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Y a-t-il une scientificité en histoire ?

Publié le 02/01/2010

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histoire

■ C'est la question de l'objectivité de l'histoire. L'histoire ne peut être une science exacte ou expérimentale, comme la physique. En effet, « l'histoire ne repasse pas les plats «, c'est-à-dire qu'elle ne se répète pas, et qu'on ne peut y reproduire une expérience.  ■ Elle est donc une science « morale « ou « humaine «, qui repose sur le travail de l'historien. C'est la déontologie de l'historien, c'est-à-dire le respect de règles professionnelles, qui fonde sa valeur scientifique. Par exemple, l'historien doit recouper des témoignages différents sur un même événement, et non s'appuyer sur un seul témoin. Il doit aussi vérifier l'authenticité d'un document, ou justifier son interprétation.  ■ Mais le risque de subjectivité est grand. « L'histoire justifie ce que l'on veut «, dit Paul Valéry, et il est vrai que les choix politiques ou moraux de l'historien peuvent influencer ses interprétations. L'histoire se transforme alors en justification du présent (Lévi-Strauss). Ce risque donne une responsabilité d'autant plus grande à l'historien : « Toute histoire est choix « (Henri Fèbvre).

histoire

« Depuis l'avènement des sciences exactes, toute connaissance ne reçoit pas le nom de science.

Est scientifique, uncertain type de connaissance dont les caractéristiques essentielles sont les suivantes : énoncé de lois exprimablesmathématiquement, contrôle expérimental, prévision des phénomènes compris sous ces lois.

Or l'histoire ne remplitaucune de ces conditions en raison même de son objet : le passé humain.

Pourquoi le passé humain ne peut il pasêtre objet de science ? Et, plus généralement, nous pouvons nous poser la question suivante : l'homme, sujetconnaissant peut il être objet de science ? 1) Le contrôle expérimental est impossible "L'histoire est la connaissance du passé humain" (Marrou).

En tant que tel, ce passé n'est plus.

Même s'il peut êtreencore d' une certaine façon présent, présent dans des traces ou dans la mémoire collective ou individuelle, cettemémoire n'est pas la résurrection de ce qui est passé.

Si tout passé est par définition passé, le passé humain est enoutre à jamais aboli dans la mesure où il est impossible de le revivre et répéter.

On peut reproduire une expériencenaturelle (on a vu que le vivant se prêtait déjà beaucoup moins à cette répétition), on ne peut reproduireexactement une expérience humaine, qu'elle soit individuelle (cf.

l'analyse bergsonienne de la singularité de nosétats d'âme) ou collective.

L'histoire, connaissance du passé humain, est "la science des choses qui ne se répètentpas" (Valéry) et par suite "une connaissance par traces" (Simiand).

Ces traces peuvent être des documents écrits,photographiques, cinématographiques, des monuments, des outils et divers objets.

L'historien n'observe pasdirectement les faits qu'il analyse.

Divers problèmes se posent alors : • le problème du contrôle expérimental.

L'historien ne peut contrôler expérimentalement ses connaissances.

Desdocuments peuvent venir les infirmer ou confirmer mais il ne s'agit pas là d'un contrôle par l'expérience puisquel'expérience passée n'est plus.

L'expérimentation est impossible en histoire et de nouveaux documents sont toujourssusceptibles de remettre en question le savoir. • le problème de l'insuffisance des traces.

L'impossibilité de contrôler expérimentalement est d'autant plus gênanteque les documents ne sont pas toujours assez nombreux.

Plus on remonte dans le passé, moins il y a de traces etnous ne savons presque rien de toutes les sociétés sans écriture. • le problème de l'authenticité des traces.

L'historien peut tomber sur un faux document, un document de l'époquequi pour une raison ou une autre a travesti la vérité.

Ce travestissement peut également être involontaire.

Letémoin était mal informé.

Conscients de ce problème les historiens ont élaboré une méthode d'examen critique destextes : doute méthodique, datation, recherche de multiples documents afin de comparer les informations.

Lacritique est dite externe lorsqu'elle cherche à déterminer s'il s'agit d'un faux (beaucoup de faux dans les périodestroubles) et interne lorsqu'elle cherche à déterminer la fiabilité du témoin. • le problème de l'interprétation des traces que l'on examinera par la suite. Conséquence: selon le critère de la scientificité d'une connaissance dégagé par Popper, l'histoire n'étant pasfalsifiable, n'est pas une science.

Il n'est pas possible de la soumettre à un contrôle expérimental négatif. 2) Les lois que l'historien peut dégager ne sont pas scientifiques. Parce que l'histoire a pour objet ce qui ne se répète pas, et est donc singulier, orignal, l'histoire ne peut dégagerdes lois au sens scientifique du terme.

La chute des empires, Grec, Romain, Ottoman, colonial français n'obéit pas àla loi de la chute des "corps" politiques.

Il n'est pas possible d'établir un même rapport quantifiable de cause à effet.Les faits historiques sont tels qu'ils ne peuvent être subsumés sous des lois c'est à dire compris, au sens de prendreensemble, sous une même loi.

S'il existe des lois, ce qui n'est pas certain, ces lois sont des propositions généralesappelées lois du sens commun du genre : tous les hommes sont mortels.

Exemple: une forte crise économiqueentraîne généralement des mouvements sociaux.

Mais ces lois, en raison de leur généralité, n'offrent jamais uneconnaissance approfondie des faits.

Pourquoi ce fait là, avec ces caractéristiques là qui le singularisent ? Certes lesproblèmes endémiques de la monarchie française au XVIII ième auxquels se sont ajoutés des mauvaises récoltes,permettent de comprendre les mouvements de révolte.

Mais cette loi économique générale ne permet pas decomprendre la tournure des événements.

Pourquoi une révolution ? Pourquoi une révolution en deux temps ? etc.

Demême, les lois de l'histoire dégagées par Marx, quelle que soit leur pertinence, peuvent servir de fil directeur, maisne peuvent constituer tout le travail de l'historien.

Si l'histoire (cours des événements) a un sens, ce sens est globalet dégager ce sens global n'est pas l'affaire de l'historien qui cherche à comprendre le déroulement précis des faitsd'une période donnée.

Les lois générales ne pouvant pleinement satisfaire l'historien, ce dernier recherche les causesparticulières des phénomènes particuliers qu'il étudie ou plus exactement l'enchevêtrement particulier de causesmultiples. 3) Les causes historiques, s'il en existe, sont très complexes. L'historien analyse une période donnée et plus il veut son analyse précise, plus il doit limiter son objet d'étude :courte période envisagée à partir d'un problème précis.

Exemple : les institutions de la Grèce du VI ième au IV ième.Et alors les lois générales sont d'un faible secours.

Il doit démêler les faits c'est à dire déterminer les faits quipeuvent être considérés comme des événements.

On appelle événement un fait qui a eu une importance particulièresur le déroulement de l'histoire.

Mais alors : quelle importance, de quelle nature, à quel point ? De quoi cetévénement a t il été la cause ? Et puis, il y a d'autres événements.

Quelle est l'importance respective des différents. »

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