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Suffit-il être certain pour être dans le vrai ?

Publié le 02/11/2009

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La question suggère que le fait d'être certain a pour conséquence « d'être dans le vrai «, c'est-à-dire de dire la vérité ou de l'approcher. A l'inverse, si cette relation est vraie, alors ne pas être dans le vrai, c'est-à-dire dire ou penser ce qui est faux, devrait engendrer de l'incertitude, du doute. Le seul fait de l'erreur montre combien cette seconde relation est fausse, ce qui doit conduire pour le moins à discuter la première. Peut-être faut-il distinguer deux types de certitude. En premier lieu, une certitude purement subjective : il s'agit alors de l'impression plus ou moins fondée, mais en tout cas invincible, de détenir la vérité. La certitude est alors une conviction subjective. Et un autre type de certitude : il s'agit alors du savoir que ce que l'on dit est vrai, savoir qui peut s'accompagner d'une conviction subjective, sans doute, mais cette fois, elle est fondée. Selon toute apparence, ces deux types de certitude entraînent des réponses diamétralement opposées à la question. Pourtant, cela ne laisse pas de poser un problème. Si l'on se place du point de vue du sujet qui éprouve le sentiment de certitude, comment faire la différence entre les deux ? La conviction subjective s'accompagne de la conviction qu'elle est fondée - même si cette seconde conviction est en réalité illusoire. Si l'on ne peut faire la différence, comment savoir alors si ce que l'on croit est ou non vrai ? Suffit-il de ne pas céder à la certitude ? Après tout, il y a une différence objective : ce qui fonde la certitude, et il doit être possible de voir si une croyance est fermement établie ou non. Mais cela suppose de douter de la conviction que l'on examine ; ce qui signifie ne plus en être certain. Il se pourrait donc que la certitude soit une forme de piège pour le sujet, en ce qu'elle le tromperait, en le portant à croire qu'il suffit d'être certain pour être dans le vrai (parce qu'on ne peut sortir de la certitude) alors qu'en réalité, il n'en est rien. Toute la question est alors de savoir par quoi on peut remplacer la certitude.

« certains, ni même évidents : il faut et il suffit qu'ils soient admis - et pour cela il faut et il suffit qu'ils ne soient pascontradictoires.

Il n'est pas question de dire que les mathématiques ne sont pas certaines parce que les axiomes neseraient pas démontrés : ils sont donnés (attention en mathématiques, une hypothèse n'est pas une conjecture).Mais il ne faut attendre de certitude dans toutes les sciences -il se pourrait même que les mathématiques soientsous cet aspect un cas à part.

Ce qui sert de preuve essentielle en physique est l'expérimentation.

Or uneexpérimentation est toujours discutable : non seulement on peut discuter les conditions de sa réalisation, maiségalement l'interprétation des résultats qu'elle produit.

De façon générale, une expérimentation ne démontre pas lavérité ou la fausseté d'une hypothèse de façon absolue (on vérifie toujours plus d'une hypothèse à la fois).

Cela nesignifie pas que tout soit admissible.

En particulier, l'expérimentation reste une exigence minimale de preuve : il fautque qu'une théorie résiste à des mises en cause (et si l'on affirme l'existence d'un objet que l'on ne parvient pas àmettre en évidence, alors on ne peut admettre l'existence de l'objet en question, car il n'y a pas le moindre débutde commencement de preuve - dire que les expérimentations peuvent manquer n'est alors que le refuge d'une formede mauvaise foi, surtout quand elles manquent systématiquement et que la théorie testée est par ailleurs discutable: il y a un sens à dire que ies fantômes n'existent pas, car on n'a pas de raisons de dire qu'ils existent, nithéoriques, ni expérimentales ; ce n'est pas le cas des particules hypothétiques de la physique : leur existence n'estpas validées expérimentalement pour certaines d'entre elles, mais une théorie par ailleurs bien établie en préditl'existence).

En ce cas, il n'y a pas de véritable certitude (objectivement fondée, absolue) à attendre, ni même àdésirer : la savoir est révisable.

C'est sans doute la condition de son objectivité.

A la limite, il faut refuser lacertitude - c'est encore le moyen le plus sûr de ne pas être pris à son piège.

