Technique et fabrication ?

Aristote distingue trois formes d'activité humaine. La théorie, de nature purement intellectuelle, désigne une activité spéculative, synonyme de science. Elle n'engendre aucune action manifeste, et ne produit aucun objet, elle correspond à un travail intellectuel qui ne vise aucun résultat pratique. C'est une connaissance désintéressée. Elle s'oppose à la praxis qui désigne une activité intellectuelle suivie d'action. Le modèle pourrait en être l'action politique : le citoyen délibère, décide, puis agit en fonction de ses choix. A la différence de la théorie, sa réflexion s'achève par une action. La troisième activité, la « poiesis «, est une délibération suivie d'une production d'objets. Ici, le modèle est celui de l'artisan qui, à partir d'une représentation mentalement construite, aboutit à un produit fini.  C'est cette activité qui donne lieu à ce qu'Aristote nomme la « teknè «, l'art entendu au sens large de savoir-faire, dont l'artisan doit faire preuve pour atteindre son objectif. La « teknè « est une combinaison de connaissances et d'action orientée vers la production d'un objet. L'artisan n'est pas un simple exécutant, un travailleur manuel, il doit aussi concevoir ce qu'il va réaliser. Originellement, la technique apparaît comme une activité médiane entre le savoir et l'exécution, c'est bien, au sens strict, un savoir-faire.