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Vie et oeuvre de David HUME (analyse du « Traité de la Nature humaine »).

Publié le 22/05/2009

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hume

David Hume fut le contemporain de Thomas Reid et de J.-J. Rousseau. Il naquit à Edimbourg, en 1711, d'une noble et ancienne famille. Il se dégoûta bientôt des études de jurisprudence auxquelles ses parents l'avaient d'abord appliqué, et il se jeta dans la philosophie et dans l'histoire. Dès l'âge de 23 ans, il vint en France, pour satisfaire ses goûts littéraires et philosophiques. Il y vécut dans une studieuse retraite, successivement à La Flèche et à Reims. C'est là qu'il composa son Traité de la nature humaine, qui parut à Londres en 1738, et ses Essais sur l'Entendement humain. Ayant en vain sollicité la chaire de philosophie morale à l'Université d'Edimbourg, il se dédommagea, en accompagnant le général Saint-Clair en ambassade à Vienne et à Turin. C'est au retour de cette mission diplomatique qu'il publia ses Essais sur l'Entendement humain. Une sorte d'indifférence générale accueillit les deux premiers ouvrages de D. Hume. Mais elle ne le découragea pas. Il publia successivement ses Essais de morale, ses Discours politiques, et ses Recherches sur les principes de morale. Il avait alors quarante ans. Sa réputation commença avec les luttes qu'il eut à soutenir pour la défense de ses écrits; mais elle s'acheva par la publication de son Histoire des révolutions d'Angleterre. C'est au poste de bibliothécaire de sa ville natale qu'il conçut le projet de cet ouvrage. Il n'en avait publié que le premier volume, quand il suivit Lord Hertfort à Paris, comme secrétaire de légation. Il quitta son emploi pour la position de sous-secrétaire d’Etat. En 1769, il renonça à toute carrière publique, voulant vivre à Edimbourg, au milieu de ses meilleurs amis, Smith, Blair, Home, etc. Il y mourut presque subitement en 1776.

hume

« l'esprit passe d'un objet à un antre qui lui ressemble ou qui lui est contigu, d'un fait à celui qui lui succède.

Si cepassage se produit souvent, il s'établit dans l'esprit une habitude de penser, une tendance à passer d'une chose àune autre ; bientôt l'habitude devient une sorte de nécessité qui n'est qu'une fiction de notre imagination.

« Il enest de l'esprit humain, comme de ces menteurs qui, à force de répéter leurs mensonges, finissent par en être dupeseux-mêmes.

»L'induction, par laquelle nous attendons qu'une même cause soit suivie des mêmes effets, n'est aussi qu'une simplehabitude, devenue si forte qu'elle nous fait transporter dans l'avenir ce que nous avons seulement constaté dans lepassé.

L'hypothèse de la ressemblance de l'avenir au passé n'est fondée « sur aucune espèce d'argument, elledérive de l'habitude qui nous détermine à attendre pour l'avenir la même série d'objets à laquelle nous avons étéaccoutumés ».

2° Appréciation du « Traité de la Nature humaine ». — Les doctrines de D.

Hume ne paraissent pas avoir ému beaucoup ses contemporains.

C'est surtout dans les dernières années de sa vie que ses ouvrages commencèrent àfaire quelque bruit.

Mais leur influence fut cependant considérable sur les philosophes du XVIIIe siècle :« Hume, a dit Joseph de Maistre, était le plus dangereux et le plus coupable de ces écrivains funestes, celui qui aemployé le plus de talent avec le plus de sang-froid, pour faire le plus de mal.

»D.

Hume, en effet, fut un sceptique, non à la manière des anciens pyrrhoniens, en s'appuyant sur les spéculationsmétaphysiques du Pyrrhonisme ; il part des doctrines empiriques répandues autour de lui, et, en vrai logicien, il enarrive au doute absolu.

La doctrine qui place le point de départ de la connaissance dans l'impression sensible devait nécessairement aboutirau scepticisme.

D'où vient cette impression ? Où réside-t-elle ? Hume ne le dit pas.

Elle est donc un effet sanscause, par là même elle est sans valeur.Cette doctrine aboutit aussi à la négation de toute idée qui ne correspond pas aux sens.

