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Toute société est-elle nécessairement religieuse ?

Publié le 27/02/2008

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La question porte ici sur le lien qui pourrait a priori unir la société et la religion. Le mot « religion », qui signifie « relier », semble certes être apparentée à la société. Tout comme la religion, la société cherche à établir un lien entre les individus de telle sorte qu'ils puissent vivre ensemble. De la même façon que les croyants partagent leur existence autour de valeurs communes, les individus d'une société partagent les valeurs de celle-ci. Le constat est également fait qu'il y eut des religions dans toutes les sociétés, et que les religions étaient d'autant plus puissantes au moment où la société apparaissait. Mais, le terme de nécessité, employé ici sous une forme adverbiale, conduirait à penser que la religion est la condition sine qua non à la constitution d'une société. Or, est-ce vraiment le cas ? La religion s'occupe d'abord de fonder un lien entre le(s) dieu(x) et les hommes, alors que la société ne s'occupe que des relations entre les individus. Dans la religion, il est donc question d'un lien vertical, d'un rapport à une transcendance, alors que la société se préoccupe de s'ouvrir un horizon, et s'en tient aux rapports immanents à sa constitution. De la même façon, présupposer que la société dépend de la religion, c'est admettre qu'elle ne peut se constituer comme société hors des lois religieuses. Or, l'histoire et le quotidien nous montrent bien qu'il est possible de vivre dans une société émancipée du règne des lois religieuses, et ayant adoptée une Constitution qui lui est propre. Dès lors, la société a-t-elle besoin d'une transcendance qui la fonde ? Nous  chercherons la nature de ce lien qui unit société et religion tout en nous demandant comment le social et le religieux peuvent trouver leurs propres fondements.

« supportent leur sort.

« La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur.

» La religionn'est cependant pas inhérente à toute société : elle n'est indispensable qu'aux sociétés « sans cœur », aux sociétésinjustes.

Mettre en place une société qui fait fi de l'injustice, c'est donc séparer le destin de la société de celui de lareligion.

« La critique de la religion détruit les illusions de l'homme pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité commeun homme sans illusions parvenu à l'âge de raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, c'est à dire de son soleilréel.

» Toute société accomplie est donc nécessairement une société athée.

III/ La religion dépasse les différentes sociétés.

Ainsi, toute société doit se détacher de la religion pour accomplir son destin propre qui est de réaliser lebonheur de l'homme.

C'est d'ailleurs sur cette conception que se fonde l'idée de laïcité (qui, pourtant, n'est apparueque dans le contexte du christianisme).

De la même façon, les sociétés qui se laisseraient guider par les conflitsinter-religieux pourraient être menées à leur propre destruction.

Or, si les religions sont cause de conflits, il n'en estpas moins vrai que les sociétés le sont aussi.

Pourrait-on alors redéfinir le religieux de telle sorte qu'il retrouve sonsens d'unité originaire, un rôle et un destin qui lui serait propre ? Ce fût, semble-t-il, la perspective d' Epictète dans ses Entretiens .

« Si ce que les philosophes ont dit de la parenté de Dieu et des hommes est vrai, que nous reste-t-il quand on nous demande « De quelpays es-tu ? » si ce n'est de répondre, non pas, « Je suis d'Athènes ou deCorinthe », mais, comme Socrate, « Je suis du monde.

» Repensant la religioncomme un rapport de filiation entre le divin et les hommes, Epictète en vientalors à séparer radicalement le religieux de la société.

La transcendancepropre à la religion, en effet, n'a plus rien à voir avec l'horizon dans lequel unesociété décide de se mouvoir, si ce n'est la volonté d'universalité.

Lesdifférentes sociétés étant abolies dans cette perspective, le religieux réinstaure une fraternité que les conflits entre sociétés pourraient abolir.« Pourquoi donc celui qui comprend le gouvernement du monde, celui qui saitque, de toutes les familles, il n'en est point de plus grande, de plusimportante, de plus étendue que celle qui se compose des hommes et de Dieu(…) pourquoi celui-là ne dirait-il pas : « Je suis du monde.

» ? Pourquoi nedirait-il pas : « Je suis fils de Dieu.

» ? Et pourquoi craindrait-il rien de ce quiarrive parmi les hommes ? (…) et avoir Dieu pour père et pour protecteur nenous affranchirait-il pas de toute inquiétude, de toute appréhension ? » Ainsi,lorsque le religieux est détaché de la société, il surpasse les différences desreligions, mais, en plus, il accomplit son devoir propre qui est de libérerl'homme de la peur et de l'inquiétude.

Le religieux doit donc rester au-delà dessociétés pour conserver sa valeur.

Conclusion : -La religion fonde la société.-Elle en légitime également les injustices.-L'accomplissement du religieux exige le dépassement des sociétés.Toute société n'est pas nécessairement religieuse et il faut qu'il en soit ainsi pour préserver les valeurs religieusescomme les valeurs sociales.. »

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