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Toutes les contraintes sociales s'opposent-elles à la liberté ?

Publié le 27/02/2008

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 La vie en société est une vie de contraintes. C'est un fait : nous devons nous plier aux lois de notre État, mais aussi aux codes de conduite qui régissent notre milieu et à un ensemble de normes qui sont la condition de notre intégration et réussite sociale. La société est bien souvent perçue comme un monstre fantomatique dont on ne sait trop d’où il vient et qui il est mais qui se présente comme le responsable de bien des maux. Si bien que se demander si toutes les contraintes sociales s’opposent à la liberté prend des accents de question de rhétorique puisqu’une contrainte est par définition quelque chose qui entrave l’action et qui est ressentie comme une limite à la liberté, si par liberté on entend capacité de faire ce que l’on veut. Néanmoins, si certaines contraintes sociales m’empêchent d’agir selon mon bon vouloir, elles empêchent également autrui de faire tout ce qu’il veut, et on peut supposer que parmi ces choses, certaines pourraient me nuire. Je ne peux voler ce que bon me semble, mais je ne peux pas non plus être  dépouillé de mes biens. Les contraintes, si elles sont les même pour tous limitent notre liberté au double sens du terme : elles définissent une frontière au-delà de laquelle on ne peut aller, mais elles dessinent également le contour du champ libre de notre action. La question essentielle est donc de savoir si toutes les contraintes sociales s’opposent à la liberté, ou si certaines d’entre elles en sont la condition.

« C.

Pierre Bourdieu a développé une théorie de l'action autour du concept d' habitus .

Cette théorie cherche à montrer que les agents sociaux développent des stratégies , fondées sur un petit nombre de dispositions acquises par socialisation , qui sont adaptées aux nécessités du monde social bien qu'elles soient inconscientes.

Par sa socialisation, puis par sa trajectoire sociale, tout individu incorpore lentement unensemble de manières de penser, sentir et agir, qui se révèlent durables.

Bourdieu pense que ces dispositionssont à l'origine des pratiques futures des individus.

L'habitus n'est pas une habitude que l'on accomplitmachinalement.

En effet, ces dispositions ressemblent davantage à la grammaire de sa langue maternelle.Grâce à cette grammaire acquise par socialisation, l'individu peut, de fait, fabriquer une infinité de phrasespour faire face à toutes les situations.

Il ne répète pas inlassablement la même phrase, comme le ferait unperroquet.

Les dispositions de l'habitus sont du même type : elles sont des schèmes de perception etd'action qui permettent à l'individu de produire un ensemble de pratiques nouvelles adaptées au monde socialoù il se trouve. III. L'État garant des libertés individuelles. A.

Nous avons donc vu que toutes les contraintes société ne s'opposent pas à la liberté d'action, mais nous avons également vu que la société impose aux individus qui la composent un ensemble de normes quichangent sa façon d'être autant que sa façon d'agir, par véritable intériorisation de ces normes.

Pourtant, ilnous semble qu'il convient à ce niveau de ne pas confondre État et société.

En effet, la société est un termebien plus vaste, qui ne comprend pas uniquement des formations politiques, mais également les familles et lesdivers cercles dans lesquels évoluent les sujets.

B.

Rousseau ouvre son Contrat Social par le constat suivant : « l'homme est né libre, et partout il est dans les fers ».

Son projet politique s'inscrit donc d'emblée dans la problématique de la liberté.

La liberté et l'amourde soi (qui implique la volonté de survivre) sont les deux caractéristiques essentielles de tout homme, avantmême la constitution d'une quelconque société et du moindre rapport avec d'autres hommes.

Or, selonRousseau le passage de la vie à l'état de nature à la vie civile ne supprime pas la liberté, bien au contraire,elle la transforme et la renforce.

Dans Le Contrat Social (livre I, chapitre 8), il écrit que « ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu'il peutatteindre ; ce qu'il gagne, c'est la liberté civile et la propriété de tout ce qu'il possède ».

En effet, en dehorsdu contrat social, la liberté de l'homme s'étend aussi loin que sa force : tout ce qu'il peut atteindre est à lui.Mais par la société civile, il accède à une liberté bien plus précieuse : la liberté morale, puisqu'il est désormaismaître de lui.

Ce qui permet à Rousseau de redéfinir la liberté : « l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite estliberté ». Conclusion Il semblerait que les contraintes sociales s'opposent effectivement à la liberté lorsque ces contraintessont illégitimes et ne sont ni comprises ni voulue par les sujets.

Mais dès lors que l'agent conçoit la société commeun tout organique dont il fait partie, qui est essentiel non seulement à sa survie, mais aussi au respect de sa liberté,alors les contraintes sociales deviennent des moments où l'on exerce sa liberté.

Mais cela ne peut reposer que surune constitution politique, c'est-à-dire sur un vivre ensemble réglé sur l'intérêt général, qui coïncide dès lors avecl'intérêt de chacun.. »

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