Devoir de Philosophie

Un homme inculte est-il encore un homme ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Ces hommes cultivés = « ruminants » qui ne vivent pas mais mâche et remâche les créations des autres et du passé, faisant preuve d?un attachement crispé à ce qui est vieilli, « prêt à tomber en poussière », des « manuels de chair et d?os » qui ne vivent pas, ne font advenir aucune nouveauté.   b)     un homme inculte = la vie affirmée Par conséquent, un homme inculte est un homme qui n?a pas de temps ou d?énergie à consacrer à l?acquisition de connaissance qui ne lui sont d?aucune utilité pour agir. Pour Nietzsche, un homme inculte serait donc un homme dont la vie ne dépend pas de la pensée : l?instinct ne raisonne pas. Du coup, il est un homme au sens où il est pleinement nature, (il est corps), mais il n?est plus un homme si l?on considère que « l?humain » = le propre d?un animal qui se regarde agir mais en ayant perdu la force d?agir = entrave à la puissance.   Transition : ·         Puisque les hommes cultivés, ces intellectuels affichant des airs supérieurs, « se donnent des allures de médecins alors qu?ils se comportent en empoisonneurs », il convient, au contraire de soutenir la valeur de l?homme inculte ; le seul fait de se demander s?il est encore un homme traduit une certaine méfiance vis-à-vis de ce qui s?affirme sans réflexion, sans esprit et donc un soupçon vis-à-vis de la vie elle-même. ·         Or, l?intérêt de la thèse nietzschéenne : remettre à leur place les donneurs de leçons et montrer que la condamnation ou le mépris de l?homme inculte peut aussi dissimuler du ressentiment à l?égard de la vitalité qui s?affirme dans l?absence de culture (en particulier celle, ultra spécialisée, promue par les universitaires) ·         Cependant, en considérant que l?« humain », ce « trop » dénoncé par Nietzsche, est refus de l?animalité, il est alors aussitôt liberté à l?égard des nécessités naturelles : là où l?animal vît selon ses besoins, l?homme a des désirs. Par conséquent, un homme inculte est-il encore un homme au sens plein (c?est-à-dire libre) ?   2-      Un homme inculte, étant asservi aux nécessités de la vie, est déshumanisé   a)      La culture apparaît quand nos besoin sont satisfaits On admet volontiers que la culture (production d??uvres d?art, musique et littérature, pratiques religieuses ?) ne sont d?aucune utilité vitale : elle ne répond à aucun besoin humain mais est produit de son désir. En effet, les phénomènes culturels apparaissent dès que l?homme est délivré des nécessités de la vie, quand il a acquis un certain confort matériel lui laissant du temps libre. Du coup, c?est sans doute la pauvreté qui est à l?origine de l?absence de culture chez certains individus : un homme inculte est d?abord un homme qui ne dispose pas de temps libre.

« phénomènes culturels apparaissent dès que l'homme est délivré des nécessités de la vie, quand il a acquis uncertain confort matériel lui laissant du temps libre. Du coup, c'est sans doute la pauvreté qui est à l'origine de l'absence de culture chez certains individus : un homme inculte est d'abord un homme qui ne dispose pas de temps libre. Et ce temps est hors de sa portée puisque l'essentiel est consacré au travail, c'est-à-dire au moyen de gagner suffisamment d'argent pour satisfaire sesbesoins physiques (logement, hygiène et nourriture).

b) la pauvreté est déshumanisante Hannah Arendt parle ainsi d'un « pouvoir déshumanisant » de la pauvreté : « la pauvreté est avilissante parce qu'elle place les hommes sous les ordres de leur corps, c'est-à-dire sous l'autorité absolue de la nécessité » (Essai sur la révolution ).

Il y aurait donc incompatibilité entre la liberté et la misère , entre la culture et la pauvreté (c'est cette idée qui est à la base de la pensée de Marx au travers des concepts d'exploitation et d'aliénation :l'homme asservis est rendu autre, étranger à lui-même) D'où l'idée commune selon laquelle l'homme cultivé est avant tout l'homme riche, libéré de la nécessité du processus vital.