A supposer (et c'est làl'argument de Hume) que la privation d'une sensation nous ôte l'idée correspondante, on n'a pas le droit d'enconclure que toutes les idées correspondent à des sensations.

Hume ne s'embarrasse pas de cette difficulté : «Supposons, dit-il, une série de couleurs qui se dégradent de nuance en nuance ; si une nuance manque, tout oeilhumain s'apercevra de cette solution de continuité, il aura l'idée de cette couleur, quoiqu'il ne l'ait jamais vue.

Icil'idée devance l'impression, puisque l'impression n'existe pas.

L'idée se passe de l'impression.

» Il semble bien que cesoit la condamnation de la théorie.

Nullement.

« Le cas est si particulier, répond le philosophe, qu'il ne mérite guèreque l'on s'y arrête, et je ne pense pas que pour lui seul il faille réformer notre maxime générale.

»Il y a dans l'esprit de l'homme des notions nécessaires, universelles qui n'expliquent pas les impressions sensibles.Les premières de ces notions sont les idées de substance et de cause.

Nous avons vu comment Fiume en nie laréalité, en essayant de les expliquer par l'association et l'habitude.

On peut lui demander d'où vient à l'esprit cepouvoir d'associer ? En vertu de quelles lois se font les associations ? Qui rapproche les idées ? Comme on l'a ditspirituellement, « les idées se rencontrent dans ce système comme les atomes dans celui d'Epicure ».L'association d'ailleurs ne peut pas produire les effets que Hume lui attribue, à savoir la nécessité et l'universalitédes principes : aucune habitude n'est absolue, comme le principe de causalité, aucune n'est indestructible.Il n'est pas vrai que l'idée de cause se ramène à l'idée de succession ; elle éveille bien en nous l'idée d'un pouvoirproducteur, d'une force agissante et c'est bien ce que nous affirmons.

Nous distinguons très bien la successionmême nécessaire de la causalité.

Nous affirmons des successions sans causalité, comme celle du jour et de la nuit,et, dans le cas où une cause n'agit pas, nous affirmons des causalités sans succession.Si l'expérience sensible ne nous montre que des phénomènes, c'est qu'elle n'est pas toute la source de nosconnaissances.Nous avons la conscience de notre énergie et de notre causalité personnelles, et c'est là qu'il faut chercher l'originede notre idée de cause.

Hume nie cette conscience, mais il ne donne pas d'autre raison de cette négation que notreignorance des effets à produire : « Nous ne savons pas ce qu'elle produira.

» On peut lui répondre avec Maine deBiran que notre conscience n'a pas pour objet de prédire, mais de constater.

Elle constate le fait de notre énergie;cela suffit.Il faut dire la même chose de la notion de substance.

La conscience proteste contre l'assertion de Hume que l'âme «n'est qu'un paquet de sensations ».

Sous la mutabilité des sensations, elle perçoit le moi un et identique: elle sait,bien que l'homme endormi qui ne sent rien et l'homme éveillé sont toujours un seul et même homme.Cette identité du moi, d'après Hume, serait une illusion de l'imagination qui s'attribue une fausse identité, sur lemodèle de celle qu'il attribue aux objets extérieurs.Ici Hume s'embarrasse dans les contradictions : « L'esprit, impressionné par les sensations, identifie ces sensations,en les opposant à notre mutabilité.

» N'est-ce pas le contraire ? La succession des sensations n'est-elle pasopposée à notre identité ? Et n'est-ce pas à cause de cela que nous l'affirmons ?En un mot, Hume cherche la cause de nos affirmations et ne la voit pas où elle est.

Il en vient à cette contradictionde placer le fondement de nos croyances dans « un involontaire sentiment d'assurance ».

D'où vient alors cesentiment ? « Il existe, dit-il, une sorte d'harmonie préétablie entre le cours de la nature et la succession de nosidées ; et, quoique les puissances et les forces par lesquelles la première est gouvernée nous soient pleinementinconnues, nos pensées et nos conceptions ne laissent pas, en définitive, d'avoir toujours suivi la même marche queles autres ouvrages de la nature.

»N'est-ce pas une affirmation bien dogmatique pour un pyrrhonien ? C'est la contradiction, conséquence logique detout scepticisme.. »

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