Avoir l'esprit scientifique, c'est êtrecapable de voir les problèmes qui se posent ; ou plutôt, c'est être capable de poser des problèmes, c'est-à-dire derefuser évidence et certitude.

Nécessité de la certitude Pourtant, il n'est pas si évident que l'on puisse se défaire de la certitude.

Refuser d'être certain ne peut se décréteren toute généralité, sinon à titre de méthode.

Mais on ne peut se débarrasser de l'impression de certitude seulementen décidant qu'on veut le faire.

En premier lieu, la certitude a un sens pratique - et l'on entend par là la convictiontoute subjective que ce que l'on croit est vrai.

Il est impossible de douter de tout ce qui est théoriquement douteux: il faut bien vivre.

Sans doute les sens nous trompent-ils et ne nous disent pas ce que sont les choses en elles-mêmes ; mais chercher à toujours savoir ce que sont ces choses rendrait la vie impossible, pour des raisons assezévidentes.

On peut même aller plus loin, et cela permet de comprendre la difficulté que pose la certitude à quicherche la vérité.

Gardons l'exemple des sens, mais cela vaut de toutes les formes de raisonnement spontanés etdouteux : ils doivent bien être fiables en un sens, c'est-à-dire nous dire effectivement quelque chose du monde,sans quoi nous ne serions pas là pour en parler.

Autrement dit, il se pourrait que cet état trompeur du sujet qui croitsavoir soit aussi une condition de la survie : l'état de croyance est une condition de l'action (quelqu'un qui ne croitpas ne fait rien).

Or rien n'indique que l'espèce humaine soit faite pour connaître la vérité ; d'un strict point de vuebiologique, c'est une espèce comme les autres, dont le seul but, si l'on peut dire, est sa perpétuation.

Et pour cela,rien ne prouve que la connaissance de ta vérité soit une bonne stratégie.

Des états de croyance plus ou moinsvéridiques pourraient être plus efficaces, même s'il y a des erreurs (parce que la correction des erreurs coûte cherd'un point de vue biologique, en énergie ou en temps : cela fait courir un risque.Mais si réellement ce sentiment decertitude, condition de la survie, est ancré en nous, on comprend combien il peut être difficile d'aller à sonencontre.

Ce n'est pas rédhibitoire.

Et les succès de la science nous montrent que ce doit être possible.

On l'a dit,pour douter, il faut une raison de douter, c'est-à-dire que la certitude n'en soit plus une.

Pour un sujet isolé, c'estsans doute chose difficile.

Mais justement, nous ne sommes pas isolés à un moment du temps.

Il nous est possiblede comparer ce que nous croyons avec ce que d'autres croient, qu'ils soient nos contemporains ou non.

Ladifférence dans les croyances sincères est une bonne raison de douter.

Cette différence ne dit pas qui a raison etqui a tort ; elle dit que tout le monde ne peut avoir raison en même temps.

C'est une excellente raison decommencer la recherche.

Le paradoxe est donc le suivant : la certitude est un obstacle à la recherche de la vérité.Mais elle est en même temps ce qui lui donne sa nécessaire impulsion.

La solution n'en est pas bien compliquée.

Ilfaut cesser de croire que l'effort vers l'objectivité est individuel ; ce n'est être qu'un effet collectif, liée àl'organisation publique du savoir, qui permet de confronter les diverses subjectivités et de faire naître ainsi doute etrecherche.

On ne peut guère se passer de la certitude, quand bien même on le devrait.

Mais ce n'est pas forcément le signe del'impossibilité de la science et du savoir en général.

En fait, c'est un obstacle que si l'on considère que le savoir estune entreprise individuelle, supposant que chacun puisse faire absolument preuve d'objectivité.

Ceci estparfaitement illusoire.

Ce pourquoi le savoir ne peut être qu'une construction collective.

Sans doute cetteconstruction n'atteint pas toute la certitude que l'on souhaite.

C'est aussi que ce n'est pas son but : connaître, cen'est pas être certain, au contraire, c'est peut-être d'abord savoir ce qui n'est pas certain. Sujet désiré en échange :Existe-t-il des vérités éternelles ?. »

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