Devoir de Philosophie

Wolfgang Amadeus Mozart

Publié le 26/02/2010

Extrait du document

L'Oeuvre et la personnalité de Mozart ont suggéré, depuis deux cents ans, des jugements et des conclusions curieusement contradictoires. Les uns voyaient en lui un génie de la jeunesse, de la clarté lumineuse et spirituelle, de l'impérissable beauté gracieuse, l'éternel adolescent, le favori des Dieux. Les autres étaient surtout sous l'impression du tragique démoniaque qui se dégage si souvent, au milieu de la fraîche limpidité et du joyeux frétillement des mélodies mozartiennes, adoucie (mais d'autant plus poignante) par une indescriptible union de tendresse et de plainte élégiaque. Conformément à cette conception, les premiers considèrent Mozart comme un enfant gâté par le sort, comblé de talents invraisemblables dans le domaine musical, resté, comme personnalité, et quoique homme et père de famille, dans un état de naïveté presque enfantine. Mozart, vu ainsi, a vécu sa vie, porté par les inoubliables et étonnants triomphes de sa tendre jeunesse, comme un danseur traverserait insouciant et rieur un passage dangereux, ne réalisant pas le sérieux de la vie d'ici-bas et le poids des devoirs civiques et économiques. Pour les seconds, ce même Mozart est comparable à une comète jaillissant des ténèbres d'un bond éblouissant vers les cieux, promettant succès, admiration, affection mondiale et un imperturbable bonheur acquis sans peine avec l'aide de dons extraordinaires. Mais la brillante parabole qui semble être le destin de ce génie juvénile s'affaisse brusquement vers la terre entourée d'ombres de plus en plus mélancoliques. Ce Mozart-là, dès sa vingtième année, est pris dans l'engrenage d'intrigues et d'inimitiés professionnelles, de difficultés économiques, de la maladie, du manque de compréhension pour son art. N'ayant pas trouvé l'être féminin qu'il lui fallait, Mozart, qui avait un besoin presque maladif de tendresse, rencontrant à Vienne, où il s'était fixé en artiste et compositeur libre, de sa vingtième jusqu'à sa trente-sixième année, une incapacité grandissante de saisir le véritable sens de son Oeuvre musicale, se consume, s'épuise en une productivité à jamais mémorable. Sa dépouille abandonnée par ses rares amis fut jetée à la fosse commune. Mais il y a d'autres contradictions qui nous frappent dans les jugements émis sur le rôle de Mozart dans l'histoire générale de la musique. D'aucuns considèrent la langue musicale de Mozart comme le prototype, l'exemple le plus parfait d'un art "universel", moins international que supernational, véritablement européen et même mondial, réalisant pour la première fois, après tant de siècles d'écoles musicales séparées, un équilibre parfait et indestructible de facteurs techniques, esthétiques et expressifs qui s'adressent directement à l'âme et au cOeur de toute l'humanité. D'autres, par contre, voient en Mozart une expression sublime, mais en même temps typique des meilleures qualités de l'âme germanique, de la musique allemande, particulièrement du génie musical de l'Autriche. Cette musique "autrichienne" a pu exercer une influence internationale et même intercontinentale parce que son auteur était un génie, mais elle ne s'est jamais défaite de qualités primordiales caractérisant l'attitude innée de l'âme autrichienne vis-à-vis de la matière sonore et des possibilités techniques et expressives qu'elle présente. Enfin, les historiens de l'art musical, les théoriciens et les esthéticiens de la musique semblent aujourd'hui converger assez clairement vers une conception pour ainsi dire combinée du phénomène Mozart : Mozart, le miracle de la synthèse. Tout le monde sait que Mozart a été un enfant prodige et que son enfance a été la plus extraordinaire qu'on puisse imaginer. Son père était de souche bavaroise, ressortissant d'Ausbourg. Excellent violoniste et pédagogue possédant parfaitement son métier de compositeur, il entra dans la chapelle archiépiscopale de la Cour de Salzbourg, devint vice-maître de cette chapelle et occupa une place importante dans la vie musicale de la région salzbourgeoise vers le milieu du XVIIIe siècle. Mozart naquit le 27 janvier 1756, à Salzbourg, ville qu'on a dénommée avec raison la plus latine, la plus italienne au versant nord des Alpes, symboliquement à mi-chemin entre Vienne et Venise. Très tôt, Mozart avait à peine trois ans, le père s'aperçut des facultés exceptionnelles de son fils, et se voua exclusivement à l'éducation et à la formation musicales du petit Mozart et de sa sOeur, de quatre ans plus âgée et presque aussi douée que lui. La jeunesse de Mozart se partage entre plusieurs grands voyages à l'étranger et en Autriche, interrompus par des périodes de labeur intense et de pratique musicale à Salzbourg. Ces voyages s'étendent de 1762 à 1779. Ce sont d'abord des visites aux cours de Munich et de Vienne (1762), le grand voyage de trois ans (1763-1766) à travers l'Allemagne du Sud et de l'Ouest, en Belgique (1763), à Paris (1763, 1764, 1766), à Londres (1764 et 1765), en Hollande (1765, 1766), en Suisse (1766), à Vienne (1767-1768). Jusqu'en 1770 Mozart resta au foyer paternel à Salzbourg, se reposant des fatigues de ses grands voyages et continuant ses études sous la direction de son père. A ce moment, il avait déjà composé des sonates pour piano et violon, une symphonie, un oratorio, un petit opéra mythologique (texte latin), un opéra-bouffe italien, une petite comédie musicale allemande, des messes, des divertissements pour musique de chambre. Et voici l'époque des trois voyages faits en Italie de 1770 à 1772. Les succès du jeune Mozart se multiplient. Il est chargé d'écrire pour Milan l'opéra "seria" Mithridate, Roi du Pont (1770), la grande sérénade scénique Ascagno in Alba (1771), l'opéra Lucio Silla (1773). Padoue commande un oratorio, La Betulia liberata (1772), l'Académie philharmonique de Bologne, une des institutions musicales les plus respectées d'Italie, le reçoit, après un examen contrapuntique redoutable, comme membre ordinaire, et le pape Clément XIV lui confère à Rome l'ordre de l'Éperon d'Or, faisant du petit Mozart le chevalier de Mozart, à l'égal de Gluck. Entre temps, dès 1772, un nouveau prince-archevêque avait pris sa résidence à Salzbourg, le comte Colloredo, qui inaugura un régime beaucoup plus sévère que son prédécesseur. Colloredo préférait très ouvertement la musique italienne et demanda à Mozart de composer sa musique liturgique et ses divertissements profanes dans ce style. La Cour de Munich, se souvenant de l'enfant prodige, commanda auprès de lui l'opéra-bouffe La finta giardiniera (1775). A Salzbourg, un nouvel opéra italien, le charmant Il ré pastore, des messes, cinq concertos pour violon et orchestre, quatre concertos pour piano et orchestre, et un grand nombre de divertissements démontrent le glorieux épanouissement du génie mozartien. Mais la vie sédentaire n'était pas encore ce qu'il fallait à la longue à Mozart. Il avait vingt ans et il était habitué depuis sa tendre jeunesse à des déplacements importants, au contact avec les grands courants européens de la musique instrumentale et de l'opéra. Il donna sa démission comme membre de la chapelle et se mit de nouveau en route, accompagné cette fois de sa mère. En octobre 1777 commença un séjour prolongé à Mannheim, devenu une station importante dans la vie de Mozart. En même temps, la première grande émotion sentimentale traversa son cOeur, l'amour qu'il éprouva pour Aloysia Weber, cousine du compositeur du Freischütz. Mais les parents et les circonstances arrivèrent à faire renoncer Mozart à ce qu'il pensait être à ce moment le bonheur suprême. Son père lui avait écrit : "Rends-toi à Paris et cela sans tarder ! ­ Aut Caesar aut nihil !" Mais Paris, cette fois, fut une déception ; ce n'était plus l'enfant