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Tout est-il exprimable par le langage ?

Publié le 22/02/2012

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langage
La définition du mot langage peut nous apporter un premier élément de réponse. Le langage est défini comme étant « la faculté d'exprimer et de communiquer sa pensée au moyen de signes ». On constate que le langage se définit précisément par sa fonction d'expression, et il paraitrait donc à priori absurde de remettre en question la capacité du langage à remplir cette fonction. Pourtant, nous avons tous un jour ou l'autre fait l'expérience de ne pas « trouver nos mots »,de ne ne pas réussir à exprimer une pensée, un sentiment, etc. Cette difficulté à exprimer ne se manifeste cependant pas toujours : le plus souvent, dans notre quotidien, nous communiquons nos pensées sans difficultés, et il semblerait donc qu'il y ait certaines pensées que le langage ait plus de mal à exprimer que d'autres. La difficulté à exprimer ces pensées vient-elle bien de leur nature? Si oui, quelle est-elle? Ou est-ce le langage qui est en cause? Quelles sont ses faiblesses? Comment peut-on y palier?
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« Le langage est un système de signes.

Ce terme de signe est défini ainsi par Arnauld et Nicole dans La Logique dePort Royal : « Quand on ne regarde un certain objet que comme en représentant d'un autre, l'idée qu'on en a estune idée de signe.

» Un signe est donc un objet, un son, une forme, une image, etc.

qui désigne autre chose que luimême.Ainsi, au début du langage écrit, les hommes utilisaient un langage iconographique, c'est à dire que les signesétaient en fait des images, qui avait une ressemblance avec la chose qu'ils désignaient.

Par exemple, dans l'écriturehiéroglyphique des égyptiens, le dessin d'un cobra représente un serpent, etc.De nos jours, la quasi-totalité des langages humains sont composés de signes qui sont des symboles, c'est à direqu'il n'existe aucun lien entre le signe et la chose qu'il représente : seul un lien conventionnel, décidé arbitrairementpar les hommes, permet de relier le signe à ce qu'il représente, ou, comme les appelle Ferdinand de Saussure, le «signifiant » et le « signifié ».Ce lien conventionnel entre signifiant et signifié, cet « arbitraire du signe » comme l'appelle Saussure, peut àpremière vu être considéré comme un désavantage.

En effet, le lien conventionnel est différent d'un grouped'individu à un autre : il faut se rappeler que la fonction première du langage est la communication, et il est donclogique qu'au cours de l'Histoire, chaque groupe d'individu, autrement dit chaque peuple, ait défini son propreensemble de lien conventionnel, c'est à dire son propre langage.

Ainsi, le même signifiant, « Subir », n'a pas le mêmesens pour un espagnol et un français : pour l'un, le signifié est l'action de monter, d'augmenter, alors que pourl'autre le signifié est l'action d'endurer, de supporter quelque chose.

Le plus souvent, plus que le lien arbitraire entresignifiant et signifié, c'est le signifiant qui change.

Ainsi, le même animal, le « cheval », pourra être désigné par «caballo » ou « horse ».

Il est donc évident que si je veux communiquer avec d'autre peuple, je suis obligéd'apprendre par c½ur les nouveaux signifiants qui symbolise des signifiés que je symbolise moi même par un symboledifférent dans ma propre langue.Mais cet inconvénient est largement compensé par trois avantages considérables.

Tout d'abord, il me permet designifier des idées générales, qui me sont impossible a signifier sans le langage.

Prenons l'exemple de l'idée généraled'un « arbre », que le dictionnaire définit comme étant une « grande plante ligneuse vivace dont la tige principale,ou tronc, se ramifie en branches à partir d'une certaine hauteur ».

Si j'essaye de me le représenter mentalement, ilm'est impossible de me représenter un arbre en général, je ne peut me représenter mentalement l'idée, le conceptd'arbre, je me représenterai toujours un arbre en particulier,et aussi banal soit-il, il sera toujours particulier.

