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Travail et liberté sont-ils antinomiques ?

Publié le 17/11/2009

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travail

Travail contrainte, châtiment de Dieu, travail douleur (cf. son étymologie)  Travail contraire à la pente naturelle de l'homme: l'oisiveté; cf. Rousseau : le travail est une malédiction naturelle dont les hommes auraient pu se passer  Antiquité grecque: le travail est une activité« servile «, d'esclave et ne fait l'objet que du mépris. Les hommes « libres« ne travaillent pas, mais prennent du loisir c'est-à-dire réalisent  une œuvre.  Le présupposé de ces différents arguments repose sur l'illusion implicite d'une liberté donnée sans avoir à l'acquérir qui rejaillit sur l'idée d'une aliénation dans le travail. Or il faudrait pas oublier que dans la cité grecque, les hommes « libres« ne le sont que parce que d'autres travaillent pour eux. Ce qui explique qu'en démocratie où les hommes sont considérés égaux, c'est le droit au travail qui fonde le droit à la liberté.

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« maître, pour se définir : il perçoit dans la matière façonnée la trace de sa propre action, et découvre par son travailses propres capacités à faire.

D'autre part, c'est son activité qui modifie bien le donné naturel : le « moi »qui afaçonné l'objet révèle à l'homme sa nouvelle façon d'être.

Marx, héritant de cette dialectique de Hegel dira dans sonlivre Idéologie allemande : « On peut définir l'homme par la conscience par les sentiments, et par tout ce que l'onvoudra.

Lui-même se définit dans la pratique en produisant ses propres moyens d'existence ».

Le travail devientalors prioritaire dans la définition de l'homme.

C'est par là que l'homme se distingue précisément de l'animal.

Certescertains animaux « fabriquent », castors et abeilles « construisent ».

Mais cette activité est instinctive.

Marx diradans Le capital « ce qui distingue dès l'abord le plus le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'ila construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche ».

Le travail spécifiquement humain n'émergeque lorsque est en jeu la totalité de nos capacités.

Il faut imaginer et concevoir ce que l'on va produire.

L'existencede l'objet est tout d'abord un projet, quelquechose qui vient de l'homme et non l'instinct.

A partir de ce projet il fautla volonté effective de le fabriquer, de manière ordonnée, planifiée, rigoureuse.

Face à l'étymologie du terme «travail » ou de la malédiction biblique « Tu travailleras à la sueur de ton front », Hegel et Marx rétorquent que c'estpar le travail que l'homme se fait homme, passe d'une activité instinctive à une activité pensée, d'une spontanéitéanimale à une discipline rationnelle.

Cependant le travail peut de libérateur devenir aliénant dans sa formecontemporaine ou ses bienfaits peuvent être annulés s'il n'est perçu que comme un moyen d'oublier ce que noussommes. Les formes modernes de travail consistent à décomposer les opérations nécessaires à la fabrication d'un objet et àattribuer chacune d'elles à un ouvrier.

Cette forme de travail, si elle favorise la production dans des proportionsexponentielles, fait que d'une part, la conception de l'objet et son exécution deux tâches séparées, attribuées à deshommes bien distincts et d'autre part l'objet n'est plus littéralement produit par personne.

Non seulement un hommene produit plus un objet jusqu'à la fin mais on ne peut pas non plus parler de travail d'équipe dans la mesure oùl'organisation du travail est imposée de l'extérieur et que chacun exécute sa tâche isolément.

L'ouvrier estdépossédé de son travail.

Non seulement nulle fierté n'est possible, mais nulle reconnaissance ne lui sera accordée.Marx dira « le travail est extérieur à l'ouvrier, il n'est plus son bien propre mais celui d'un autre ».

L'ouvrier « modifieson corps et ruine son esprit ».

Le corps n'est plus éduqué quand il est astreint à la répétition mécanique.

Aucontraire, il est déformé, réduit à un substitut de machine.

Mais cette dégradation du corps, qui ne développe plusune habileté mais itère et réitère un même geste qui n'a plus de sens pour celui que l'exécute, est corrélative d'unabrutissement spirituel.

Il s'ensuit que la forme du travail, un travail aliéné, dépossède l'homme de son travail, leplonge et le maintient dans une sphère quasi animale, déniant, rejetant tout ce qui en fait un être humain.

Si lecapitalisme est une dégénérescence du travail, celui-ce peut aussi, si nous n'y prenons pas garde, nous empêchéde réfléchir sur nous-même et donc nous enfermer.Dominé par la nécessité du travail, l'homme ne peut plus considérer son existence que comme une activitéincessante, le travail devient le modèle de toute activité humaine, et non plus seulement la forme particulière decette dernière.

Cette « activité intarissable » ne répond plus alors à aucune nécessité vitale, mais devient uneactivité, une agitation gratuite qui procure à l'homme, un paradoxal repos.

C'est alors l'ennui de l'absence d'activitéqui le met dans un mouvement incessant, et c'est cet affairement qui, lui permettant d'échapper à lui-même, lesatisfait et calme son inquiétude.

Pascal a dit « Quand je m'y suis mis quelque fois à considérer les diversesagitations humaines et les périls et les peines où ils s'exposent, dans la cour dans la guerre, d'où naissent tant depassions, de querelles, d'entreprises hardies et souvent mauvaises, etc.…, j'ai découvert que tout le malheur del'homme vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas rester en repos dans une chambre ».

Le travail est donclibérateur mais pour que sa valeur reste intacte, il ne faut pas qu'il devienne une occupation servant à d'échapperde soi-même. Dans un premier temps, nous avons montré certains bienfaits de l'oisiveté et par là même que la liberté était peut-être de mise avec celle-ci.

Cependant nous nous sommes rendus compte que cette définition de la liberté n'étaitpas applicable à nos sociétés.

Nous nous sommes alors tournés vers une définition positive du travail.

Le philosopheEngels dans son ouvrage Anti-Dühring « La liberté consiste dans l'empire sur nous-même et sur la nature extérieure,fondée sur la connaissance des nécessités naturelles ».

Le travail est précisément l'application pratique de cetteconnaissance.

Il est le domaine de la liberté où l'homme devient comme maître et possesseur de la nature.Cependant quand il ne sert plus que des intérêts de classe, il devient le domaine de l'aliénation où l'ouvrier se perdcomme homme et devient chose dans l'acte économique de production.

De plus le travail ne doit jamais êtreconsidéré comme une agitation gratuite procurant un échappatoire.

Mais ce n'est finalement qu'à ces deuxconditions que l'on peut dire effectivement que l'homme n'est libre que lorsqu'il cesse de travailler. Corrigé réalisé par un professeur sous la forme d'un plan détaillé : Introduction :Notre vie quotidienne est séparée en deux grands moments, le moment du travail et le moment du loisir compriscomme ce moment où on est enfin libre de faire ce que l'on veut.Dans le cadre de cette division, la liberté commence où finit le travail.Cette division des « activités» produit un amalgame entre travail et contrainte, moment de loisir et liberté.

Mais cetamalgame se justifie-t-il en soi?Si aucune société ne peut contourner cette division du temps, ce partage entre une solidarité sociale qui inscrit leshommes dans le monde du travail et de la « vie », et des activités privées, est il pour autant légitime de reléguer laliberté en dehors du travail? Le travail ne pourrait il pas aussi être une « œuvre », un « loisir» au sens grec, c'est-à-dire une activité qui n'a pas sa fin hors d'elle-même mais en elle-même?. »

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