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Thomas d'Aquin: La liberté s'acquiert-elle ?

Publié le 16/03/2006

Extrait du document

L'homme est libre ; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains. Pour mettre en évidence cette liberté, il faut remarquer que certains êtres agissent sans jugement, comme par exemple la pierre qui tombe ; il en est ainsi de tous les êtres privés du pouvoir de connaître. D'autres agissent d'après une appréciation, mais qui n'est pas libre ; par exemple les animaux : en voyant le loup, la brebis saisit par un discernement naturel, mais non libre, qu'il faut fuir ; en effet ce discernement est l'expression d'un instinct naturel et non d'une opération synthétique. Il en est de même pour tout discernement chez les animaux. Mais l'homme agit par jugement, car c'est par le pouvoir de connaître qu'il estime devoir fuir ou poursuivre une chose. Et puisqu'un tel jugement n'est pas l'effet d'un instinct naturel, mais un acte de synthèse qui procède de la raison, l'homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifier son action. En effet, à l'égard de ce qui est contingent, la raison peut faire des choix opposés, comme le prouvent les arguments des dialecticiens et les raisonnements des rhéteurs. Or les actions particulières sont en un sens contingentes ; aussi le jugement rationnel peut-il les apprécier diversement et n'est-il pas déterminé par un point de vue unique. Par conséquent il est nécessaire que l'homme soit doué du libre arbitre, du fait même qu'il est doué de raison.

Ce texte débute par une affirmation: "L'homme est libre", suivie de son argument: "dans quoi conseils, exhortations seraient vains". La liberté est donc présentée comme la condition nécessaire pour que soient utiles conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments. On peut reconstituer l'argument sous forme de syllogisme: pour que conseils, exhortations, etc.., soient utiles, il faut que l'homme soit libre; or ils sont utiles; donc l'homme est libre. Sur quoi se fonde une telle démonstration ? Sur un constat d'expérience: de fait il y a dans les relations entre individus et plus largement dans la vie sociale échange de conseils, lorsqu'il s'agit de décider telle ou telle action, exhortation, lorsqu'on conforte quelqu'un dans ses choix, règles et interdits, pour prévenir tout acte qui nuirait à autrui, récompense et châtiments pour sanctionner les mérites.

« l'homme est libre.

Sur quoi se fonde une telle démonstration ? Sur un constat d'expérience: de fait il y a dans lesrelations entre individus et plus largement dans la vie sociale échange de conseils, lorsqu'il s'agit de décider telle outelle action, exhortation, lorsqu'on conforte quelqu'un dans ses choix, règles et interdits, pour prévenir tout acte quinuirait à autrui, récompense et châtiments pour sanctionner les mérites.Il faut encore montrer rationnellement comment relient l'affirmation et l'argument.

C'est l'objet de la seconde partiedu texte, et l'objectif de l'auteur lorsqu'il "veut mettre en évidence cette liberté".

Pour ce faire, il distingue 3 typesd'actions correspondant à 3 types d'êtres.

les premiers sont des êtres privés du "pouvoir de connaître", ils sont donc"sans discernement", cad sans savoir l'action qu'ils font.

L'exemple présenté est celui de la pierre qui tombe.Effectivement, la pierre est soumise aux conditions et aux lois physiques, son action est totalement déterminé.Les deuxièmes sont doués de discernement, cad de jugement et d'un pouvoir de connaître.

Mais leur discernementest non libre en ce sens que leur jugement est "l'expression d'un instinct naturel".

L'instinct désigne la capacité des'adapter à une situation, capacité inscrite dans la nature de l'être et fonctionnant mécaniquement.

L'exempledonné par l'auteur est celui de la brebis qui fuit devant le loup.

sa réaction suppose jugement: elle "juge bon defuir", mais un jugement et un discernement non libres.

En généralisant, on peut dire qu'il en est de même de tous lesanimaux.En fin les troisièmes sont les hommes.

La présentation en est faite selon une progression remarquable.

D'abordl'homme agit par jugement parce qu'il est doué du "pouvoir de connaître".

A ce point on peut l'assimiler au genreanimal.

Puis l'auteur introduit la "différence spécifique", le caractère par lequel l'espèce humaine se différencie dugenre animal.

Le jugement de l'homme n'est pas l' "effet de l'instinct naturel", mais "un acte qui procède de laraison".

La distinction entre "effet" et "acte" mérite d'être soulignée.

Un "effet" est la suite mécanique d'une cause;la cause étant ici une manifestation des lois naturelles, celles du comportement instinctif.

L'être qui agit par "effet"reste passif dans l'opération de connaissance.

Au contraire, un "acte" est posé par un sujet acteur, actif, qui al'initiative, capable de décider et de s'engager, ce dernier caractère étant compris dans le mot "raisin".

Conséquencede ce caractère propre à l'homme: son jugement est libre, cad non dicté mécaniquement par sa nature animale.Ainsi, devant une situation, l'homme est capable d'envisager plusieurs décisions possibles, de varier ses réactionsselon un jugement raisonnable et libre. .../... Le texte étant étudié dans son organisation logique et les idées étant expliquées, montrer enfin ce qui en faitl'unité.

La difficulté de ce texte, semble-t-il, réside en ce point.

En effet, quel rapport y a-t-il entre la conclusion :la capacité de diversifier son action, et le début du texte, c'est-à-dire ce que l'on a présenté comme l'argument.

Aquoi serviraient les conseils et les encouragements, si l'homme n'était pas capable d'hésiter entre des choixdifférents'? A quoi serviraient les préceptes et les interdits si l'homme n'était pas capable d'envisager d'autresactions que celles qui sont prescrites ou interdites ? Quel sens aurait une sanction, positive ou négative, si l'hommen'était pas capable de choisir, entre plusieurs actions possibles, la meilleure ou la pire ? Le lien entre l'affirmation dela liberté de l'homme et l'argument, l'utilité des conseils, préceptes et sanctions, étant établi, le texteest compris.Mettre en lumière ce qui est original dans l'argumentation de l'auteur.

Ce qui est séduisant dans ce texte, c'est quel'argument est emprunté à l'expérience courante.

Qui n'a pas reçu ou donné de conseils, qui n'a pas conscience deslois, qui n'a pas été sanctionné ?Poser quelques questions critiques.

Pourtant suffit-il d'analyser les conditions qui rendent efficaces conseils, lois etsanctions, pour affirmer la liberté ? Ces conditions se résument dans la possibilité qu'a l'homme, contrairement àl'animal, de concevoir plusieurs possibilités d'agir.

Ceci relève de son intelligence, cela manifeste-t-il sa liberté dechoisir indépendamment de toute contrainte ou pression ? Au fond l'argument ne fonctionne-t-il pas sur le principedu finalisme, qui pourrait se traduire ainsi : pourquoi la nature aurait-elle doué l'homme d'intelligence, si ce n'étaitpour qu'il puisse choisir ? On se trouve donc devant une conception ou la nature crée en vue d'une fin.

Ceci est auprincipe de la démonstration, c'était à déceler et c'est à interroger.. »

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