prodige, mais la redoutable jeune concurrence que voyaient en Mozart les musiciens de Paris, préoccupé, d'ailleurs, à ce moment, au plus haut degré par la bataille des partisans de Gluck et de Piccini. Ce n'est qu'à grand-peine que Mozart obtint de composer la musique du ballet Les petits riens. Mais la Symphonie en ré, plusieurs grandes sonates pour piano, le charmant Concerto pour flûte et harpe, les deux sonates pour violon témoignaient de l'heureuse synthèse que Mozart réalisa entre le goût français, le style de Mannheim et sa propre inspiration. Le grand chagrin de ce second séjour de Paris fut le décès de sa mère, dû à une fièvre typhoïde. Au commencement de 1779, Mozart était de retour à Salzbourg, où il resta au service de l'archevêque jusqu'au printemps 1781, étant devenu organiste de la cathédrale et de la cour. Des messes, des symphonies, plusieurs sérénades et des Oeuvres pour musique de chambre, enfin l'important opéra "seria" Idoménée (1781), accueilli à Munich avec enthousiasme, démontrent toute l'envergure de la puissance créatrice et du métier parfait de Mozart. Cela, hélas, ne l'empêcha pas d'être traité par l'archevêque comme un domestique, ce qui provoqua des propos insultants à l'adresse de Mozart et le fameux coup de pied que lui appliqua le grand chambellan, à l'issue du dernier entretien. Exaspéré, fier, avide de la liberté de l'artiste créant de son propre gré, Mozart se fixe à Vienne, épouse en août 1782, contre le conseil de son père, Constance Weber, la sOeur d'Aloysia, et commence plein d'entrain, plein d'espoir, la dernière dizaine d'années que le sort lui avait réservées ­ et il n'avait que vingt-six ans ! La grande métropole, depuis des siècles centre de culture musicale brillante et d'un niveau élevé, reçut le génial maître de Salzbourg d'abord d'une manière tout à fait encourageante. Mozart, confiant, écrit à son père : "Ma spécialité (le jeu du piano) est trop en faveur ici pour que je ne puisse pas me "soutenir" ; c'est vraiment bien ici le pays du piano !...je me ferai de l'honneur et de l'argent", et en février 1782 à sa sOeur : "Dès six heures du matin, en tous temps, on me frise, et à sept heures je suis complètement habillé. Alors je compose jusqu'à neuf heures. De neuf heures à une heure, j'ai mes leçons... Je ne puis pas travailler avant cinq ou six heures du soir... je compose jusqu'à neuf heures... j'ai l'habitude de composer encore un peu avant d'aller dormir... et alors je m'attarde souvent à écrire jusqu'à une heure du matin... et puis... je me relève à six heures." En juillet 1782, la création de l'Enlèvement au sérail, le premier des chefs-d'Oeuvre immortels de Mozart, puis au courant des années suivantes, jusqu'en 1786, les six quatuors à cordes dédiés à Joseph Haydn (auquel il se lia d'une amitié aussi sincère que touchante et d'ailleurs tout à fait mutuelle), la grande Messe en do mineur, malheureusement inachevée, les sérénades pour instruments à vent, les nouvelles sonates pour violon, la Fantaisie en do mineur pour piano et surtout les quatorze grands concertos pour piano sont les admirables fruits de cette étonnante capacité de produire, jour par jour, à des heures plus ou moins fixes, comme il l'avait raconté à sa sOeur. Ajoutons, entre autres, encore l'émouvante musique funèbre franc-maçonnique et le génial lied La Violette, d'après la poésie de Goethe, véritable anticipation du lied schubertien. Après un petit opéra allemand en un acte, Mozart put donner au monde le 1er mai 1786, l'opéra "welsche" qu'il avait rêvé, en collaboration avec l'abbé da Ponte, les Noces de Figaro (texte italien). Le fond révolutionnaire de la comédie de Beaumarchais ne survit que timidement dans le livret, mais reste virulent dans la musique qui montre l'art insurpassable de Mozart de dessiner et de développer des caractères, des individus vivants et non pas des types et des schèmes. Malgré cinq années