Y a t-il un sens à parler de vérité culturelle ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
du mal à retrouver leurs propres valeurs et leurs croyances sous la puissance impérialiste.
En ce sens, on ne peutparler de « vérité » culturelle, mais de tentative pour faire accroire qu'il en existe.
La culture est un moyen dedomination, d'ailleurs effectif non seulement d'un peuple à l'autre, mais au sein d'une même société, entre lesclasses sociales.
Conclusion : Lévi-Strauss, Race et Histoire : « On préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit.
[…] Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie.
» Ainsi celui qui juge les autres cultures comme inférieures à la sienne, c'est aussi celui qui croit qu'il peut exister une véritéculturelle, en occurrence celle de sa propre culture.
Lévi-Strauss: « Est barbare celui qui croit à la barbarie.
»
Qui n'a pas accusé autrui de se comporter en barbare ? Quel peuple n'a pas accusé d'autres peuples d'être desbarbares ? Lévi-Strauss, grand anthropologue français, souligne, dans Race et Histoire, d'où est extrait notrecitation, ce trait propre à toute société, qu'est l'ethnocentrisme : chaque ethnie, c'est-à-dire chaque peuple, atendance à se penser comme étant au centre du monde, à considérer ses coutumes, ses mœurs, ses règles, sescroyances, ses modes de penser,...
comme meilleurs que ceux ethnies ou des peuples différents, comme si sa tribu,son village, son clan, son pays, sa culture étaient plus représentatifs de l'humanité que tous les autres.
Ainsi lebarbare, le non civilisé c'est toujours l'autre; l'autre au sujet duquel on raconte toute sorte d'horreurs ou d'atrocitésainsi des Vikings, des Huns, des Goths, des Tartares, Mongols, des Chinois..., sans parler de tribus sauvages au finfond de l'Afrique ou de l'Amazonie, etc.
Or, peut-être commence-t-on à ne plus être un barbare, ou commence-t-onà être un homme civilisé, le jour où l'on reconnaît qu'on est le premier, peut-être, à être capable de se comporter enbarbare.Le mot "barbare" - barbaros en grec- signifie à l'origine "l'étranger qui ne parle pas grec" : on pouvait être étranger àAthènes, venir de Corinthe ou de Thèbes, on était alors un xénos, un étranger certes, mais un étranger qui parlaitgrec; en revanche les Egyptiens, les Perses, etc.
étaient appelés "barbares".
Pour les Romains, de même, lesbarbares étaient ceux qui ne parlaient pas latin, ou ceux qui, malgré la colonisation et la construction de l'empireromain, n'avaient pas été latinisés, et qui se situaient donc au-delà des frontières de l'empire.
Or ces peuplesextérieurs ont fini par envahir l'empire romain et renversé son ordre : c'est ainsi qu'on parle encore dans les livresd'histoire de l'invasion des barbares.
La phrase de Lévi-Strauss est quelque peu dérangeante: car elle revient àcondamner l'usage de mot barbare.
Celui qui accuse l'autre de barbarie est lui-même un barbare.
Mieux, c'est celui-là même qui est réellement un barbare.
Pourquoi ? Parce qu'accuser autrui de violences et d'atrocités, de cruauté,de sauvagerie...
croire que l'autre est un barbare, c'est supposer que soi-même on ne serait pas capable de mauxsemblables.
Est civilisé celui qui admet bien plutôt que tout homme, à commencer par soi, est capable du pire..
»
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