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TENDANCE ET CONSCIENCE SPONTANÉE ?

Publié le 09/06/2009

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conscience

On pourrait faire remonter à Maine de Biran, et même à Leibniz, l'origine d'une interprétation dynamique de la conscience. Cependant c'est à Th. Ribot que revient l'emploi du mot tendance. Il écrit en effet : « J'emploie ce mot, tendance, comme synonyme de besoins, appétits, inclinations, désirs ; il est le terme générique dont les autres sont des variétés ; il a sur eux l'avantage d'embrasser les deux aspects, psychologique et physiologique du phénomène. «  Après Ribot, Pierre Janet et Freud ont imposé la notion de tendance à la psychologie. Le premier étudie les phases d'activation de la tendance, mettant ainsi en lumière l'aspect psychique du phénomène. Ce qui est premier à la conscience, c'est le besoin, c'est-à-dire un sentiment d'insatisfaction qui revêt tous les degrés, depuis le simple malaise jusqu'à la douleur. Ainsi au fur et à mesure que notre estomac se vide, et que nos réserves nutritives s'épuisent, nous éprouvons un sentiment de faim, qui n'est que l'actualisation progressive de la tendance alimentaire. Consécutif à ce besoin, nous éprouvons une certaine tension, le sentiment d'un effort orienté vers la satisfaction du besoin. Si nous avons faim, nous allons chercher ce que nous pourrions manger. De latente, la tendance est ainsi devenue parole intérieure. Renforcée, elle va devenir désir : le désir étant la représentation que le sujet se fait par l'imagination de l'objet vers lequel il tend. Enfin, quand la tendance devient action, elle va organiser un comportement. Celui-ci peut être double : je puis satisfaire une tendance par une conduite de jeu ou par un acte complet. Le jeu est une action réussie qui ne nécessite pas la mise en oeuvre de toute mon énergie psychique : ainsi l'enfant incapable de mener véritablement la vie de l'adulte, va jouer à l'adulte, se procurant ainsi une « réaction de triomphe à bon marché «. De même l'adulte imaginera toutes sortes de conduites qu'il est incapable de réaliser effectivement. Au contraire, l'acte complet correspond à la satisfaction d'une tendance valorisée par la conscience et nécessite la mobilisation de toute mon énergie.  De l'oeuvre de Freud, qui a été exposée plus haut, nous retiendrons deux indications : 1) Une tendance ne franchit pas nécessairement toutes les phases de l'activation décrite par Pierre Janet. On sait en effet que pour Freud la tendance est une force psychique fondamentalement inconsciente ; 2) Une tendance involuée ou contrariée continue à se développer suivant son énergie propre : c'est le processus du refoulement. Cette tendance se manifeste cependant à la conscience du malade sous la forme de l'angoisse ; nous pouvons définir l'angoisse comme une impulsion inefficace, qui crée un malaise spécifique qui est la seule forme consciente du refoulement. Les actes manqués, les rêves, les associations spontanées permettront au psychanalyste de remonter jusqu'à l'origine du trouble psychique.  Les travaux de Freud ont appuyé sur l'interprétation de la tendance comme source de l'affectivité. Compte tenu de la distinction qui reste nécessaire entre conscience normale et conscience morbide, c'est cette conception de la tendance que nous retrouvons dans l'oeuvre de Pradines.

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