de succès, et un grand nombre de concerts très appréciés, Mozart resta pauvre ; l'empereur, s'intéressant pourtant à Mozart, ne put se décider à lui attribuer une situation à sa cour. C'est tout juste si Mozart, en 1787, obtient le titre de "compositeur de la Chambre". Le surmenage et l'épuisement des forces s'annonçant d'une façon menaçante une première fois en 1783, aggravèrent encore la situation économique de Mozart et de sa famille grandissante (six enfants jusqu'en 1783, santé chancelante de sa femme). Si Vienne ne lui accorda point le succès auquel il pouvait s'attendre légitimement, Prague, la capitale du royaume de la Bohême et de la nation tchèque, s'enthousiasma pour l'art de Mozart. L'Enlèvement au sérail, mais avant tout les Noces de Figaro y trouvèrent l'accueil le plus favorable. C'est pour Prague que Mozart composa l'inimitable Don Juan, l'opéra "semi-seria", le "dramma giocoso" qui est dans son Oeuvre, la synthèse des synthèses, enivrant par sa verve joyeuse et bouffonne, émouvant par sa grandeur tragique (29 octobre 1787). La même année, Léopold Mozart décéda, et un jeune musicien de Bonn, Ludwig van Beethoven, se présenta chez Mozart pour devenir son élève ! En 1788, les quatre dernières symphonies (en ré, mi bémol, sol mineur, do), les quintettes pour cordes, les trios avec piano, le Rondo en la mineur pour piano montrent que le génie de Mozart, dans le domaine instrumental, égale son génie dramatique. L'année suivante, Mozart reprit le chemin de l'Allemagne dans l'espoir d'y retrouver une situation, Prague, Dresde, Leipzig, Berlin et Francfort en furent les principales stations. Le résultat fut maigre : point de recettes, pas d'offres d'emploi. Mozart rentra à la fin de 1790 à Vienne, souffrant, ruiné. Mais son génie continua à combler l'humanité des plus belles créations. Les quatuors à cordes (1789), Cosi fan tutte (livret de da Ponte, 1790), la plus délicieuse et spirituelle comédie musicale qui soit, le suavissime Quintette avec clarinette, le charmant Concerto pour clarinette, le sublime "Ave verum", la sonate "facile" pour piano (tous de 1791) n'en sont que quelques exemples En septembre 1791, la Flûte enchantée, ce miracle de synthèse entre la tendresse, la sagesse, la bonté et le comique naïf et populaire, en même temps, pour Prague, l'opéra "seria" la Clemeuza di Tito continuent cette série extraordinaire. C'est enfin la mystérieuse commande d'un grand "requiem" par un inconnu (un aristocrate vaniteux, désirant être admiré pour des compositions que d'autres avaient écrites), de ce requiem que Mozart, se sentant de plus en plus faible, composa en pensant à sa propre mort, "chant du cygne", d'un génie immortel, resté inachevé. C'est la synthèse idéale entre la musique liturgique catholique et la prière émue et méditative d'une âme chrétienne, planant au-dessus des confessions. Le succès de la Flûte enchantée sembla devoir mettre fin aux misères de Mozart. Plusieurs offres importantes (de Budapest, de Londres, d'Amsterdam, même de Vienne) lui parvinrent, promettant une amélioration décisive de sa situation matérielle ; une vague d'admiration générale commença à entourer Mozart. Hélas ! le corps, miné par un travail inlassable, la maladie, les évanouissements, les accès de fièvre, ne résistait plus. Le 5 décembre 1791, Mozart rendit le dernier soupir. Plus de sept cent cinquante numéros du célèbre catalogue de Koechel témoignent de l'immense effort productif que Mozart a soutenu pendant trente ans et représentent l'admirable fruit de son génie. L'enfant prodige a réalisé, au delà de toute espérance, les promesses que son talent hors ligne avait faites. Mozart reste, devant l'histoire, un des génies les plus complets, possédant un métier parfait. Son Oeuvre excelle par sa beauté lumineuse, par l'union de la joie, de la grâce, de l'émotion grave, par sa merveilleuse psychologie musicale des caractères humains.

