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Une parole est-elle toujours l'empreinte d'une pensée ?

Publié le 29/03/2009

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Une parole est-elle toujours l'empreinte d'une pensée ?

S’il nous arrive parfois, de fait, de parler pour ne rien, c’est-à-dire que notre parole ne soit pas l’empreinte d’une quelconque pensée – mais bien au contraire le témoin d’une impossibilité voire d’un refus de la pensée – n’est-ce pas une définition inadéquate de ce qu’est et de ce que doit être une parole (conformément à son essence) ? Autrement dit, une parole non seulement peut-elle mais encore doit-elle ne pas être l’empreinte d’une pensée ? En tant qu’acte, la parole ne nous engage-t-elle pas de sorte qu’elle doive nécessairement être figurative d’une pensée active et personnelle ?

 

I.                   La parole est marque que l’homme est un être capable de penser : par la parole, l’homme prend position dans le monde et n’est pas simple vivant parmi les vivants

II.                Dès lors, la parole doit toujours, à titre de devoir, être l’empreinte d’une pensée

III.             La parole comme empreinte de la pensée : un acte par lequel l’homme s’engage

« communication indispensable à la vie en société. · On comprend donc à quel point, dans cette perspective, la parole engage l'homme, en tant qu'homme, à prendre parti dans le monde : il s'installe dans un monde qu'il conçoit dès lors qu'il parlecomme un monde à connaître, à sentir, à interpréter, etc.

la parole en ce sens engage notre proprehumanité. II.

Dès lors, la parole doit toujours, à titre de devoir, être l'empreinte d'une pensée · Il semble que dans bien des situations certains hommes ne mesurent pas leurs paroles : d'où l'expression parler pour ne rien dire.

Autrement dit, il s'agit dans ce cas d'une parole vide et vaine.Mais une telle inanité va à l'encontre de l'essence même de la parole qui doit être considérée commeun acte à part entière : parce qu'elle est un acte, l'homme engage sa liberté et est dès lorsresponsable.

On comprend alors que, conformément à son essence, toute parole se doit d'êtrel'empreinte d'une pensée construite par soi-même et non pas simplement répétée mécaniquement etsans analyse.

La parole doit, à titre de devoir, engagée la pensée de celui qui la profère.

Elle doit êtrela marque quasi matérielle de cette pensée en acte : la parole est en ce sens ce qui actualise, rendeffective une pensée. · La description stoïcienne (Epictète, Manuel, « Pensées » 1 à 16) de la souffrance nous permet de comprendre comment l'idée de liberté de penser met en jeu l'idée d'une coupure entre l'extérieur etl'intérieur, entre le propre et l'étranger.

Avec eux, on s'aperçoit que si les événements et les chosesne dépendent pas de nous, le jugement que je porte sur elle dépend entièrement de nous.

Parconséquent, nous sommes les maîtres absolus de notre pensée et de nos jugements.

La liberté depenser peut donc se définir comme un dialogue de soi avec soi, dialogue qui peut tout à fait, puisquenous en sommes le guide et le maître, porter sur tout et n'importe quoi (entendu comme tout ce qu'onveut, même). · Avec l'opposition entre l'intérieur et l'extérieur, entre le propre et l'étranger, on manque une dimension importante : la constitution de la personnalité de chacun.

Celle-ci implique l'apprentissagedu langage, des codes sociaux, etc.

Avant de pouvoir se poser la question de notre libre pensée,l'éducation a provoqué une intériorisation de la culture du milieu (personnel, professionnel, etc.) danslequel on vit.

Affirmer que sa liberté de penser consiste donc à penser tout et n'importe quoi, c'est dumême coup affirmer que cette pensée n'est pas libérée (à travers une réflexion sur elle-même) despréjugés. · La « Première Méditation » de Descartes, ainsi que le début du Discours de la méthode ou des Principes, montrent comment toute affirmation de sa pensée en première personne commence par unemise en doute radicale de tout (ce « tout et n'importe quoi » justement) ce qui été reçu passivementdes autres.

Parce que nous avons été enfants avant d'avoir été des adultes dotés d'une raisonindépendante, toute tentative de juger par soi-même se confronte à du « déjà jugé », à du « déjàpensé ».

On comprend alors qu'on ne peut, en droit, faire consister la liberté de penser en pouvoir depenser tout et n'importe quoi car cela reviendrait à opérer sur des préjugés, des opinions qui noussont bien plus inculqués (plutôt que nous en soyons les auteurs).

Or on ne peut pas faire consister laliberté de penser dans une passivité de la pensée. · La critique du préjugé a ainsi une signification profonde.

Dans le préjugé, je crois penser et juger, alors que les autres jugent et pensent à travers moi.

Affirmer sa liberté c'est donc se réapproprier sapensée.

Et c'est là la condition de possibilité pour qu'une parole soit bien, comme elle le doit,l'empreinte d'une pensée active et personnelle. · On peut ainsi faire référence à la définition kantienne de la liberté de penser ® Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? On pense d'abord qu'elle s'oppose à la contrainte civile, puis qu'elles'oppose à la contrainte exercée par la conscience.

Or en réalité « En troisième lieu, la liberté depenser signifie que la raison ne se soumette à aucune autre loi que celle qu'elle se donne à elle-même.

Et son contraire est la maxime d'un usage sans loi de la raison » ® si absence de loi « la liberté de penser y trouve sa perte » « et puisque ce n'est nullement la faute d'un malheurquelconque, mais d'un véritable orgueil, la liberté de penser est perdue par étourderie au sens proprede ce terme.

» · On comprend dans cette perspective que la parole nous engage en tant qu'elle est justement la source d'une libération et ce qui rend effective la liberté de penser.

Comprenons donc que la parole,en tant qu'expression de la liberté de penser, est un acte éminemment engageant pour l'homme parcequ'il en est le seul et unique responsable. · Comprenons alors à quel point liberté et obéissance à la loi sont, dans la parole, mis en relation : je ne suis à proprement libre que lorsque, ayant conscience de l'engagement que je prends nonseulement par rapport au monde mais aussi par rapport aux autres à travers l'acte de parler, je metiens à cette parole.

Ainsi, une promesse, même orale, est un véritable engagement, si ce n'est d'unpoint de vue contractuel, au moins d'un point de vue moral : en effet, la promesse ainsi énoncé, jeme dois, je m'oblige, à la respecter.

En ce sens comprenons que la parole est acte et qu'elle estfigurative de la véritable liberté intérieure du sujet. III. La parole comme empreinte de la pensée : un acte par lequel l'homme s'engage · Puisque agir, c'est agir sous l'emprise d'une loi, loi morale ou loi de la nature, et qu'il nous faut agir, la liberté ne peut consister qu'en une action soumise à une loi qu'on se donne à soi-même.. »

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