VIE DE DESCARTES

René Descartes naquit en 4596, à la Haye, en Touraine, d'une famille noble de Bretagne. Il fit ses études au collège de la Flèche, alors dirigé par les jésuites. Quoique ce fût n l'une des plus célèbres écoles de l'Europe, « lorsqu'il en sortit, à l'âge de seize ans, son esprit était loin d'être satisfait. « Je me trouvais embarrassé, dit-il, de tant de doutes et d'erreurs qu'il me semblait n'avoir fait autre profit en tâchant de m'instruire, sinon que j'avais découvert de plus en plus mon ignorance.

Aussi, le voyons-nous, pendant les douze années qui suivirent, toujours inquiet, et cherchant, pour ainsi dire, sa vocation, tantôt dans la vie du monde, tantôt dans les voyages, tantôt dans les camps. De 1613 à 1625, il parcourt la Silésie, la Pologne, puis l'Allemagne, la Hollande, la ['rance et l'Italie. Il s'engage d'abord au service de Maurice de Nassau, puis du duc de Bavière. Il était sous les ordres de ce dernier, en 1619, et il vivait dans l'isolement, « enfermé dans un poêle, n à cause de l'hiver, lorsque se produisit en lui la crise qui devait décider de toute sa vie. Mais il n'en continua pas moins ses voyages, jusqu'en 1629, où il assista, en spectateur plutôt qu'en soldat, au siège de la Rochelle. Toutefois, au milieu des agitations de cette vie aventureuse, ses préoccupations intellectuelles ne l'abandonnent pas un instant ; il médite sans cesse le projet d'affermir la philosophie sur des bases nouvelles.

Après le siège de la Rochelle, Descartes revient passer quelque temps à Paris. Sa famille et ses amis essayent de le retenir dans la capitale; mais comme il n'y trouve pas la solitude nécessaire à la poursuite de ses études et à la réalisation du plan qu'il a conçu, il part bientôt pour la Hollande. Il y séjourne pendant vingt ans, vivant dans la retraite la plus absolue, et n'entretenant de correspondance qu'avec le P. Mersenne, qui l'initie à tout ce qui passe dans le monde savant. En 1637, il fait connaître au public le résultat de ses travaux, en publiant le Discours de la Méthode, qui fut bientôt suivi de plusieurs autres ouvrages.

La nouveauté des doctrines exposées par Descartes rencontra de nombreux admirateurs et d'ardents prosélytes. Le philosophe reçut de Mazarin une pension de mille écus. De grands personnages le recherchèrent, et la reine Christine de Suède se fit gloire de se dire son élève. Cependant de tels succès ne furent pas sans mélange; des attaques violentes ne tardèrent pas à se produire. Descartes y résista pendant quelque temps, mais, jaloux de son repos, il céda enfin aux instances de la reine Christine, qui, depuis longtemps, l'appelait à sa cour, et partit pour Stockholm, en 1649. Quelques mois à peine après son arrivée dans cette ville, il y mourut victime des rigueurs du climat. Ses restes furent transportés en France, par les soins de ses amis, et solennellement déposés dans l'église de Saint-Étienne du Mont. Transférés au Panthéon, en 1793, puis, plus tard, au Musée des monuments français, ils reposent, depuis 1819, dans l'église de Saint-Germain des Prés.