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VALEUR MORALE ET SPIRITUELLE DU TRAVAIL

Publié le 14/06/2009

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morale

A propos du travail, divers problèmes se posent : d'ordre technique, social et moral. C'est ce dernier surtout que nous retiendrons ici. Il comporte à lui seul plusieurs aspects. a) La fonction utilitaire du travail. Quand on cherche sans trop réfléchir la raison d'être du travail on la trouve dans son caractère utilitaire qui est d'assurer la subsistance. L'activité laborieuse est indispensable pour vivre, à quelques exceptions près. Mais aussitôt elle risque, par là-même, d'en être dépréciée. Tâche pénible et lourde, le travail apparaît comme une peine, une servitude, voire une malédiction. Dans les sociétés antiques c'est l'occupation des esclaves, tandis que les hommes libres, au sens social, s'adonnent à la politique, au métier des armes, à la culture de l'esprit. HÉSIODE évoque avec nostalgie cet âge d'or où les hommes pouvaient vivre sans travailler et HOMÈRE voit dans le travail une condamnation infligée par les dieux à la race des hommes. On a coutume de dire qu'il en est de même dans la Genèse de MOÏSE où il apparaît comme le châtiment du péché originel et que telle est bien la conception religieuse. Il n'en est rien à notre avis, pour ce qui regarde le christianisme du moins. D'abord dans le récit mosaïque ce n'est pas le travail en lui-même qui est présenté comme un châtiment, mais le travail dans la peine, dans la souffrance ou la misère d'une condition humaine déchue. Ensuite il ne faut pas oublie-. que l'Ancien Testament est non seulement prolongé mais redressé par le Nouveau Testament. Or dans l'Évangile, l'activité laborieuse apparaît dans une tout autre lumière : saint JOSEPH est charpentier, le CHRIST l'aide avant sa vie publique, les apôtres sont pour la plupart des travailleurs manuels. Du point de vue théologique voilà qui suffit largement à sanctifier le travail. Enfin on pourrait prétendre que la fonction pratique du travail n'est nullement déshonorante : l'homme a le devoir d'assurer son existence biologique et matérielle. Le mépris du travail est, en conséquence, absolument injustifiable. Néanmoins, pour sauver sa valeur humaine, il faut lui découvrir un autre but.

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« Les progrès fulgurants de la technique, la transformation du machinisme par l'automation et les machinesélectroniques, annoncent une ère nouvelle que les sociologues ont déjà nommé la civilisation du loisir.

La réductionconsidérable du temps de travail nécessaire pour assurer la subsistance ne manquera pas de modifier profondémentles conditions de vie, dans un avenir qui n'est pas très éloigné.

Il peut en résulter une promotion du loisir au rang devaleur morale, à condition naturellement qu'il ne soit pas un pur et simple gaspillage du temps retrouvé mais uneoccasion pour l'homme d'épanouir davantage en lui les qualités les plus hautes, celles qui fondent sa dignité.

Alors laculture, les arts, la science, la philosophie, la religion — et toutes les choses de l'esprit — pourraient connaître unenouvelle expansion, en accord avec la spiritualisation grandissante de l'homme futur.

Mais il est visible que ce seraitau prix d'un grand effort éducatif et moral.De toute façon le travail existerait toujours, même s'il devait changer de forme.

C'est pourquoi il importe dereprendre sa définition. e) Définition du travail. Il n'est pas facile de donner du travail une définition satisfaisante.

On cite souvent une formule d'A.

COMTE :transformation utile du milieu extérieur avec l'homme comme agent.

Mais elle est loin de couvrir toutes les formes detravail.

La distinction est maintenant courante des travailleurs manuels et des travailleurs intellectuels assumantégalement une activité laborieuse.

On a proposé encore : exercice des facultés humaines en vue d'une fin utile.Mais l'utilité est-elle la fin nécessaire, obligée de toute activité susceptible d'être appelée travail ?Il va sans dire qu'on ne peut mesurer le travail au seul critère du rendement, de l'efficience, de la productivité, sinonen élargissant ces concepts au delà de leur sens économique.

