Y a-t-il des arts mineurs ?

« · Cependant, malgré ce rapport intime de dépendance entre l'artiste et la pratique technique identique à celle de l'artisanpour mettre au jour son œuvre, n'y a-t-il pas un élément qui permette de différencier l'artiste et l'artisan ? 3- La question de la finalité :· Kant « L'art est libéral, le métier est mercenaire ». · Hannah Arendt oppose le produit du travail et de la technique à l'œuvre d'art.

Le premier s'inscrit dans le cadreproduction-consommation, il est un « consentement à la nature ».

La seconde est inutile et gratuite.

Elle délivre l'hommede la nécessité et fait apparaître un monde. · En effet, la production est la simple transformation d'un matériau.

Pour le travail d'un artiste, on parle de création, carl'objet ou l'événement est inédit, original et n'a pas existé auparavant. · Travail d'apprentissage différent pour l'artiste et pour l'artisan.

Celui de l'artisan obéit à des procédures qui sont connuesd'avance, qui se transmettent.

On peut analyser sa technique et la mécaniser. · Par contre, il n'y a pas de manuel pour apprendre à devenir artiste et pas de machine pour faire une œuvre d'art.

On nepeut pas analyser sa technique et l'artiste lui-même ne peut pas s'imiter : « le tableau naît sous le pinceau » (Alain).L'artiste ne contrôle pas sa production, il ne cherche à réaliser un projet définit., « C'est la nature qui donne ses règles àl'art » (Kant).

Il y a une dimension d'inspiration, de spontanéité.

Exemple : différence entre un film commercial qui cherche à faire recette et un film d'auteur. · De plus, le travail de l'artisan a pour but de produire des biens de consommation, utiles à la vie.

N'a pas sa propre fin enlui-même.

On produit pour quelque chose contrairement au travail de l'artiste qui a sa propre fin en lui-même, même sielle peut avoir un usage (fonction esthétique).

Ex : certains monuments, en dépit de l'usage qu'on en a (fonction rituelle, religieuse etc.), ont une valeur en eux-mêmes.

Autre exemple : la chaise design peut être utilisée mais l'objet vaut pour lui- même et on peut l'exposer ou le présenter indépendamment de tout usage.

L'art naît à partir du moment où on s'affranchitde toute suggestion à l'utile. · Ainsi, on ne peut parler d'un véritable hiérarchie entre arts mineurs et arts majeurs car les objectifs visés par l'artesthétique et ceux visés par l'artisanat sont différents et ne sont pas comparables entre eux.

Quand l'un trouve sa finalitéen lui-même( l'œuvre d'art), l'essence de l'autre (l'objet artisanal) même s'il est pourvu de qualités esthétiques, est hors delui-même et elle se construit dans l'extériorité, dans une relation, un but, une fonctionnalité, la finalité de l'artisanat estl'utilité. Conclusion : Nous avons vu que d'un point de vue historique, l'existence d'arts mineurs est indéniable.

Elle est conditionnée par l'idée quel'esprit prévaut sur le corps et que tout ce qui relève de l'esprit pur est supérieur à ce qui fait lien avec la matière.

Pour étudier cerapport entre art majeur et art mineur, nous avons utilisé la distinction entre l'artiste et l'artisan.

L'activité artistique est considéréecomme plus noble car plus spirituelle.

Cependant, il s'avère que la technique est un moment indispensable du travail de l'artiste etque de ce fait, la frontière entre art mineur et art majeur est plus floue et peut être remise en question.

Enfin, si l'on ne peut pas àproprement parler dire que des arts mineurs existent, c'est parce que la finalité de ces différentes formes d'art ( art comme savoir-faire et art esthétique) n'ont rien en commun et que de ce fait une hiérarchisation est impossible.

(on ne peut comparer entre euxque des éléments qui visent la même fin).. »