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Tout est-il culturel et tout se vaut-il ?

Publié le 22/02/2012

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L'homme semble être cet être culturel qui a dépassé sa condition première de naturalité. Pourtant il le demeure, mais son univers paraît de moins en moins naturel. C'est pourquoi on a coutume de dire que la culture est la seconde nature de l'homme. Mais si l'homme est cet être civilisationnelle, il n'en demeure pas moins qu'il existe un nombre important de cultures différentes qui possèdent chacune leur système de lois, de coutumes, de croyances et de lois. Or qu'est-ce qui nous permet de juger une culture à travers le prisme d'une autre. C'est donc bien la question du jugement transculturel qui est en jeu. Pourtant, si l'on peut relativiser les systèmes de lois, il n'en demeure pas moins qu'une condamnation unanime existe contre le cannibalisme ou l'inceste. Qu'est-ce à dire alors ?                Si l'homme a une double nature (1ère partie), dans un esprit de tolérance, il faut se méfier du transculturel (2nd partie) qui pourtant n'enlève pas la pertinence d'un étalon universel (3ème partie).

« Mais qu'en est-il de cette relativité de la culture ? II – La limite transculturelle a) Pour parler des relations qui s'établissent entre peuples et sociétés, nous devons aborder au début une questiondifficile : peut-on employer les mêmes critères pour juger d'actes relevant de cultures différentes ? On a souventl'impression ici que l'on n'échappe pas à un excès sans aussitôt retomber dans une autre comme le dit Todorov dansla Peur des barbares : « Celui qui croit aux jugements absolus, donc transculturels, risque de prendre pour desvaleurs universelles celles auxquelles il est habitué, de pratiquer un ethnocentrisme naïf et un dogmatisme aveugle,convaincu de détenir pour toujours le vrai et le juste.

[…] Tel est le raisonnement adopté par les idéologues de lacolonisation, hier, mais aussi, bien souvent, par les apôtres de l'ingérence démocratique ou humanitaire aujourd'hui.L'universalisme des valeurs menace alors l'idée que les populations humaines sont égales entre elles, et donc aussil'universalité de l'espèce.

[…] Charybde et Scylla du jugement transculturel, dogmatisme et nihilisme paraissentparfois inévitables ».b) Le jugement transculturel pose le problème de la vérité du jugement comme on peut voir chez Lévi-strauss dansRace et Histoire : « Etre barbare.

C'est l'autre : à l'opposition du « nous ».

[…] Les barbares sont ceux qui nient lapleine humanité des autres.

[…] L'usage du mot logos pour désigner à la fois la parole et la raison facilite cettevalorisation de la maîtrise du langage.

L'ignorance de la langue d'autrui m'empêche de le percevoir comme pleinementhumain ; et il en va de même pour lui à mon égard.

L'impuissance linguistique devient un signe d'inhumanité, et c'esten cela que sens relatif et sens absolu se touchent.

Le concept de barbarie est légitime et l'on doit pouvoir s'neservir pour désigner, en toute époque et en tout lieu, les actes et les attitudes de ceux qui, à un degré plus oumoins élevé, rejettent les autres en dehors de l'humanité, ou les jugent radicalement différents de soi, ou leurinfligent un traitement choquant.

Est civilisé, en tout temps et en tout lieu, celui qui sait reconnaître pleinementl'humanité des autres.

[…] L'idée de civilisation se confond donc en grande partie avec ce que Kant appelle le « senscommun » ou encore la « pensée élargie », c'est-à-dire la capacité de porter des jugements qui tiennent comptedes représentations propres aux autres hommes sur terre, en échappant au moins partiellement aux déformationségocentriques ou ethnocentriques ».c) Or c'est bien ce que l'on peut observer à travers le paradigme de la justice et du droit dans la mesure où chaquedroit se vaut selon le positivisme juridique.

Comme le note Hans Kelsen dans Justice et droit naturel : « Il n'y a pasde société sans droit, sans ordre juridique, c'est-à-dire sans coutumes et sans lois.

Cette armature qui protège lasociété et qui lui permet de perpétuer sa structure se nomme le droit positif.

La loi est donc d'une certaine manièrece qui permet à la communauté des citoyens de vivre ensemble dans un état pacifique.

Autrement dit, la loi est lagarantie de l'existence et de la pérennité du lien social.

La loi tend donc à rendre les individus agréables etinoffensifs entre eux en fixant des règles et des normes.

Sans l'existence de la loi, l'homme, n'étant pasnaturellement raisonnable ni usant de raison, serait en conflit permanent avec ses voisins.

Comme le dit Kelsen dansJustice et droit naturel : Le problème est de savoir d'où ce droit tire son origine et sa validité.

Certains défendent lepoint de vue de l'efficacité sans se soucier de considérations morales.

« La validité du droit positif est indépendantede son rapport avec une norme de justice ; cette affirmation constitue la différence essentielle entre la théorie dudroit naturel et le positivisme.

» Kelsen ne nie pas que les normes de justices peuvent être à l'origine du droit positifmais celles-ci contradictoires et permettent de juger le droit suivant divers critères de justice selon le juste etl'injuste, le légitime et l'illégitime.

Autrement dit, contester la légitimité d'une loi ce serait faire référence à un ordresupérieur de justice pouvant juger du droit.

Or comme Kelsen le défend dans sa Théorie pure du droit : « le droit està lui-même sa propre norme.

» En ce sens, la justice est un idéal irrationnel.

La justice en tant qu'idée a une valeurabsolue, immuable, en tout temps et en tout lieu.

Mais il est impossible d'en établir le contenu car il varie à l'infini,selon les époques, les civilisations etc.

Or le droit doit régler des conflits entre personnes ; or de ce point de vueidéal, le droit ne pourrait pas dire qui de l'un ou de l'autre a un droit supérieur à l'autre.

Les deux points de vue sonttout aussi rationnels.

Si l'on suppose un idéal de justice, le droit positif serait superflu.

L'idéal de justice estl'idéologie (théorie dominante) destinée à cacher une réalité bien désagréable.

La justice est un idéal irrationnel.Indispensable à la volonté et à l'action, elle échappe à la connaissance rationnelle et la science du droit ne peutexplorer que le domaine du droit positif.

Or la norme du droit, c'est le droit.

Le droit peut-il se passer de l'idée dejustice ? Le positivisme juridique de Kelsen considère que la norme du droit ne peut venir que du droit, et d'un autreordre qui l'excède.

Transition :Ainsi nous ne pouvons faire de jugement transculturel dans la mesure où une culture est le reflet de son histoire etde ses nécessités.

Mais cela n'exclue pas des jugements transcendantaux et universels.

III – Nullité du relativisme a) Or comme le note Lévi-Strauss dans Droit naturel et histoire : « Le droit naturel suppose le droit positif.

Le besoindu droit naturel est aussi manifeste aujourd'hui qu'il l'a été durant des siècles et même des millénaires.

Rejeter ledroit naturel revient à dire que tout droit est positif, autrement dit que le droit est déterminé exclusivement par leslégislateurs et les tribunaux des différents pays.

[…] Il y a un droit naturel talon du juste et de l'injuste pour juger ledroit positif.

Il s'agit d'un idéal de société ; certes changeant mais rien ne contredit ce changement si ce n'est unemorne habitude ».

Et il est possible ici de voir que la tragédie grecque nous fournit un contre-exemple avecAntigone de Sophocle.

En effet, dans la lutte fratricide les deux frères d'Antigone se tuent mutuellement.

OrPolynice, reconnu comme rebelle, n'a pas le droit d'après la loi de Créon, gouverneur de la cité, d'être enterré et de. »

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