Mais alors comment juger du travail objectivement ?La question ne se pose pas pour un enseignant dont l'efficience et l'utilité sont évidentes : la nation tout entièrepasse par les instituteurs et les professeurs dont l'enseignement prépare à toutes les professions sauf peut-être lemétier d'agriculteur et certaines activités artisanales.

La chose est différente pour les autres intellectuels : unécrivain, un musicien, un peintre, un poète par exemple, dans le cas où ils n'exercent aucune profession, aucuneactivité entrant dans le jeu des activités sociales et de la division du travail.

Travaillent-ils ? Il semble difficile de lenier et l'on dit communément qu'un écrivain travaille lorsqu'il passe plusieurs heures par jour à écrire, pourtant il nes'agit pas d'une activité comparable à celle d'un fonctionnaire, d'un professeur, d'un ouvrier ou d'un paysan. Pour résoudre la difficulté, il faudrait admettre qu'il y a plusieurs genres de travail, dont chacun a ses règles, sesconditions, sa destination spécifique, sa valeur humaine aussi.

Le peintre et l'écrivain considèrent, à juste titre, quec'est un métier que de peindre ou d'écrire.

Or qui dit métier suppose non seulement technique particulière àposséder, mais encore travail à effectuer pour réaliser ou créer.

Il reste que certains métiers ne sont peut-être pasdes professions au sens strict du terme, ce sont des états ou des activités.

Être mère de famille non plus n'est pasune profession mais cela n'en implique pas moins un très dur travail, non rétribué.

Il faudrait en convenir : activité,état, profession, métier, situation, autant de formes ou d'espèces de travail.Il est à noter que le travail n'implique pas forcément un régime d'activité uniforme et régulier.

Ainsi le compositeur demusique peut ne rien faire pendant longtemps puis se mettre à écrire avec acharnement la musique qu'il portait enlui du temps qu'il rêvait.

Notre civilisation ne mériterait pas son nom si elle ne reconnaissait le droit au rêve, à cetteoisiveté pleine de pouvoir dont parle le poète, à cette gratuité des jeux de l'imagination créatrice sourced'enchantements.

Au regard des apparences extérieures et grossières tel artiste ne fait rien qui laisse mûrir en luiune oeuvre, une création dont il faudra juger non d'après l'utilité sociale ou pratique, critère impur en cette affaire,mais d'après le rayonnement spirituel, la puissance d'incantation et de vérité humaine.Qu'on nous pardonne cette utopie : il se pourrait que demain dans un monde mécanisé où le labeur de l'ingénieur etde l'ouvrier se réduirait à presque rien, seuls travaillassent le philosophe en méditation, le poète, le musicien, tousles ouvriers de l'esprit, j'entends ceux qui n'auraient pas d'autre profession que le métier de créateur ou de penseur. f) Métier d'homme et apologie du travail. Il existe cependant un métier plus difficile qu'aucune activité professionnelle ou créatrice, plein de risques, de misèreet de grandeur, le beau et difficile métier d'homme, celui que tous les hommes doivent exercer quelle que soit leurspécialité, afin d'être plus dignes du nom d'homme.

Il est profondément lié à la responsabilité inhérente à la conditionhumaine et c'est la morale tout entière qui nous enseigne comment il faut l'exercer.Toutefois comme cela risquerait de rester indéterminé, on peut dire que c'est par le travail, dans une large mesure,que nous remplissons cette obligation fondamentale, le travail considéré dans sa fonction créatrice, comme unmoyen de spiritualiser le monde et toute chose, de construire et de se construire, de promouvoir en soi et hors desoi le royaume des valeurs spirituelles.L'apologie du travail ne relève en rien d'une morale conservatrice ou bourgeoise.

Outre qu'elle peut se référer à ceprofond besoin d'activité qui existe dans la nature humaine, elle trouve sa justification dans les possibilitésd'accomplissement que le travail donne à la personne humaine.. »

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