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Une histoire intéressante suffit-elle à faire un bon roman ?

Publié le 12/04/2009

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histoire

  • Introduction :

 

 

         Comment faire un bon roman ? Peut-on dire qu’il existe une recette qui serait valable une fois pour toute et qui permettrait à tous les coups d’écrire un bon roman ? Peut-on dire que l’histoire, c’est-à-dire l’intrigue, la diégèse pour reprendre les mots de Roland Barthes suffit à écrire une grande œuvre ? N’est-ce pas s’attarder à une conception datée du roman qui se développe durant tout le dix-neuvième siècle, date à la quelle, le roman « est une Mort. [Il] fait de la vie un Destin, du souvenir un acte utile, de la durée un temps dirigé et significatif « comme le stipule Roland Barthes dans le Degré zéro de l’écriture. Ainsi, le roman en créant des histoires, crée du destin et donne une cohérence à la vie des personnages. Pourtant, au vingtième siècle, avec l’avènement du nouveau roman, cette conception a été très largement mise en cause. Ainsi, c’est la définition même du roman qu’il nous convient d’interroger. Qu’est-ce que le genre romanesque ? Comment le définir. Pour Pascal Quignard, le roman est « l’autre de tous les genres, l’autre de la définition «. Le critique signifie ainsi que le roman est toujours au-delà de la définition qu’on veut lui donner. Peut-on associer étroitement roman et histoire et postuler que ces deux éléments sont identiques.

           

  • Problématique :

 

            D’un côté, l’histoire occupe une place très importante dans le genre romanesque mais de l’autre, il semble difficile de réduire le roman à l’histoire c’est pourquoi il nous faut tenter de redéfinir ce genre.

histoire

« 1) Les romans qui présentent plusieurs histoires Exemple : Si par une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino .

Dans ce roman atypique, Calvino propose deux grandes parties, la première organisée autour de chapitre qui raconte la réception qu'un lecteur et une lectricefont à Si par une nuit d'hiver un voyageur .

Entre ces chapitres Calvino propose 10 incipits de roman qui sont autant d'histoires différentes inachevées.

C'est au lecteur d'imaginer la suite.

Ainsi le roman se présente de façonkaléidoscopique non comme un tout mais comme un ensemble d'histoire et de réflexions différentes qui permettentde mettre en abyme la position du lecteur.

De la même façon, on peut penser à des romans atypiques comme Nadja d'André Breton qui mêlent le texte et l'image.

Dans ce roman, l'histoire présentée sous la forme d'un journal intimeest décousue.

Nous n'avons pas tous les éléments d'un seul coup.

Le lecteur doit faire un effort pour réorganiser lesdonnées textuelles et picturales et redonner cohésion à l'ensemble.

2) Les romans sans histoire Exemple : La Jalousie de Robbe-Grillet ou la Modification de Michel Butor Au vingtième siècle, les nouveaux romanciers ont mis à mal l'histoire.

Ils ont souhaité présenter des romans quis'imposent d'abord par leur style plutôt que par la richesse de l'intrigue.

Ainsi, dans la modification de Butor, lepersonnage est dans un train, il ne se passe rien d'autre.

Le lecteur dispose uniquement de ses flux de consciencepour ressaisir les différents évènements.

L'histoire n'est plus racontée de l'extérieur, elle est effritée, disloquée,c'est au lecteur de faire l'effort de la retrouver.

L'histoire est reléguée au second plan par rapport aux techniquesesthétiques.

Transition : Ainsi, un bon roman ne peut se définir uniquement par la richesse de son intrigue étant donné que bonnombre des tentatives modernes ont profondément remis en cause la conception du roman comme histoire.

III.

Un bon roman résulte aussi bien du fond que de la forme Introduction partielle : Un bon roman ne provient pas uniquement de la qualité de l'histoire mais de sa capacité àfonctionner comme un tout unissant le fond, l'histoire à la forme, le style.

1) Une œuvre romanesque s'impose par son style : le lecteur finit pas oublier l'histoire Malraux, L'Homme précaire et la littérature. Pour Malraux, on ne peut isoler l'histoire de la forme qu'elle prend dans l'écriture et la composition sans détruire la valeur artistique du roman.

Pour Malraux « le génie est dansla part du roman qui ne peut être ramené au récit.

Malraux signifie par là que dans La Chartreuse de Parme de Stendhal , on ne peut par exemple isoler l'histoire d'un côté et le style de l'autre.

Le roman est un tout.

Malraux dit encore : « Même si la survie doit abandonner un jour, elle n'a pas retenu pour nous l'histoire de Berthet ni mêmecelle de Julien, elle a retenu Le Rouge et le Noir.

Pas l'histoire du prince André, mais Guerre et Paix ».

L'histoire n'existe pas indépendamment du roman, celui-ci est un et indivisible.

2) Un bon roman est un roman qui permet au lecteur de mieux se connaître Aragon : « le roman, c'est la clef des chambres interdites de notre maison » Aragon, Postface aux Cloches de Bâle.

Le roman est constitué du fond et de la forme et ce tout permet au lecteur de mieux se connaître et de mieux connaître le monde qui l'entoure.

Pour Aragon, le roman est « une machine qui permet l'appréhension du réeldans toute sa complexité ».

Ainsi un bon roman fascine autant par la qualité de la diégèse que par la force internede son style.

Il permet au lecteur de mieux comprendre ses propres réactions et son fonctionnement.

Conclusion : Si l'histoire, l'agencement des évènements est une donné essentielle dans un roman, on ne peut réduiretout roman à cette définition.

Un bon roman est avant tout un tout harmonieux où le fond et la forme s'équilibre.On peut conclure avec cette citation de Reverdy dans Self Défense : « Œuvre indivisible dont on ne peut transposer l'anecdote nue d'un côté, les idées d'un autre en laissant l'art ailleurs.

Qu'on l'ait sous les yeux ou devant la mémoire l'œuvre ne doit jamais se présenter que comme un ensemble qu'on ne peut dessouder. Une œuvre littéraire ne peut être conçue en bloc autrement qu'écrite ».. »

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