Devoir de Philosophie

Toute culture est-elle nécessairement répressive ?

Publié le 28/02/2009

Extrait du document

culture

Tout d'abord, en quel sens entendre ici le mot culture? On peut partir d'un fait simple: la culture de la terre. Il y a là, à la base, quelque chose de naturelle, de donné, qui est la terre. Puis l'homme en extrait les potentialités par une pratique qui lui est propre. Ainsi, l'agriculture exploite des ressources naturelles en vue d'en acquérir un produit propre, allant parfois jusqu'à réinventer ces ressources qui lui sont données au tout départ. Peut-être pouvons-nous voir l'homme de la même manière: il y a un substrat humain à la base: l'homme est un être naturel, il appartient à l'ensemble des êtres vivants qui vivent sur terre. Mais il développe à partir de ce substrat, des facultés, des capacités qui lui sont propres, il développe des potentialités qui ne sont sont qu'en puissance en lui (comme le langage, l'art...). En ce sens, la culture est un processus commun à tout homme. Mais d'un autre côté, l'homme exploite ou réinvente sa nature de manières différentes à travers la surface du globe. Un rapide coup d'oeil sur notre planète nous entraîne rapidement à apprécier une multiplicité de cultures. La culture peut donc être vue comme un vecteur d'actualisation des facultés proprement humaine, et ce vecteur ne prend pas le même visage selon le point spatio-temporel où il s'exprime. Ce visage différent d'un point à une autre de la terre s'exprime via des connaissance qu'une société transmet et tout à la fois valorise de manière différente selon la société en question. En dernière instance, il revient à la société, sous la forme de fêtes, de cultes, parfois même de rites, d'hommage, mais aussi de systèmes éducatifs, répressifs (...) d'actualiser à travers une coloration particulière, les capacités humaines. Reste à savoir si ces procédés sociétaux sont répressifs. On peut définir également la répression comme un ensemble de mesure visant à corriger, réguler, voire supprimer les comportements en marge, en contradiction avec le système juridique positif en vigueur dans tel ou tel pays. La répression a une fonction foncièrement légale, en rapport avec la loi, et négative: elle s'exerce toujours dans l'après, elle vient sanctionner une action préalablement donnée en contradiction avec la règle de droit. On ne voit ainsi pas comment la culture, qui est un élan positif d'émancipation des possibilités humaines, pourrait coïncider analytiquement avec une répression qui est précisément négative. Comment ne pas opposer expression d'un côté et répression de l'autre?

La question du caractère répressif de la culture implique que l’on sache qui subit cette force coercitive. Or la culture peut être définie comme étant une transformation de la nature. En ce sens la victime de la culture serait la nature elle-même prise en deux sens (l’un universel l’autre particulier) non seulement le monde qui nous entoure mais aussi l’essence de l’homme, ce qu’il est en propre. La culture pourrait être identifiée à une dénaturation de l’homme et de son monde. Cependant l’être humain se distingue des autres animaux par sa faculté à être éduqué, instruit, l’éducation et l’instruction étant des facettes de la culture. En ce sens ce qui découlerait de la nature de l’homme serait en même temps la source de sa corruption, ce qui est contradictoire. D’autre part l’homme ne peut rêver de (re)trouver un certain état sauvage qui lui permettrait enfin d’être libre, car il vit et existe toujours déjà dans un groupe social où la culture est omniprésente.

Afin de répondre à cette problématique nous tâcherons dans une première étape d’expliquer dans quelle mesure il peut y avoir un conflit entre la nature et la culture. La deuxième partie aura pour fonction de réfléchir sur la place de la culture dans la nature humaine. Enfin il s’agira d’établir une dernière définition de la culture telle qu’elle nous permette de souligner son ambivalence.

 

culture

« pris à l'intérieur de pouvoir très serrés qui lui imposent des contraintes, des interdits ou des obligations » (dans Il faut sauver la société ).

Les lois civiles disciplinent le corps, elles exercent une véritable coercition sur ses postures, elles surveillent ses gestes, produisent ces comportements.

Foucault dit ainsi en ce sens dans Dits et Ecrits : « Le corps humain entre dans une machine du pouvoir qui le fouille, le désarticule et le recompose ». Cette vision de la société et de la loi qui s'y exerce est capitale.

En effet, dans cette vision foucaldienne, la loi n'estplus simplement ce qui interdit, ce qui m'empêche de l'extérieur, mais devient véritablement quelque chosed'intériorisé, une intériorisation de loi justement négative.

En effet, cette intériorisation de la loi va lui donner uneautre fonction que simplement celle d'interdire, de contraindre: elle va produire au sein même de l'individu descomportements.

D'un rôle purement négatif (interdire, exclure, empêcher), elle va devenir un mécanisme ouvert etpositif qui ne cesse de s'étendre pour créer de nouveau comportements à partir de foyer de contrôle disséminésdans la société.

La loi est partout, où que j'aille je suis cerner par leur présence.

Au point que je m'y soumet mêmeinconsciemment d'ailleurs. Mais comprenons que le point principal est ici celui-ci: alors que le rôle des institutions disciplinaires étaitessentiellement négatif dans les sociétés souveraines (interdire), celles-ci jouent désormais un rôle positif etproductif: il faut faire croître l'utilité des individus.

