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Suis-je vraiment ce que j'ai conscience d'être ?

Publié le 04/10/2009

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conscience

Ma subjectivité n'est-elle pas un obstacle à une connaissance objective de moi-même ? Quand je prétends me connaître, ne suis-je pas, au fond, de mauvaise foi ? Et s'il m'arrive de reconnaître en moi tel ou tel défaut, n'est-ce pas par complaisance ou pour le nier par cet acte même de sincérité ?

I.                   Je ne suis que ce que j’ai conscience d’être : une substance pensante. La conscience de soi est uniquement connaissance de mon essence

II.                Je ne peux avoir une conscience de tout ce que  je suis : mon individualité m’échappe dans la conscience que j’ai de moi

III.             Je suis autre que ce que j’ai conscience d’être

conscience

« vaine, ainsi il faut dire que je ne suis pas seulement une âme, mais union d'une âme et d'un corps.

En cesens, mon être va dépasser ma capacité à connaître, en tant que mon âme agit sur mon corps et mon corpssur mon âme, je ne puis avoir conscience et donc connaître tout ce qui se passe en moi.

L'âme pourentreprendre d'agir sur le corps doit avoir conscience de son rapport avec lui, mais elle n'a pas consciencedu détail des organes sur lesquels son action va s'exercer.

Il se passe des choses en moi, dont je n'ai pasl'exacte connaissance.

Par exemple, les opérations par lesquelles mon âme commande à mon bras d'écrire mesont inconnues. Je ne suis pas, à moi-même transparent. En somme, dans le cogito, je suis ce que j'ai conscience d'être.

De plus, de la nature pensante de mon âme, ilsuit que je ne saurais cesser de penser sans cesser d'exister – s'il me semble qu'il y a en moi des momentssans pensée, il faut dire que l'interruption est en fait dans le souvenir de mes pensées et non dans les penséeselles-mêmes – et que toutes mes pensées sont en droit connaissables. Mais je me connais en tant que sujet de raison, identique à tout autre, et je ne me connaît pas en tant qu'individu, différent de tout autre.

Mon moi empirique ne m'est pas connu, dans le cogito, d'abord pour cettesimple raison qu'il engage l'existence d'un corps et du monde extérieur dont je doute encore.

Mais il faut direqu'une fois ces éléments retrouvés et garantis par la véracité divine, il reste cette opacité de l'union que jeforme avec mon corps : la conscience est conscience de cette union, mais non pas connaissance. Pourtant, on a le sentiment interne de se connaître, de savoir qui l'on est et que cela se découvre dans une introspection, dans une réflexion sur soi-même.

il faut donc chercher à savoir si ce qui fait mon identitépropre, mon individualité, ma personnalité ne peut pas l'être connu par simple conscience de soi. II.

Je ne peux avoir une conscience de tout ce que je suis : mon individualité m'échappe dans la conscience que j'ai de moi Bergson, Le Rire : ce qui arrive à la conscience n'est pas ce que je suis, mais ce que le langage peut en dire ; le langage ne pouvant pas dire le singulier, tout ce qui fait ma singularité se perd dans l'énonciation, ilsuit que dans la conscience, je ne peux me connaître comme sujet singulier, mon individualité, ce qui fait mapersonnalité m'échappe.

« Quand nous éprouvons de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeuxou tristes, est-ce bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille nuances fugitiveset les milles résonances profondes qui en font quelque chose d'absolument nôtre ? »Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain : Tout ce qui se passe en mon être n'arrive pas à la conscience, j'ai des perceptions sans aperception.

Ces perceptions sont ou trop petites, ou en trop grandnombre ou trop unies.

Je ne peux donc avoir conscience de toutes mes pensées, de tout ce qui se passe enmoi.

davantage, elles sont condition de possibilité de la conscience.

Or ce sont ces petites perceptions quiconstituent mon individualité, explique mes goûts et affections, mes choix apparemment les plus indéterminés.Mon individualité s'explique sur un fond d'inconscience.Si la conscience de soi ne me permet pas une connaissance de moi, peut-on aller jusqu'à dire qu'elle est méconnaissance , illusion, bref que, dans la conscience que j'ai de moi, je me méprends sur moi-même ? III. Je suis autre que ce que j'ai conscience d'être Ce que Freud énonce de plus fondamental, c'est que le sujet est inadéquat à lui-même, le sujet ne sait pas les pensées qui le déterminent, et davantage il n'en veut rien savoir, si bien qu'il s'illusionne sur ses pensées :le sujet parlant ne sait pas ce qu'il dit et ne dit pas ce qu'il ; sait.

L'illusion de la conscience se manifeste parexemple dans la procédure de dénégation par laquelle un sujet, tout en formulant un de ses désirs ou penséesrefoulés, continue à s'en défendre en niant qu'ils lui appartiennent.

Du point de vue de la conscience, cettenégation est sincère, c'est en ce sens que le sujet ne sait pas ce qu'il dit. Au fond, c'est donc toute une part de nous-même qui nous échappe.

La thèse de Freud, qu'il énonce dans Essais de psychanalyse, c'est que « la nature de l'homme déborde largement, dans le bien comme dansle mal, ce qu'il croit sur lui-même, c'est-à-dire ce qui est connu de son moi par la perception de laconscience.

» Ce que dit la psychanalyse, c'est que, d'une part, l'on est beaucoup plus immoral qu'on ne le croit.

En effet, de définition on ignore les désirs inacceptables que l'on refoule.

Mais il faut encore ajouter, d'autrepart, que l'on est aussi beaucoup plus moral qu'on ne le sait, car le sentiment de culpabilité est en grandepartie inconscient.

En effet, Freud avance pour expliquer le paradoxe que « l'hypothèse qu'une grande partiedu sentiment de culpabilité doit être normalement inconsciente puisque la formation de la conscience moraleest intimement liée au complexe d'Œdipe qui appartient à l'inconscient.

» Il suit que je ne suis pas maître dans ma propre maison, que dans la conscience que j'ai de moi, je ne cesse de me méprendre sur moi-même.

Si je suis autre que ce que j'ai conscience d'être, c'est parce qu'aufond, mon être se constitue des effets d'une parole que je ne maîtrise pas, le Discours de l'Autre :« l'inconscient est la somme des effets de la parole sur un sujet, à ce niveau où le sujet se constitue deseffets du signifiant » écrit Lacan.

Tout ce qui constitue l'être même du sujet, c'est ce qu'il a oublié de sonhistoire, des événements qu'il a vécu, des pensées et des sentiments qui l'on constitué et qui continuent dele constituer. En somme, il faut dire que « là où je pense je ne suis pas, là où je suis, je ne pense pas ».

En effet, ce que je pense de moi ne correspond pas à ce que je suis, puisque je ne sais pas ce que je dis, je meméprends sur moi-même, et par ailleurs j'ignore ce qui me constitue, ce qui me détermine, j'ignore ce que jesuis, donc là où je suis, je ne pense pas.Mais il faut ajouter qu'il n'est pas impossible que je me connaisse davantage, c'est-à-dire sans toujours me. »

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