Cependant, un homme inculte est-il nécessairement un homme issu de milieux défavorisés ? Ne peut-on trouver un homme inculte chez les plus riches ? 3- UN HOMME INCULTE N 'EST PLUS QU 'UN ANIMAL LABORANS a) Effet pervers de l'assimilation de la culture à la richesse Nietzsche dénonce en ces termes l'effet pervers qu'il y a à assimiler culture et argent : le riche « peut prendre le masque de la culture et de l'art : il peut acheter ce masque.

Par là il éveille l'envie des plus pauvres et des illettrés — qui jalousent en somme toujours l' « éducation » et qui ne voient pas que celle-ci n'est qu'un masque— et il prépare ainsi peu à peu un bouleversement social : car la brutalité sous un vernis de luxe, la vantardisecomédien, par quoi le riche fait étalage de ses « jouissances de civilisé » évoquent, chez le pauvre, l'idée quel'argent seul importe » ( Humain trop humain , Opinions et sentences mêlées , §310).

Du coup, la fortune est paradoxalement « un danger publique » et non gage de culture.

Elle est à l'opposé de la démarche de l'hommed'esprit, l'intellectuel véritable qui n'a que faire de l'argent et de la richesse ; une « modeste aisance lui suffit ».C'est l'imbécillité, la pauvreté intellectuelle qui transforme cet humilité en étalage indécent, masque baptiséefallacieusement « culture » ; l'argent aux mains des imbéciles devient forcément fortune inutile et étalage de luxequi n'a au fond rien de culturel, de spirituel. Pour Nietzsche, un ordre social stable devrait tenir compte du fait que « seul devrait posséder celui qui a de l'esprit ».

C'est parce que seuls des imbéciles veulent être fortunés et le sont que la culture paraît un privilège, alors que l'esprit seul est un et c'est lui qu'il faut envier.

Cette précision étant faite, que signifie alors que la culture soit le privilège de l'esprit ? quelle conséquence pour l'homme inculte ? b) la culture comme production de biens non périssables et construction d'un mondeproprement humain. Pour les Grecs, la culture est réservée à une aristocratie méritante : la culture est loisir non au sens de divertissement plus ou moins lié à l'argent, mais au sens de scolè : étude.

C'est en ce sens qu'un homme inculte est quelqu'un au goût grossier, frustre, « barbare » ( = non grec) et pas seulement l'ignorant ou l'imbécile.

Un hommeinculte est un être qui n'étudie pas et qui en cela ne témoigne d'aucun penchant pour l'effort et la patience propre àla pensée. Tel est donc l'intérêt de la relation entre la culture et le fait d'être homme qui sous-tend notre problème de départ : se demander si un homme inculte est encore un homme revient à se demander si une vie, sans l'étude et la pensée, a encore un sens . Or le sens d'une vie n'est pas réductible à sa seule utilité.

Comme le remarque Hannah Arendt il faut distinguer parmi les activités humaines, celles qui sont productrices d'objets de consommation et celles qui sontcréatrices d' ŒUVRES : seules ces dernières sont réellement des fabrications, engendrement d'objets présentant une certaine permanence, création où le produit est « une fin en soi , une entité indépendante et durable douée d'une existence propre » ( La condition de l'homme moderne ).

Ainsi la permanence de l'objet culturel n'est menacée ni par l'utilité ou l'usage qui est aussi usure, ni par l'égalisation de l'échange (ainsi les œuvres d'art sont de tous les objets tangibles « les plus intensément du monde »).

C'est de cela que se prive un homme inculte en restant limité à une sphère d'objets qui n'ont pas la capacité de « donner à l'artifice humain la stabilité, la solidité qui,seuls, lui permettent d'héberger cette instable et mortelle créature, l'homme ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles