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ETUDE LINEAIRE N°17 : « EPILOGUE », JUSTE LA FIN DU MONDE (1990), JEAN-LUC LAGARCE INTRODUCTION

Publié le 28/04/2024

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« ETUDE LINEAIRE N°17 : « EPILOGUE », JUSTE LA FIN DU MONDE (1990), JEAN-LUC LAGARCE INTRODUCTION • • • • • « Dire, / Seulement dire, / Ma mort prochaine et irrémédiable » : c’est par ces mots fulgurants, terribles dans ce qu’ils impliquent, que la tragédie de Jean-Luc Lagarce s’ouvre. Comédien, metteur en scène et directeur de troupe, Jean-Luc Lagarce est un dramaturge contemporain au talent incontestable, l’un des plus joués en France.

En 1988, il apprend qu’il est atteint du sida et se sait condamné, comme d’autres artistes de sa génération.

En 1990, il rédige alors, comme en écho, une pièce sobrement intitulée Juste la fin du monde.

Jamais jouée de son vivant, cette pièce est aujourd’hui considérée comme le chef-d’œuvre de son auteur. Dans Juste la fin du monde, Louis, qui a « près de 34 ans », retrouve sa famille une dernière fois, pour leur annoncer sa « mort prochaine et irrémédiable ».

Mais la communication est difficile.

Le retour de Louis va en effet mettre au jour les souffrances de chacun, la crise personnelle déclenchant ainsi une crise familiale, qui trouvera son paroxysme dans le conflit fraternel final.

La pièce s’achève sur une note triste, Louis n’ayant pas révélé à sa famille sa maladie.

L’extrait soumis à notre attention n’est autre que l’épilogue, soit la partie conclusive de l’œuvre théâtrale.

Traditionnellement, un épilogue figure après le dénouement, et permet de tirer les conséquences de l’intrigue théâtrale.

Dans une tragédie, comme celles de Sophocle, par exemple, c’est le moment où le chœur prend la parole pour montrer l’effet du sacrifice du héros tragique : le retour au calme, à l’équilibre, à l’ordre.

Dans Juste la fin du monde, c’est Louis qui prend la parole durant l’épilogue, comme en écho au prologue.

Le spectateur ne manquera pas de s’interroger face à cette scène finale, particulièrement énigmatique : d’où Louis parle-t-il ? Quand ? A qui ? Dès lors, nous nous poserons la question suivante : comment Jean-Luc Lagarce clôture-t-il son œuvre théâtrale ? Afin de mener à bien notre étude linéaire, nous étudierons successivement les 3 mouvements du poème : o DE LA L.

1 A LA L.4 : UN ESPACE-TEMPS ENIGMATIQUE. o DE LA L.

5 A LA L.

14 : L’EVOCATION D’UN SOUVENIR. o DE LA L.

15 A LA L.

28 : L’EVOCATION D’UNE OCCASION MANQUEE. I.

L.1 A L.4 : UN ESPACE-TEMPS ENIGMATIQUE • • • • • • La première indication, passablement floue et approximative, est donnée par L’ADVERBE CIRCONSTANCIEL exprimant le temps « Après » (L.1) : nous sommes d’emblée plongés dans un espace-temps énigmatique. LE CHAMP LEXICAL DU TEMPS (« Après », L.1 ; « plus jamais », L.3; « quelques mois plus tard », L.3 ; « une année », L.4) montre que Louis parcourt le temps dans un phénomène d’accélération. LE PRESENT DE L’INDICATIF « Je meurs quelques mois plus tard » (L.3) crée un effet de distorsion temporelle qui fait de cet épilogue un temps post-mortem puisque Louis est déjà mort lorsqu’il prononce cet épilogue. La scène n’est plus la maison familiale comme dans le reste de la pièce mais un non-temps (après la mort de Louis) et un non-lieu (on ne sait d’où la voix de Louis s’exprime). On peut imaginer que la mise en scène marquera une rupture nette entre les décors de la maison familiale et ceux de cet épilogue. Cet épilogue fait bien évidemment écho au prologue, dans lequel Louis annonçait sa mort à venir.

Il souligne le caractère inexorable de la maladie et de la mort : Louis n’a pas pu échapper au destin.

Le REGISTRE TRAGIQUE bat à plein. II.

L.5 A L.14 : L’EVOCATION D’UN SOUVENIR • • • • • Cet épilogue se place, par ailleurs, sous le signe de l’autobiographie, Louis revenant avec UN STYLE AUTOBIOGRAPHIQUE (« Une chose dont je me souviens », L.5) sur un souvenir qui fait écho au journal intime de Jean-Luc Lagarce. Cette incursion autobiographique est surprenante car il y UN DECALAGE entre la tonalité mortuaire et tragique de la première strophe et l’irruption de ce souvenir, d’apparence léger et joyeux. Ce décalage crée UN EFFET PRESQUE COMIQUE, renforcé par LA PARENTHESE « (après j’en aurai fini) » (L.6), comme s’il rassurait le spectateur ennuyé que la pièce allait bientôt être terminée. Mais Lagarce joue sur LE DOUBLE SENS DE L’EXPRESSION (on peut alors parler de « SYLLEPSE DE SENS ») « j’en aurai fini » qui désigne aussi la mort et fait signe vers LE REGISTRE TRAGIQUE. Louis revient sur un épisode antérieur à son retour donc antérieur à la pièce à laquelle on a assisté (« c’est pendant ces années où je suis absent », L.7). • • • • • • • • • L’ABONDANCE DE COMPLEMENTS CIRCONSTANCIELS DE LIEU ET DE TEMPS (« C’est l’été c’est pendant ces années où je suis absent / c’est dans le Sud de la France / (…) la nuit, dans la montagne », L.7,8,9) confirme le désir d’ancrage de l’épisode comme si Louis voulait attester de la véracité de cet épisode. Le PRESENT DE NARRATION (« je décide », L.10 ; « je sais », L.12) projette avec efficacité le spectateur dans un récit. CE RECIT PEUT PARAITRE ANECDOTIQUE, MAIS IL EST EN REALITE SYMBOLIQUE, et donc lourd de sens.

En effet, le choix du chemin à prendre pour rentrer chez soi n’est autre qu’UNE METAPHORE DES CHOIX DE.... »

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