Enrevanche, grâce au mot, je peux conceptualiser l'arbre, en faire une idée générale, je peux dépasser l'individuparticulier, je peux constituer une pensée compréhensible par tous ceux qui utilise le même langage que moi.

Commele dit Rousseau dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : « il faut donc parlerpour avoir des idées générales; car sitôt que l'imagination s'arrête, l'esprit ne marche plus qu'a l'aide du discours.

»Il en va de même pour les notions abstraites, qui ne désigne véritablement aucune réalité matérielle, physique.

Leproblème de ces notions n'est pas qu'on ne peut se représenter qu'un individu particulier, mais plutôt qu'on ne peutrien se représenter du tout.

Prenons par exemple la notion de « profondeur », définie comme étant la « distanceentre le fond de quelque chose et sa surface, son entrée ».

Si l'on essaye de se représenter la profondeur, au mieuxnous nous représenterons une surface séparé par une certaine distance d'un fond, mais nous nous pouvons nousreprésenter la notion même de « profondeur ».

Seul le mot permet de désigner cette abstraction, et c'est par le motque je me représente, et que je communique, cette notion abstraite.Mais le plus grand des avantages de l' «arbitraire du signe » réside sans doute dans le fait que justement, ces lienssont arbitraires, donc créés par les hommes, et donc qu'il est tout a fait possible de créer, à l'infini, des nouveauxsignifiants selon le besoin que j'ai de désigner quelque chose par le langage.

Ainsi, par exemple, les découverteshumaines ne connaissent pas la limite du langage et peuvent être communiquée : l'Univers, de par sa nature, parexemple, ne peut être représenter dans un langage qui serait un système iconographique.

Grâce à l'arbitraire dessignes, c'est possible.

Certe, on pourra objecter que le langage est difficile à modifier, car il est ancré dans uneculture, qu'il y a un nécessaire apprentissage du signifiant nouveau, etc.

Pourtant, cet obstacle est tout relatif, onremarque que chaque années de nouveaux mots apparaissent dans notre dictionnaire, pour désigner des choses,des idées nouvelles (le concept d' « alter mondialisation » apparu récemment par exemple). Le langage humain est également défini comme étant un langage « articulé ».

Il s'oppose par là au langage desanimaux, par exemple le langage des abeilles, un langage gestuel qui n'est composé que de quelques signes qui nefonctionnent que individuellement, ce qui limite la capacité de signification.Le langage humain, lui, n'est également composé que de quelques signes, mais ces signes peuvent être assembléset structurés de telle manière qu'il est possible de former des groupes de signes, à la signification différentes, plusprécises, graduées, etc.

D'une part, l'humain est capable d'agencer ensemble des sonorités ou phonèmes pour créerdes groupes de phonèmes, c'est à dire des mots, qui auront, selon l'assemblage, un sens différents : c'est ce qu'onappelle le lexique.

D'autre part, l'humain est capable de combiner les mots ainsi créés pour établir des unités plusgrandes, les phrases.

Une fois encore, selon l'assemblage, le sens sera différent : c'est ce qu'on appelle la syntaxe.Ainsi, la phrase « le plombier attend le médecin » n'a pas le même sens que « Le médecin attend le plombier ».

Sil'on analyse la phrase, à la base, elle est constitués exactement des mêmes phonèmes, mais leur articulation estdifférentes, et donc leurs sens aussi. Nous venons donc de voir que le langage est d'une nature telle qu'il n'a a priori aucune limite dans sa capacité designifier, et que, à condition de bien le maîtriser, nous pouvons concevoir, et donc exprimer, presque n'importe queltype d'idées, de pensées : les notions abstraites, les idées générales, les descriptions précises, toutes ces idées nesont difficiles à exprimer que parce que nous n'en avons pas une conception très claire.

Et si notre conception n'estpas suffisamment claire, c'est parce qu'on ne maitrise pas suffisamment bien le langage qui nous permet de les. »

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