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Y a-t-il une rationalité cachée de l'histoire ?

Publié le 29/09/2009

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histoire

Une chose est conforme à une autre lorsqu’elle se trouve dans un état qui présente un accord, une ressemblance formelle ou une adaptation totale à cette dernière.

Le terme « raison « provient du latin ratio, « calcul «, « faculté de calculer «, ce qui fait d’elle un mode de penser propre à l’homme. La raison s’oppose à l’intuition, en ceci qu’elle est la faculté de combiner des jugements, de déduire des conséquences. Mais elle s’oppose également à la passion ou à la folie, puisqu’elle permet de bien juger et de distinguer efficacement le bien du mal, le vrai du faux. Enfin, par raison, nous pouvons entendre une faculté qui s’oppose par définition à la foi, dans la mesure où elle incarne ce bon sens naturellement présent dans tout homme alors que la foi est une espèce de « lumière naturelle « distincte du bon sens. Par rationalité, on entend donc ce qui a le caractère de la raison.

A première vue, la question « Y a-t-il une rationalité cachée de l'histoire ? «  peut non seulement nous paraitre surprenante, mais aussi nous faire sourire d’une manière douloureuse. En effet, il semble que l’histoire, bien loin d’être guidée en coulisses par une raison toute puissante, est bien davantage le théâtre d’un chaos sanglant où non seulement la violence a anéanti l’idée de raison, mais où le hasard semble s’être donné libre cours. Cependant, en tenant une telle thèse, peut-être faisons-nous erreur : il se peut en effet qu’une rationalité soit cachée  dans l’histoire, en ce sens où un principe abstrait en dirige le cours vers une fin précise, qui est peut-être l’avènement de la liberté. Pourtant, nous verrons dans le dernier temps de notre travail qu’il n’y a aucune rationalité cachée de l’histoire, car celle-ci est ce dont la raison s’empare a posteriori pour l’organiser et la modeler à son image.

 

La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’histoire est guidée subrepticement par la raison, ou si la raison vient modeler à posteriori le cours de l’histoire.  

histoire

« cachée de l'histoire: parce que l'histoire a beau être réalisée par des hommes qui poursuivent consciemment des finsdéterminées, c'est en définitive le hasard qui décide des conséquences réelles de leurs actes.

Telle est la thèseexposée dans le texte suivant par Engels : "L'histoire du développement de la société se révèle, sur un point, essentiellement différente de celle de la nature.Dans la nature, ce sont uniquement des facteurs inconscients et aveugles qui agissent les uns sur les autres etc'est dans leur jeu changeant que se manifeste la loi générale.

De tout ce qui se produit, rien ne se produit en tantque but conscient, voulu.

Par contre, dans l'histoire de la société, ceux qui agissent sont exclusivement deshommes doués de conscience, agissant avec réflexion ou avec passion et poursuivant des buts déterminés ; rienne se produit sans dessein conscient, sans fin voulue.

Mais cette différence, quelle que soit son importance pourl'investigation historique, surtout d'époques et d'événements pris isolément, ne peut rien changer au fait que lecours de l'histoire est sous l'empire de lois générales internes.

Car, ici aussi, malgré les buts consciemmentpoursuivis par tous les individus, c'est le hasard qui, d'une façon générale, règne en apparence à la surface.

[...]Les buts des actions sont voulus, mais les résultats que donnent réelle ment ces actions ne le sont pas, ou s'ilssemblent, au début, correspondre malgré tout au but poursuivi, ils ont finalement des conséquences tout autresque celles qui ont été voulues.

Ainsi les événements historiques seraient en gros également dominés par lehasard.

Mais partout où le hasard semble jouer à la surface, il est toujours sous l'empire de lois internes cachées,et il ne s'agit que de les découvrir.

Les hommes font heur histoire, quelque tournure qu'elle prenne, en poursuivantchacun leurs fins propres, consciemment voulues, et c'est précisément la résultante de ces nombreuses volontésagissant dans des directions différentes et de leurs répercussions variées sur le monde extérieur qui constituel'histoire." F.

ENGELS, Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, 1886.

Que pouvons-nous tirer de ce texte ? L'idée qu'il n'y a aucune rationalité cachée de l'histoire.

En effet, l'histoire estproduite par les hommes qui sont les sujets conscients de leur agir ; mais les conséquences de leurs actesconscients sont quant à elles non conforme à la raison.

Certes, Engels avance la possibilité d'une prévision du coursde l'histoire, que rendrait possible la prise en compte de l'ensemble des actions des hommes, avec une attentionmarquée à leur entrée en connexion qui produit à leur tour des effets.

Mais une telle entreprise nécessiterait uneintelligence prodigieuse que seul un esprit tout puissant pourrait avoir, puisqu'il ne s'agit de rien de moins que detout connaitre et de tout mettre en rapport pour deviner la production d'effets par toutes les causes du mondeenchevêtrées entre elles.

Il résulte de ceci que si l'histoire obéit bel et bien à des règles et des motifs conscients,son cours reste non conforme à la raison puisqu'elle obéit à des chaines causales trop nombreuses pour être saisiespar un seul esprit.

Par conséquent, il est impossible de découvrir dans l'histoire une rationalité cachée, car celle-cin'existe pas. II.

L'histoire est conforme à la raison au sens où elle obéit à un fonctionnement rationnel a.

« L'Histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté » (Hegel) Cependant, nous ne pouvons nous poser la question « Y a-t-il une rationalité cachée de l'histoire ? » sans nous interroger sur la possibilité de l'existence d'un sujet conscient qui en organiserait l'évolution.

En effet, n'est-il paspossible de distinguer un sujet de l'histoire dont les actions pourraient guider subrepticement l'histoire en l'orientantvers une fin ? Le terme « sujet » désigne l'être pensant, agissant, qui s'exprime par ses actes et a conscience delui-même.

Quant au terme « histoire » il est également polysémique puisqu'il ne désigne pas seulement la disciplinehistorique, mais la continuité temporelle.

A ce titre, nous pouvons nous demander s'il n'y a pas une entité, concrèteou non, qui réalise l'histoire, qui la fait advenir sciemment et s'identifie donc à une rationalité.

Telle est précisémentla thèse défendue par Hegel, pour qui l'histoire obéit bel et bien à une rationalité.

L'histoire peut être considéréecomme un développement linéaire, organisé, qui ne se produit pas au hasard et selon la contingence descirconstances, mais, au contraire, qui obéit à un plan que l'entreprise philosophique a pour tâche de comprendre, desaisir, d'identifier.

Telle est la thèse fameuse défendue par Hegel dans La raison dans l'Histoire (1822) : « Dieu gouverne le monde, le contenu de son gouvernement, l'accomplissement de son plan, est l'histoireuniverselle.

Saisir ce plan, voilà la tâche de la philosophie de l'histoire, et celle-ci présuppose que l'Idéal se réalise,que seul ce qui est conforme à l'idée est réel.

A la pure lumière de cette Idée divine, laquelle n'est pas un simpleidéal, s'évanouit l'apparence que le monde est un devenir insensé.

La philosophie veut connaître le contenu, laréalité de l'idée divine, et justifier la réalité méprisée ».. »

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