« d'Or, faisant du petit Mozart le chevalier de Mozart, à l'égal de Gluck. Entre temps, dès 1772, un nouveau prince-archevêque avait pris sa résidence à Salzbourg, le comte Colloredo, quiinaugura un régime beaucoup plus sévère que son prédécesseur.

Colloredo préférait très ouvertement la musiqueitalienne et demanda à Mozart de composer sa musique liturgique et ses divertissements profanes dans ce style.

LaCour de Munich, se souvenant de l'enfant prodige, commanda auprès de lui l'opéra-bouffe La finta giardiniera (1775).A Salzbourg, un nouvel opéra italien, le charmant Il ré pastore, des messes, cinq concertos pour violon et orchestre,quatre concertos pour piano et orchestre, et un grand nombre de divertissements démontrent le glorieuxépanouissement du génie mozartien. Mais la vie sédentaire n'était pas encore ce qu'il fallait à la longue à Mozart.

Il avait vingt ans et il était habituédepuis sa tendre jeunesse à des déplacements importants, au contact avec les grands courants européens de lamusique instrumentale et de l'opéra.

Il donna sa démission comme membre de la chapelle et se mit de nouveau enroute, accompagné cette fois de sa mère.

En octobre 1777 commença un séjour prolongé à Mannheim, devenu unestation importante dans la vie de Mozart.

En même temps, la première grande émotion sentimentale traversa soncOeur, l'amour qu'il éprouva pour Aloysia Weber, cousine du compositeur du Freischütz.

Mais les parents et lescirconstances arrivèrent à faire renoncer Mozart à ce qu'il pensait être à ce moment le bonheur suprême. Son père lui avait écrit : "Rends-toi à Paris et cela sans tarder ! Aut Caesar aut nihil !" Mais Paris, cette fois, futune déception ; ce n'était plus l'enfant prodige, mais la redoutable jeune concurrence que voyaient en Mozart lesmusiciens de Paris, préoccupé, d'ailleurs, à ce moment, au plus haut degré par la bataille des partisans de Gluck etde Piccini.

Ce n'est qu'à grand-peine que Mozart obtint de composer la musique du ballet Les petits riens.

Mais laSymphonie en ré, plusieurs grandes sonates pour piano, le charmant Concerto pour flûte et harpe, les deux sonatespour violon témoignaient de l'heureuse synthèse que Mozart réalisa entre le goût français, le style de Mannheim etsa propre inspiration.

Le grand chagrin de ce second séjour de Paris fut le décès de sa mère, dû à une fièvretyphoïde. Au commencement de 1779, Mozart était de retour à Salzbourg, où il resta au service de l'archevêque jusqu'auprintemps 1781, étant devenu organiste de la cathédrale et de la cour.

Des messes, des symphonies, plusieurssérénades et des Oeuvres pour musique de chambre, enfin l'important opéra "seria" Idoménée (1781), accueilli àMunich avec enthousiasme, démontrent toute l'envergure de la puissance créatrice et du métier parfait de Mozart. Cela, hélas, ne l'empêcha pas d'être traité par l'archevêque comme un domestique, ce qui provoqua des proposinsultants à l'adresse de Mozart et le fameux coup de pied que lui appliqua le grand chambellan, à l'issue du dernierentretien.

Exaspéré, fier, avide de la liberté de l'artiste créant de son propre gré, Mozart se fixe à Vienne, épouse enaoût 1782, contre le conseil de son père, Constance Weber, la sOeur d'Aloysia, et commence plein d'entrain, pleind'espoir, la dernière dizaine d'années que le sort lui avait réservées et il n'avait que vingt-six ans ! La grande métropole, depuis des siècles centre de culture musicale brillante et d'un niveau élevé, reçut le génialmaître de Salzbourg d'abord d'une manière tout à fait encourageante.

Mozart, confiant, écrit à son père : "Maspécialité (le jeu du piano) est trop en faveur ici pour que je ne puisse pas me "soutenir" ; c'est vraiment bien ici lepays du piano !...je me ferai de l'honneur et de l'argent", et en février 1782 à sa sOeur : "Dès six heures du matin,en tous temps, on me frise, et à sept heures je suis complètement habillé.

Alors je compose jusqu'à neuf heures.

Deneuf heures à une heure, j'ai mes leçons...

Je ne puis pas travailler avant cinq ou six heures du soir...

je composejusqu'à neuf heures...

j'ai l'habitude de composer encore un peu avant d'aller dormir...

et alors je m'attarde souventà écrire jusqu'à une heure du matin...

et puis...

je me relève à six heures." En juillet 1782, la création del'Enlèvement au sérail, le premier des chefs-d'Oeuvre immortels de Mozart, puis au courant des années suivantes,jusqu'en 1786, les six quatuors à cordes dédiés à Joseph Haydn (auquel il se lia d'une amitié aussi sincère quetouchante et d'ailleurs tout à fait mutuelle), la grande Messe en do mineur, malheureusement inachevée, lessérénades pour instruments à vent, les nouvelles sonates pour violon, la Fantaisie en do mineur pour piano etsurtout les quatorze grands concertos pour piano sont les admirables fruits de cette étonnante capacité deproduire, jour par jour, à des heures plus ou moins fixes, comme il l'avait raconté à sa sOeur.

Ajoutons, entre autres,encore l'émouvante musique funèbre franc-maçonnique et le génial lied La Violette, d'après la poésie de Goethe,véritable anticipation du lied schubertien. Après un petit opéra allemand en un acte, Mozart put donner au monde le 1er mai 1786, l'opéra "welsche" qu'il avaitrêvé, en collaboration avec l'abbé da Ponte, les Noces de Figaro (texte italien).

Le fond révolutionnaire de lacomédie de Beaumarchais ne survit que timidement dans le livret, mais reste virulent dans la musique qui montre l'artinsurpassable de Mozart de dessiner et de développer des caractères, des individus vivants et non pas des types etdes schèmes.

Malgré cinq années de succès, et un grand nombre de concerts très appréciés, Mozart resta pauvre ;l'empereur, s'intéressant pourtant à Mozart, ne put se décider à lui attribuer une situation à sa cour.

C'est toutjuste si Mozart, en 1787, obtient le titre de "compositeur de la Chambre".

Le surmenage et l'épuisement des forcess'annonçant d'une façon menaçante une première fois en 1783, aggravèrent encore la situation économique deMozart et de sa famille grandissante (six enfants jusqu'en 1783, santé chancelante de sa femme). Si Vienne ne lui accorda point le succès auquel il pouvait s'attendre légitimement, Prague, la capitale du royaume dela Bohême et de la nation tchèque, s'enthousiasma pour l'art de Mozart.

L'Enlèvement au sérail, mais avant tout lesNoces de Figaro y trouvèrent l'accueil le plus favorable.

C'est pour Prague que Mozart composa l'inimitable Don Juan,l'opéra "semi-seria", le "dramma giocoso" qui est dans son Oeuvre, la synthèse des synthèses, enivrant par sa verve. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles