Devoir de Philosophie

Suffit-il de bien raisonner pour agir raisonnablement ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Suffit-il de bien raisonner pour agir raisonnablement ?

« Celui qui raisonne juste en arrive donc toujours à tirer des conclusions raisonnables, c'est-à-dire conformes aubon sens et à la morale.

Socrate dit dans le dialogue du Ménon écrit par Platon que « nul n'est méchant volontairement ».

Autrement dit, si l'on raisonnait bien, on agirait toujours raisonnablement, et le mal ne peutêtre qu'une erreur.

Cette affirmation pourrait être prise comme une preuve de grande naïveté de la part deSocrate, pourtant, il en est tout autrement.

Elle s'explique par le fait que pour Socrate, faire le bien, c'est sefaire du bien, tandis que faire le mal, c'est se faire du mal, puisque cela revient à faire de soi un être mauvais. B. C'est pourquoi Socrate peut affirmer qu'il préfère subir l'injustice plutôt de la commettre : celui qui commet uneinjustice fait une victime, le tiers lésé, mais devient sa propre victime, car il se fait du mal par la mêmeoccasion.

Cette sentence, au-delà de ses aspects naïfs et dogmatique, nous révèle en fait la conception de lamorale selon Socrate : celui qui fait le mal se fait du mal à lui aussi.

Celui qui fait le mal n'est donc pasrationnel : son méfait ne peut être dû qu'à une défaillance de la raison, qui n'a pas compris que ce qu'il faisaitétait mal, ou pire, qui n'a pas compris qu'en agissant de façon immorale, il était la première victime de sonméfait. C. Le hiatus du raisonnement et de l'action. III. Pourtant, dans le raisonnement de Socrate, quelque chose semble être considéré comme acquis : que nosactions soient calquées entièrement sur nos pensées, et que celui qui voit où est le bien et voit où est le malchoisisse toujours le bien.

Penser raisonnablement est une chose, et agir raisonnablement en est une autre.L'action n'est pas la conséquence directe de notre réflexion, et il y a parfois dans le passage à l'acte desimpératifs, des enjeux, que la raison ne suffit pas à expliquer.

N'y a-t-il pas quelque chose en nous qui résiste,qui est « plus fort que nous » et nous empêche de suivre la voix la plus raisonnable alors même que nous laconnaissons ? A. Le personnage de Phèdre dans la pièce éponyme de Racine illustre bien ce que peut être le dédoublement decelui qui sait ce qu'il serait raisonnable de faire et fait pourtant le contraire.

Phèdre, la femme de Thésée, roid'Athènes, aime Hippolyte, le fils que Thésée a eu d'un précédent mariage.

Phèdre sait combien son amour estdéraisonnable : aimer un autre homme que son époux, et qui plus est le fils de celui-ci est tout ce qu'il y a deplus condamnable.

Phèdre raisonne donc bien, puisqu'elle est tout à fait consciente de ce qui est raisonnableet de ce qui ne l'est pas.

Véritable incarnation de la passion, c'est-à-dire de ce qui est subi, conformément àl'étymologie latin du terme patere , elle est comme dédoublée : à la fois consciente de ce qu'il faudrait raisonnablement faire, et à la fois impuissante face à l'impératif de ses propres sentiments. B. Déchirée entre la raison et la passion, Phèdre est lucide, et c'est d'ailleurs là qu'est tout le tragique de lapièce : impuissante, elle subit son amour et se voit courir à sa perte sans pouvoir rien faire.

La pièce de Racineest l'illustration hyperbolique de ce hiatus qui sépare notre raison de notre volonté.

Car notre agir n'est pas unsimple fruit de la raison qui évalue et calcule, mais également de tous les affects et passions, qui ont autantde poids et d'efficacité que les raisonnements, aussi corrects soient-ils. C. Conclusion En conclusion, nous pouvons dire qu'il ne suffit pas de bien raisonner pour agir raisonnablement, tout d'abord parcequ'il faudrait comprendre « bien raisonner » au sens fort et plein du terme, c'est-à-dire en y incluant aussi bien leraisonnable que le rationnel, et en faisant primer le premier sur le second.

Mais aussi parce que nos actions ne sontpas simple transposition de nos raisonnements, mais sont également de résultat de tout ce qui se joue en nous ànotre insu et qui peut aller à l'encontre du raisonnable : les affects.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles