avoir fini ». V.10 à14 : Passage construite sur une tonalité épique (cf vocabulaire : « danger extrême, geste trop violent, l’ennemi, détruirait »).

C’est un combat à mort que mène Louis, qu’il énonce à travers cette métaphore filée.

On sent la menace qui pèse sur lui à travers les adjectifs « extrême, violent ». Cependant, le « comme on ose » montre un imperceptible changement d’attitude, une volonté de réagir, d’entreprendre quelque chose de dangereux, mais vital (= revoir les siens).

CC de manière : retenue prudente, circonspection. V.16 à 19 : chiasme interne construit autour du v.17 et au centre, le sentiment qui seul anime Louis, le cœur peut être de la pièce « la peur » (de la mort, de revoir les siens…). Prise de décision importante et capitale, nous sommes au cœur du monologue délibératif (le dilemme tragique.

A souligner, la violence de « sans espoir jamais de survivre » : marque la fatalité tragique du personnage condamné mais lucide, l’adverbe « jamais » renforce le « sans espoir » de façon implacable… Fin du 1er mouvement qui se clôt sur le sentiment de peur, plus engendré par l’idée de revoir les siens que de mourir (il s’est fait à l’idée , ce n’est pas le plus difficile).

Sorte de préambule à ce qui va suivre, en particulier au verset 20. 2ème mouvement : la décision / l’annonce (du verset 21 à la fin). L.20 à 21 : l’emploi soudain du passé simple « je décidai » marque une rupture, c’est le temps de l’action, associé au pronom personnel « je », Louis semble vouloir reprendre son existence en main.

Cependant, le doute et la peur s’expriment avec l’épanorthose : la thématique du retour, chère à Lagarce, s’exprime de quatre façons différentes (importance du préfixe « re », qui montre le retour).

On retrouve ici la fonction d’exposition de ce prologue : on nous annonce l’un des thèmes de la pièce, le retour.... »

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