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Une société heureuse aurait-elle besoin de religion ?

Publié le 12/08/2009

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religion

Une société est une association d’individus régies par des lois permettant aux hommes de vivre ensemble. Etre heureux, c’est être satisfait de manière durable. Ainsi une société heureuse serait une société où chaque individu serait satisfait de manière durable. La religion est lensemble des discours, des représentations et des pratiques émanant dune révélation donnée qui a pour fonction de relier lici bas et lau-delà, le visible et linvisible. Se demander si une société heureuse aurait besoin de religion, c’est se demander si la religion n’existe qu’à partir du malheur des hommes qu’elle cherche à compenser par des promesses sur l’au-delà. Auquel cas, il suffirait de faire parvenir les individus de cette société réelle ou hypothétique au bonheur et la religion, à défaut de matière pour continuer disparaitrait d’elle-même. Toutefois on peut s’interroger  : d’une part le besoin religieux est-il un besoin émanant d’un malheur collectif, est-il de nature politique ? D’autre part, le besoin religieux émane t-il de l’expérience du malheur ou bien n’est-il pas l’expression de tout autre chose ? Il semble au contraire que le besoin de religion soit un besoin de nature individuelle qui ne se réduise pas à la compensation du malheur. En ce sens le besoin de religion émanerait d’un questionnement spirituel sur le mystère du monde et de la vie humaine. 

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« d'un rapport direct qu 'il entretient avec Dieu.

Ce rapport direct s 'appelle la foi.

Comme l 'explique Pascal au fragment 424 de ses Pensées en édition Lafuma : « c 'est le cœur qui sent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c 'est que la foi. Dieu sensible et non à la raison ».

Ainsi l 'essence de la religion résiderait dans la foi comme cette présence de Dieu dans le cœur d 'un homme.

Cette présence de Dieu sensible au cœur aurait son cadre de référence non dans le cadre collectif de la politique ou de l 'idéologie mais dans une expérience intérieure faite par un individu.

La religion n'aurait de sens que par cette expérience du « numineux » (lumen : le sacré) dans laquelle un individu rencontreraitle Tout-autre (das Ganz Andere).

Au chapitre III de son livre das Heilige, le Sacré , R.

Otto donne comme exemple dans le livre de l 'Exode, le face à face de Moïse avec le buisson ardent qui exprime l ‘incognoscibilité de Dieu.

Moïse éprouve un effroi mystique devant l 'inaccessibilité absolue et la supériorité absolue de Dieu, un « mysterium tremendum et fascinans« , un mystère à la fois terrifiant et fascinant.

Ainsi la religion est l 'expérience mystique, c'est-à-dire à la fois intime et incompréhensible du mystère divin échappant à la raison._ Le besoin religieux ne nait pas nécessairement du malheur.

S'il est vrai que l'expérience du malheur provoque la création de système rétributif permettant de réintégrer dans la pensée ce qui lui est à jamais irréductible, le besoinreligieux peut naitre d'un étonnement devant le fait qu'il y a de l'être, devant la surabondance et la gratuité del'être.

A l'origine du besoin religieux, l'expérience de l'immensité du monde et de ma propre existence qui n'a aucuneraison d'être.

Tout croyant avant de croire, se pose la question métaphysique de Leibniz au paragraphe 7 desPrincipes de la nature et de la grâce : « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt ue rien ? Pourquoi les choses sont- elles ainsi et pas autrement ? ».

Ce questionnement devant le monde se pose avec plus d'acuité pour ma propreexistence : « qu'Est-ce qui fait que je suis sorti du néant, maintenant et en ce lieu ? Et que suis-je venu faire en cemonde ? »Les véritables questions demeurent sans réponse.

Ces questions nous révèlent le mystère de l'existence,c'est-à-dire une question à laquelle personne jamais ne pourra donner de réponse._ Au-delà du bonheur ou du malheur, l'homme ne peut vivre qu'en trouvant des réponses partielles à ces questionssans réponse : la religion apporte au croyant des réponses liées à la révélation historique qu'il a choisi.

Par le mythe, l'homme se raconte des histoires sur lui-même et la genèse du monde qui lui permet d 'habiter la terre.

En effet l'homme ne vit pas d 'abord dans le monde, mais il naît dans un espace informe chaotique qu 'il doit organiser par sa parole et son action.

Le monde humain comme totalité organisée se fonde alors sur la catégorie du sacré.

C 'est par le sacré que l 'homme peut découper l 'espace en distinguant les espaces profanes et sacrés.

C 'est ce que l 'on peut soutenir avec Mircea Eliade dans le Sacré et le Profane : Est sacré ce qui dans le réel dépasse le réel et permet de l'organiser.

Pour faire un monde, il faut un centre.

Alors l 'homme crée un centre du monde qui est reliée à une réalité transcendante lui déléguant un peu de son pouvoir.

Si l 'on prend l 'exemple de l 'église dans la civilisation chrétienne occidentale, l 'Église est un bâtiment construit dans le monde, mais se référant à une réalité transcendante : une église n 'est pas seulement un bâtiment parmi les autres au sein d 'une ville, elle est aussi pour les croyants « la maison de Dieu ».

Ainsi la religion vient assouvir par le sacré un questionnement métaphysique et l'organisation denotre représentation du monde.

Conclusion : Une société heureuse n'aurait pas besoin de religion si la religion se réduisait à une consolation collective du malheurdes hommes : se nourrissant des malheurs des individus en société, la religion apporterait à l'individu l'illusion dubonheur, mais si la société des hommes parvenait au bonheur, alors la religion disparaitrait d'elle-même.

Toutefoisnous avons objecté à cette conception réductrice de la religion deux thèses : le besoin religieux n'est pas un besoinémanant de la collectivité, mais il est de nature individuel et il n'émane pas nécessairement de l'expérience dumalheur, mais tout aussi bien et surtout du mystère de la gratuité surabondante de l'être.

En ce sens le besoin dereligion émanerait d'un questionnement spirituel sur le mystère de l'existence et de la vie humaine qui chercherait às'assouvir par des réponses partielles et l'organisation symbolique du monde.. »

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