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Toute forme de vie est-elle respectable ?

Publié le 14/11/2009

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Ainsi, nous avons vu que l’Homme, qui cherche à se convaincre qu’il est moralement bon se dit respectueux du vivant. Pourtant, dans la pratique le respect du vivant dépend de la définition du vivant que l’on considère. Mais nous avons aussi mis en évidence une échelle de valeurs de la vie qui tendrait à faire prévaloir celle de l’homme parfois au détriment des autres formes de vie.  Les progrès scientifiques en termes de manipulation de la vie posent de nouvelles questions. À savoir faut-il risquer de bouleverser le vivant dans le seul but d’améliorer la vie de l’Homme que ce soit à travers le domaine médical, alimentaire…

« Ensuite, le caractère unique de la vie implique de ne pas la supprimer.Respecter la vie c'est aussi respecter SA propre vie, c'est pourquoi le suicide est, selon la religion chrétienne, interdit.

En effet, cette doctrine considère que se suiciderest comme trahir l'amour de Dieu, c'est donc un crime.

Il ne faut pas supprimer une vie, celle d'autrui ou la sienne.

Plusieurs philosophes ont défendu le suicide,autrefois considéré comme noble, mais ce n'est pas le propos de Kant pour qui « conserver sa vie est un devoir », un devoir de la raison : on ne peut détruire sa nature,pour quelque raison que ce soit.Cependant, respecter la vie n'est-ce pas aussi lui conférer une certaine liberté ? Le sujet humain est une personne libre, digne de respect, ne peut-il pas, donc, agircomme bon lui semble même s'il désire supprimer sa vie ? Cette question épineuse en soulève une autre : l'homme ne doit pas tuer un autre homme ou lui porteratteinte, c'est cela le respecter.

Ainsi, que penser de la peine de mort ? N'est-ce pas tuer un homme à cause de ses actes sans prendre en compte le fait qu'il est un êtrevivant, humain de surcroît ? « C'est pour n'être pas la victime d'un assassin que l'on consent à mourir si on le devient », écrivait Rousseau dans Le Contrat Social.

Eneffet, cette acception résulte du pacte social qu'ont passé les individus au sein de la société Pour vivre ensemble, ils s'en sont remis à l'Etat pour recevoir en échangedes droits civils.

Cet irrespect de la vie humaine est-il alors justifié ? Cette « vie ensemble » permise par le respect mutuel de la vie, la mienne et celle d'autrui, est ce qui nous fonde en tant qu'être sociaux. Cependant, les progrès de la science soulèvent la question du respect de la vie, de ses limites, et nécessitent une définition plus précise.La personne est le contraire d'une chose : on ne peut la réduire à un instrument au service de la science.

Ainsi, « on doit traiter l'humanité en ma personne, comme encelle d'autrui, toujours en même temps comme une fin, et jamais seulement comme un moyen », dit Kant.

Aucune personne ne devrait être sacrifiée au nom de lascience.

C'est pourquoi le Code de Nuremberg a été établi dont le principe essentiel est le consentement volontaire du sujet humain. Aujourd'hui, les progrès de la science nous amènent à nous interroger sur ses limites, jusqu'où peut-on aller sans manquer de respect à la vie ? Le concept debioéthique répond en partie à ces questions et permet de jalonner la science, jalonner le respect de l'humain, de son corps comme de son âme. Ainsi, nous voyons que l'être humain doit être respecté du fait de sa nature de vivant mais aussi car cette valeur nous permet de nous définir en tant qu'être sociaux,membres d'une société, prenant part à la « vie ensemble.

De plus, les attributs de la vie font d'elle quelque chose de « sacré », d'unique, que l'on veut sauvegarder àtout prix.

Les débats actuels sur la biologie génétique posent la problème des limites de la vie, et donc du respect qui lui est dû.Le fait de respecter toute vie n'induit-il pas celui de tolérer tout ce qui a trait à la vie d'un homme ? Toutes les vies se valent-elles ? Ou le respect qui leur est dû est-ilparfois immoral ?Nous nous demanderons d'abord si ce ne sont pas plutôt nos actes qui déterminent notre vie, et donc le respect qui en découle.

Doit-on respecter une personne mêmesi ces actes sont immoraux ? Dans un second temps, nous verrons si l'on peut tout justifier au nom de la vie. N'est-ce pas plutôt ce que je fais de ma vie qui la rend respectable ? En effet, ne peut-on pas dire que ce qui détermine un individu ce sont ses actions, que ce qui définit sa vie comme vécu est bel et bien ce qu'il en a fait ? Ainsi, unhomme comme Hitler, que l'on respecte en tant qu'être vivant, est-il vraiment une personne à qui l'on doit le respect, compte tenu de la monstruosité qu'il a fait de sa vie ? Le respectque j'accorde à sa vie peut-il être le même que celui que j'accorde aux Juifs exterminés ? Le problème est le même pour les criminels, que nous avons vu ci-dessus,avec la peine de mort.

Sénèque disait que « la vie, c'est une pièce de théâtre : ce qui compte, ce n'est pas qu'elle soit longue, mais qu'elle soit bien jouée ».

Si nousconsidérons la vie en tant que vécu à partir de critères moraux, on ne peut accorder le même degré de respect à toutes les vies.Dans sa Généalogie de la morale, Nietzsche a recherché d'où viennent les termes moraux (bon, méchant, vertueux…) et a trouvé leur origine dans la réaction desesclaves face au pouvoir des maîtres, réaction animée par le ressentiment, à savoir une envie et une rancune à l'égard des maîtres.

Ainsi, selon lui, le ressentiment està l‘origine de la morale judéo-chrétienne qui a établi les notions de faute, de punition, de responsabilité, en rejetant les valeurs de la vie.

A la morale du devoir,Nietzsche oppose la morale de la volonté, la volonté de s'affirmer face à la vie. Peut-on tout justifier au nom de la vie ? Mes critères sont-ils valables pour tous ? Au nom de la vie, on a pu justifier l'égoïsme individualiste, la lutte pour la survie, la suprématie d'une « race » : le fascisme se réclame de l'élan vital, les discoursbellicistes sont souvent fondés sur l'invocation d'un péril « mortel ».

Tout se passe comme si la vie jouait le rôle de masque idéologique de la violence.

Cependant, cen'est pas parce qu'un être est vivant qu'on doit le respecter.

Selon les critères sur lesquels on s'appuie, on peut se demander si je respecte tout autant mon voisin que lelégume du potager, Sartre tout autant que Staline.L'approche écologique, dite « environnementaliste », plaide en faveur non pas du respect de la vie mais de la protection et des égards dus à tout ce qui permet une viede qualité sur terre, aujourd'hui et demain.

Ainsi, nul ne doit endommager l'environnement ni les êtres vivants qui en font partie.

De plus, on peut apporter unenuance au fait que seuls les êtres humains méritent le respect, nuance que Kant précisa lui-même.

Tout ce qui appartient à la nature est, d'une part, œuvre de Dieu, etd'autre part présente une parenté avec l'homme, surtout dans le règne animal : « on ne doit pas faire souffrir les animaux ».

Tout ce qui existe de manière singulière,et dont la disparition serait irrémédiable, a de la valeur et mérite une sorte sinon de respect, du moins de considération. Nous voyons donc le fait de respecter un homme, être vivant, est limité par ce que fait cet homme de sa vie.

Une vie amorale ne peut être considérée au même titrequ'une vie de bien, de vertu et de responsabilité. La notion de respect comme la définit Kant s'applique avant tout à la vie des êtres humains, si tant est que l'on peut définir « la vie ».

Tout ce qui existe de manièresingulière, et dont la disparition serait irrémédiable, a de la valeur et mérite une sorte sinon de respect, du moins de considération.

D'une part, les êtres vivants ontdroit au respect car ils sont l'œuvre de Dieu, d'où le « Deus sive natura » de Spinoza et d'autre part, la morale nous impose de respecter autrui, donc sa vie, et la nôtre.C'est le cas de toute personne humaine, mais aussi de la personne potentielle comme le fœtus.

Tout ce qui est singulier mérite des égards, comme tout ce qui estporteur d'une idée d'humanité, -les œuvres culturelles par exemple-, mais aussi tout ce qui est condition d'une vie authentiquement humaine.

La nature dans sonensemble et les animaux supérieurs, en particulier domestiques, sont ainsi partie prenante du « monde humain ».Cependant, le respect de la vie est aujourd'hui confronté aux problèmes ontologiques, notamment du fait des progrès de la médecine.

De plus, bien que la vie soitaffirmée depuis le judéo-christianisme comme le souverain bien d'un homme et que, de prime abord, je déclare respecter ma vie et celle des autres par acception de laloi morale, je ne peux poursuivre en disant que je respecte aussi bien Hitler –exemple d'homme qui a fait de sa vie une infamie –que toute autre personne« normale », respectueuse.Ainsi, toute vie n'est pas, par sa nature respectable : un microbe est vivant, je ne le respecte pas pour autant, un criminel était autrefois soumis à la peine de mort etsupprimer une vie n'est pas la respecter.

Ma notion de respect dépend de la morale qui m'entoure donc oui, je respecte les hommes mais non, je ne peux, moralement,avoir de la considération pour une vie qui manqua de respect à d'autres.-----------------------. »

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