Par exemple, la discipline induite par les normes et lois au seind'un atelier de production, ne se contente pas de prévenir de possibles débordements individuels: elle produit desrendements plus élévés, des cadences toujours plus rapides en créant des comportements apropriés.

Or, toutes lesinstitutions disciplinaires présentent au sein de la société communiquent entre elles via le jeu des normes, des lois qui imposent leur message, leur discipline: « Quoi d'étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hopitaux qui tous ressemblent aux prisons? (...) Tandis que les établissements disciplinaires semultiplient, leurs mécanismes ont une certaine tendance à ce désinstitutionnaliser, à sortir des forteresses closesoù ils fonctionnaient » ( Surveiller et Punir ).

On saisit ainsi que la répression la plus efficace pour Foucault ne s'exprime pas de manière flagrante et bruyante, ni forcément externe d'ailleurs.

Au contraire, cette dernière peutdevenir un véritable moteur d'action, une manière tacite de contrôler l'action et d'en réguler parfaitement la marche.En ce sens, la société comme relai de la transmission culturelle, participe habilement à cette mise ne forme du sujet,à cette constitution.

Tout en actualisant chez moi certaines choses, la culture en délaisse d'autres, les limites,voire les exclue tout simplement en les marginalisant par exemple.

A partir du moment où elle construit du propre,elle construit de l'autre, du différent, soit tout ce qu'elle ne peut catégoriser habilement.

La culture de ce point devue là est foncièrement répressive. III.

Kant: Le moi nouménal permet précisément ce questionnement Ne peut-on pas imaginer cependant qu'une part de l'homme échappe à ce processus d'information? D'ailleurs, et leproblème est méthodologique, comment est-ce seulement possible de se comprendre comme entièrement déterminé?N'est-ce pas là une prise de distance par rapport à ce processus de conditionnement? Si la culture est répressive,que cette répressive n'est pas seulement réponse justement mais aussi information à partir de la genèse même dusujet, s'en rendre comte n'est-il pas déjà une preuve flagrante de l'inverse? A moins que cette prise en compte nesoit encore à son tours quelque chose de déterminé, une terrible fatalité où la culture laisse à l'homme le soin de secomprendre comme esclave sans pour autant quitter ses chaînes? Dans sa Critique de la raison pure , Kant se pose l'une des questions suivantes, qui selon lui définit en propre la philosophie: « Que puis-je savoir? ».

En effet, tout ce que l'homme voit, perçoit, il le perçoit à travers l'espace et le temps, il ne peut sortir de cette posture.

Cet arbre aubout du chemin, cette fille au pas léger dans la rue, ce chien qui jacte derrière les barreaux du portail: je les voistoujours dans l'espace et le temps.

Et c'est cela que l'on nomme phénomène: ce qu'on saisit à travers ces filtres dela perception, ces formes a priori de la sensibilité que sont l'espace et le temps.

Mais que devient cet arbre au bout du chemin une fois que je m'en éloigne? Qu'est-il en dehors de l'espace et le temps? Car si je le vois à travers cesformes a priori de la sensibilité, qu'est-il réellement en soi , et non cette fois-ci pour-moi ? Ce qu'est une chose en soi, indépendamment de ma perception, c'est ce que Kant nomme une noumène .

Or de connaissance nouménale, nous n'avons pas.

Cependant, il faut retourner le raisonnement: en effet, lorsque j'aiconscience de moi , j'en ai toujours conscience au moins à travers le temps.

Lorsque je me retourne sur moi-même, j'ai conscience de ce flux de pensées qui passe en moi, d'un déroulement d'états de pensées passant les uns dansles autres: le temps est donc impliqué dans ce passage d'un état d'esprit à un autre.

Il y a ainsi une part de moi quin'est pas phénoménale mais bien nouménale, une part que je ne perçois pas et qui subsiste en dehors du temps. Admettons que je me retrouve devant un distributeur de boisson: j'insère une pièce parce que cette canette envitrine me donne envie; elle me donne envie parce que j'ai soif; j'ai soif parce que j'ai couru il y a vingt minutes pourattraper mon bus; j'ai couru car mon réveil ce matin n'a pas sonné...

Quoique je fasse, je peux toujours remonter laséries des causes et des effets, et ce, à l'infini.

Tant est si bien que, me retrouvant face à un criminel, je peux direqu'il a eu ce geste en raison d'un certain trouble psychologique; qu'il a ce trouble de part sa mère qui le battait; ellele battait parce que...

On l'a compris, tous mes gestes peuvent s'expliquer par la séries des causes efficientes qui leprécèdent.

Je suis ce que je suis, fais ce que je fais en raison de causes qui agissent sur moi.

Tant et si bien que jene suis que le pantin des causes phénoménales qui me traversent de part en part et qui agissent sur moi.

Je meréduis à ce qu'elles me « commandent » de faire.

Mais il y a pourtant une part de moi selon Kant qui échappe à toutcela: le moi nouménal, impossible à atteindre par ce qui n'est que de l'ordre du phénomène.

Cette partie de moi peutdonc instiguer dans le monde une série de mouvement, de comportement, qui ne sont pas déterminés en amont pardes causes.

Je suis la première cause de cette série d'action que je génère dans le monde et qui échappe à touteemprise.

La liberté née précisément en l'homme à partir du fait même qu'une part de lui est transcendante.

Son. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles