suffit-il d'apprendre la vérité pour la connaître ?

Selon Descartes, l?analyse permet ainsi un apprentissage de la chose telle qu?elle s?apparente à la connaissance : « L?analyse montre la vraie voie par laquelle une chose a été méthodiquement inventée, et fait voir comment les effets dépendent des causes en sorte que, si le lecteur la veut suivre, et jeter les yeux soigneusement sur tout ce qu?elle contient, il n?entendra pas moins parfaitement la chose ainsi démontrée, et ne la rendra pas moins sienne, que si lui-même l?avait inventée. » (Réponses aux Secondes Objections). Seconde partie : Mais a-t-on vraiment appris la vérité si on ne la connaît pas ?   En théorisant la méthode de l?analyse, Descartes montre qu?on ne peut apprendre véritablement une connaissance sans la connaître, c?est-à-dire sans dépasser le stade de l?opinion reçue : il faut faire sienne la vérité, se l?approprier, de telle façon à ce que l?on connaisse les raisons pour lesquelles on la reçoit (voir les quatre principes de la méthode exposée dans la 2e partie du Discours de la méthode : « de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle »). Or seule l?analyse permet cette vérité évidente, claire et distincte, de la chose, qui tranche avec le statut de l?opinion. Si le statut de la vérité doit dépasser celui de l?opinion, qui demeure simplement probable parce qu?elle ne peut exposer les raisons qui la fonde, alors apprendre une vérité, qu?on pourra dire scientifique, par opposition à l?opinion, c?est nécessairement la connaître. Cela implique-t-il qu?il suffise d?apprendre la vérité pour la connaître ?   Ce n?est pas ce que semble croire Pascal, lorsqu?il distingue entre l?analyse, comme recherche de la vérité, et la méthode géométrique, qui permet de « démontrer » la vérité « quand on la possède » et « de la discerner d?avec le faux quand on l?examine » (incipit des « Réflexions sur la géométrie en général », dans De l?esprit géométrique). Selon lui, on peut donc découvrir la vérité selon la méthode de l?analyse, mais il ne suffit pas de se faire une idée claire et distincte, d?accéder à l?évidence de la vérité, pour s?assurer de sa véracité. Or, la véritable connaissance doit être certaine de son bon droit : il faut donc, après l?avoir trouvé, l?a démontrer, afin de pouvoir la discerner d?avec le faux.